This Is Not A Love Song Festival
Live report
This Is Not A Love Song Festival Torche + Wand + Weedeater
Du 29 Mai 2015 au 31 Mai 2015 à Nîmes, France (Paloma)
Je n'aime pas les live-reports. Ne semblant destinés qu'à ceux voulant revivre un concert auquel ils ont participé ou se dégoûter de ne pas y être allé, ils ne sont que des constructions approximatives basées sur quelques moments lucides extirpés d'un taux d'alcool battant des records. Bref, parmi les masturbations de chroniqueurs bien fiers d'eux-mêmes, de leur goût et de leur pass trois jours, le live-report, c'est le ponpon.
Ça tombe bien, car je me félicite particulièrement d'être allé au This Is Not A Love Song. Pourtant, assister à une version nîmoise de Coachella – il suffisait de voir le nombre de filles avec tatouages d'ancre et de barbus à t-shirt ironique type « Rhum DMC » sur le lieu (tout de même mille fois préférable aux beaufs metalleux, ne serait-ce que pour l'odeur et le savoir-vivre) –, cela semblait un objectif au rabais pour quelqu'un comme moi, venu essentiellement en raison d'une proximité géographique acceptable avec mon domicile (traduction : c'était pas loin), un prix prenant en compte le porte-feuille de chacun (traduction : je suis pauvre mais là, ça va) et un site de la Paloma transformé pour l'occasion en vaste centre-aéré pour adultes à âge mental plus ou moins avancé (traduction : j'ai fait du cerceau devant une vidéo de training et j'étais très content de moi).
Ah, il y avait également quelques groupes de musique intéressants et, si nous allons les aborder dans quelques lignes, je tiens à passer un coup de gueule. Oui, je dénonce : pour ne pas blesser les sensibilités de certains membres de Thrashocore, je ne pourrai aborder que les formations jouant plus ou moins dans les styles présents sur notre site web. Muselé, je ne pourrai pas vous décrire comment Aquaserge et sa pop soyeuse et psychédélique m'ont fait m'imaginer vieux Parisien un peu hippie, ni comment Ariel Pink et Unknown Mortal Orchestra m'ont fait croire à la mort de la musique (le premier par son assemblage de tout ce qui est détestable dans le monde sauf chez Pitchfork, le deuxième pour avoir joué du funk avec une tête de dépressif incapable de tirer son coup : une abomination quand on parle de musique sensuelle) et encore moins vous entretenir de Foxygen, pourtant plus rock que n'importe quel groupe figurant sur ce site, grâce à son chanteur flamboyant comme un Jacob Bannon en pleine montée extatique, ses femmes chantant les chœurs de façon lascive, sauvage, céleste, constamment sexuelle et un amour visible pour Spinal Tap malgré un genre tapant plutôt dans le rock canal historique (le groupe fera mine de se battre et splitter avant son départ). Mais non, pas un mot de tout cela, cela créerait des sourcils froncés et des discussions en interne et pardon, je suis fatigué. Voici donc une compilation des groupes ayant leur place ici que j'ai pu voir durant deux belles journées (celle de vendredi étant passée à la trappe, travail oblige) :
Wand
De l'insolence. Voilà ce que nous ont présentés les Ricains de Wand, groupe entre stoner et pop psychédélique sympathiquement fourre-tout sur disque (de Bigelf à Uncle Acid And The Deadbeats en s'arrêtant chez Tame Impala, tout y passe) mais dont l'aisance à mélanger ses écoutes sur Deezer s'est révélée sur les planches. Dotée d'un son massif et limpide (une constante du festival et un vrai bonheur), la formation a fait preuve d'un charisme impressionnant sur scène, notamment grâce à son beau brun de chanteur, plein d'énergie punk et rattrapant aisément la sensation de malaise créée par son claviériste, sorte de Jake Gyllenhaal sorti de Nightcrawler angoissant de froideur. Des compositions solides, un goût prononcé pour le fuzz, les envolées acides et les vocalises blanches prenant parfois des proportions faméliques enivrantes comme un exercice de vampirisme : inutile de se demander pourquoi le public s'était déplacé en masse pour voir les créateurs de Golem. Mention spéciale pour ce passage doom metal avec leads solennelles et voix nasillarde, comme si Lord Vicar s'était invité à la fête. Quelques secondes mais qui m'ont marqué, ce qui, pour une prestation que j'allais voir par simple curiosité, est plus qu'une réussite.
Weedeater
De la blague. Ho, ne croyez pas que je dis ici des choses mesquines sur Weedeater, dont j'ai appris à apprécier le sludge simple et particulier pour cette raison (j'en reparlerai sans doute lors de ma chronique de Goliathan). La troupe menée par « Dixie » Dave Collins a montré à la Paloma l'étendue de sa bonhomie joyeusement vulgaire : entre les majeurs envoyés au public, un goulot de bouteille d'alcool fort accroché au doigt, des grimaces constantes et un batteur tellement survolté qu'il donne l'impression de sortir de Bip Bip et Coyote (taper ses cymbales avec ses pieds tout en jouant le cul assis : on appréciera la souplesse), les Ricains ont redonné leurs lettres de noblesse au sludge couillon, furieux (« Bully », grand moment punk de cette soirée), défoncé jusqu'au bord du K.O. et pourtant parfaitement content d'être là : viscéral en somme, et en toute ahem... sobriété au final, apportant la preuve que le sludge est la vie, mal foutu comme elle, absurde comme elle, bienheureux envers et contre tout.
...Sinon, faut pas déconner, noyés ainsi dans le fuzz, les titres ont eu un peu trop tendance à se ressembler les uns les autres, ce qui a dû plaire aux plus endurants mais m'a laissé parfois sur le côté.
Torche
De l'amour. J'avais quelques peurs concernant Torche qui, malgré deux derniers albums superbes (Harmonicraft et Restarter), me faisait craindre une machine trop bien huilée pour faire vraiment valoir les atouts de son stoner / pop rafraîchissant de jeunesse. Et si certains morceaux empruntés à la moins récente discographie des Floridiens ont eu ce côté « rouleau compresseur » un peu barbant, une setlist composée des meilleurs titres du quatuor (« Healer » + « Restarter » = extase dancefloor et mal de dos le lendemain) ainsi qu'une présence fondante, toute en sourires et exercices virils de gymnastique (ce bassiste-ouvrier paraissant sortir d'un groupe de musique industrielle, notamment) ont vite été rejointes par des spectateurs qui ne se sont pas contentés de ce rôle passif, y allant de leurs gorges déployées et plaisir affiché sur le visage. Torche était ce soir un groupe dominateur comme on en rencontre lors des meilleurs concerts – mais il était aussi un groupe tendre, faisant voir ce qu'il fallait d'émotion immédiate derrière ses morceaux mêlant lourdeur et énergie. Un groupe à l'image de sa musique, en résumé.
Et c'est sur cette expérience que se terminera pour moi ma venue au This Is Not A Love Song (enfin, il y aura eu quelques brefs pas de danse devant Interpol clôturant le festival mais chut, je ne dois pas en parler, souvenez-vous). Il paraît que c'est ici le moment de féliciter les organisateurs et lancer quelques big-ups mais, malgré une organisation impeccable et une ambiance de vacances, je n'ai pas envie d'envoyer des fleurs. Non, après avoir passé du temps à me remémorer ce que j'ai vécu il y a encore quelques heures, je veux juste y retourner. Décidément, je n'aime pas les live-reports.
| lkea 1 Juin 2015 - 561 lectures |
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