Âge ⱡ Total - Âge ⱡ Total
Chronique
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Voilà ce qui s’appelle se tirer une balle dans le pied : commencer une œuvre par un titre aussi imposant, altier et majestueux que « L’Armure », c’est nécessairement décevoir par la suite ! Et Âge Total n’y échappe pas, la suite donnée à ce titre fabuleux – un des meilleurs qu’il m’ait été donné d’entendre cette année – n’emmenant pas aussi loin qu’escompté, prêt que l’on devient pour le grand voyage passé ce titre.
Mais ce défaut ne veut clairement pas dire que l’on doit fait l’économie d’écouter cet album marqué par une générosité rare. Entamant directement les affaires de toutes ses forces, ce début réunissant des membres de Greyfell et Endless Floods – ainsi que d’anciens Monarch!, ce qui se ressent dans un titre comme « Metal » – se hisse aisément parmi les découvertes à retenir en cette année peu avare en excellentes sorties attachées au doom metal. En premier lieu en raison de ce premier morceau donc, mélange éthéré de
Big Business,
Dirge,
Huata ou encore
Torche, soit un sacré pataquès montrant que Âge Total possède une personnalité bien à lui. Rêveur, il dissout son doom dans un post-metal frais comme peu arrive à l’être (on pourra penser aux précieux bretons de
StoneBirds dans cette manière de jouer des codes du genre avec maîtrise et désinvolture).
« Maîtrise et désinvolture », deux mots qui vont bien à cet album parvenant à faire de son côté « patchwork » – on sent durant l’écoute l’apport de chacun à l’effort collectif – une mosaïque aux motifs limpides et originaux. L’assurance de la voix guidant l’ensemble, ébouriffante d’héroïsme (les lignes de « L’Armure » et « Metal »), n’est pas le seul pilier de cette musique semblant ne rien se refuser, sans pour autant se départir de ses racines doom : que ce soit la fuite dans l’ailleurs de « .Carré » ou encore le lourd atterrissage sur une terre lunaire de « The Songbird » (que l’artwork laisse parfaitement imaginer), les instruments portent leur amour pour le style à un rang cinématographique, paraissant narrer une histoire de science-fiction riche en rebondissements et tragédies. Une histoire où la clarté éclatante qui habite l’ensemble fait qu’on s’y brûle les yeux, la douceur marquant le démarrage de « L’Armure » n’étant qu’un moyen de nous embarquer dans un périple stellaire marqué par l’explosion et la gravité, à la fois dans sa physicalité et son propos.
En un sens, en dépit des grands écarts avec lesquels Âge Total aime jouer, on ne fait pas plus doom metal. Les quelques soucis d’équilibre que l’on peut ressentir sur ces quarante-trois minutes ne sont rien par rapport à la beauté qu’arrive à atteindre ce jeune groupe, où l’épopée se vit avec émotions et incantation d’un univers auquel il est plaisant de continuer à songer même après l’écoute. Une certaine façon de faire très française, entre majesté du trait et intimité de la déclaration. Il n’y a plus qu’à espérer que cette réunion durera, de même qu’attendre de pied ferme une sortie moins confidentielle du présent essai (pour le moment uniquement disponible en téléchargement ainsi qu’en cassette, format épuisé mais qui sera bientôt réédité). Aussi belle chose mérite d’être exposée comme sa musique le peint : en pleine lumière.
| lkea 19 Août 2021 - 1243 lectures |
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