Sorry... - All That Died Was My Innocence
Chronique
Sorry... All That Died Was My Innocence
Désolé, je ne vous aime pas… Mais désolé, je ne vous déteste pas non plus... Désolé de ne pas être une victime, même si je ne suis un bourreau non plus... Désolé… Désolé si je n’ai pas envie de mourir même si, désolé, je n’ai pas peur de mourir non plus... Désolé d’être finalement assez insignifiant, assez inutile, assez invisible, assez ennuyeux. Désolé si je peux sembler froid alors qu’en fait je suis juste cet observateur sensible aux malheurs des autres mais incapable de s’impliquer pour eux. Incapable d’aller les aider ou les soutenir parce que conscient de l’inutilité de l’être... Désolé…
Le groupe SORRY… vient de sortir son premier album. Il y crie, hurle, gémit et pleure durant trente minutes. Il dégouline de douleurs qu’il extériorise grâce au genre musical le plus évident pour y parvenir : le black dépressif suicidaire. Et il y fait appel sans la moindre finesse, en proposant même un archétype total de cette branche sombre du black metal. Ce style était surreprésenté à la fin des années 2000, à tel point que la scène s’en était retrouvée saturée, et que l’on avait l’impression de tourner en rond avec des compositions aux tics bien trop codifiés. Depuis, plus de 10 ans ont passé. Quelques groupes ont poursuivi dans cette voie, mais la mode s’est calmée. Nous avons eu VARDAN et NO POINT IN LIVING qui en étaient devenus de grands chefs de file suractifs, puis il y a eu le retour en 2020 de l’un des plus clichesques mais aussi des plus touchants : les Américains de I’M IN A COFFIN. 12 années après leur premier album, ils retrouvaient les mêmes ambiances, sous le label War Against Yourself Records. Cette écurie italienne s’est spécialisée dans les groupes tristounes, et en 2022 elle nous a réservé la bonne surprise de signer le retour de SAPAUDIA en EP. Et c’est elle qui propose donc aussi ce nouveau venu, SORRY...
C’est un véritable groupe, dans le sens où ce n’est pas un one man’s band comme beaucoup de projets qui jouent du véritable DSBM. On y retrouve 4 membres, qui appartiennent tous à d’autres formations, et qui se sont donc réunis pour créer la musique la plus représentative possible de leur style. Deux Grecs, un Italien et un Américain qui s’allient et qui font mouche. Ils utilisent tous les artifices qui ont fait leurs preuves pour rendre morose ou accompagner une dépression : des vocaux principalement pleurés, des guitares accordées bas, des riffs parfois envolés, des samples tirés de films où les protagonistes se disputent... Et bien entendu des paroles très basiques, prévisibles comme le reste. C’est exactement ce qu’on espèrait et attendait. Voici un exemple avec « Accepting Loneliness » :
« Every single person I have met makes my life harder
Every dream I had fades away and I've been lead into a deadlock
The only solution is the razor deep inside my veins
Each scar for every person I know making negativity my pleasure
I have social phobia
I am scared of relationships
I am anxious for tomorrow »
Puéril ? Je trouve au contraire que c’est parfait, parce que cela ne joue pas dans la surenchère. C’est simple et sincère, tout comme les mélodies qui fendent les ténèbres d’une manière basique mais idéale pour retranscrire la libération d’une lame tranchante...
En fait, le seul souci de cet album vient plutôt du peu de matière. Il n’y a que 5 véritables morceaux et ils font 5 minutes en moyenne. Une 6ème piste permet d’atteindre les 30 minutes de jeu, mais il s’agit d’une reprise de LIFELOVER : « Mental Central Dialog ». Un bon choix. Seulement voilà, une ou deux compositions de plus n’auraient pas été de trop... si on est resté un passionné de DSBM classique. Sinon ? Sorry...
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