Winds Of Plague - Decimate The Weak
Chronique
Winds Of Plague Decimate The Weak
»Deathcore mélodique et symphonique ? Mékeskecéksetruc ? ». Rassurez-vous chers lecteurs, je comprends aisément votre interrogation, les termes « deathcore » et « symphonique » étant en effet rarement juxtaposés. Votre expérience musicale vous suggère également de vous méfier des étiquettes, et à juste titre. Pour le coup j'aurais pu placer ici un nom de style presque aussi long que le fameux « Brutal guttural slammoshing US death metal » tant la musique de Winds Of Plague s'inspire d'un nombre important de styles différents. En effet, sur une base oscillant entre métalcore et deathcore viennent se greffer des éléments d'inspiration heavy, d'autres un peu black sympho, quelques plans death techniques ou encore franchement hardcore. Je vous ai donc épargné le « Metalcore-deathcore-heavy mélodique parfois technique aux accents black symphonique ». Evidemment dit comme ça on a un peu de mal à se représenter la bête et vous vous demandez peut-être déjà comment un tel melting pot musical peut prétendre être cohérent (certes on a déjà vu pire avec les groupes de mon cher confrère Mr Glaume mais moi je vous parle de quelque chose qui sonne bien, oui ceci était une petite taquinerie totalement gratuite).
Mais avant d'aller plus loin, de plus amples présentations s'imposent. Winds Of Plague est un groupe originaire de Californie formé en 2002 et qui officiait à ses débuts sous le patronyme de Bleak December. « Decimate the weak » et sa très belle pochette signée Monsieur Par Olofsson est le deuxième album du groupe après « A Cold Day In Hell » (certainement un hommage à Gary Moore) sorti chez Recourse Records en 2005 et passé dans nos contrées aussi inaperçu que la mort de Carlos aux Etats Unis. Ils ont par la suite tourné aux USA avec des groupes comme Bleeding Through, Suicide Silence ou Despised Icon et sont même venus traîner leurs guêtres sur notre vieux continent en 2007 en compagnie de Shai Hulud et Dead Hearts. Maintenant que vous êtes totalement intimes avec nos cinq californiens rentrons dans le vif du sujet et essayons d'expliquer pourquoi ce 8/10, qui plus est pour un groupe de deathcore !
Il est vrai, et cela ne vous aura pas échappé, que depuis quelques temps les groupes de deathcore pullulent à peu près autant que les jeunes choréo-athétosiques fans de tecktonik, à grand coup de pages myspace ; le problème principal étant de trouver, parmi toute cette ribambelle de groupes, ceux qui s'avèrent un minimum intéressants. A ce sujet je vous renvoie vers la chronique acerbe de l'album de Suicide Silence. Même si on peut très globalement classer Winds Of Plague dans cette mouvance, dès l'écoute des quelques titres dispo sur leur myspace il m'a sauté aux yeux que les californiens étaient tout sauf un énième groupe de deathcore bateau appelé à retomber aussi vite dans les oubliettes. Pourquoi ? Et bien tout simplement car la présence de ce clavier donnait à ces deux titres une ambiance tout à fait singulière et que je n'avais jamais retrouvée chez aucun autre groupe du style. J'ai donc décidé d'attendre patiemment de pouvoir écouter l'album en entier pour vérifier si oui ou non Winds Of Plague réussissait vraiment à se démarquer de ses nombreux petits camarades.
Il ne m'aura fallu qu'une seule écoute pour comprendre que la réponse à cette question était un grand « Oui ! ». Winds Of Plague enterre en effet tout ce que j'ai pu récemment entendre en matière de deathcore (au sens large), même si après une écoute de l'album dans sa globalité il apparaît évident que ce seul terme ne saurait absolument pas résumer à lui seul toute la palette musicale offerte par le groupe.
Dès l'intro de l'album, on se retrouve plongé dans une ambiance qui n'est pas sans rappeler un certain « Progenies of the great apocalypse » avec ces claviers grandiloquents et ce rythme martial. « Anthems of apocalypse » s'enchaîne avec des mélodies de guitares presque maidenesques toujours accompagnées par les mélopées de claviers omniprésentes, on retrouve ensuite la colonne métalcore/deathcore du groupe avec ce chant alternant comme souvent entre voix hurlée typée hardcore et voix gutturale (un peu à la manière d'un Trevor Strnad) ; la suite nous offre un solo mélodique absolument magnifique (ce genre de mélodie qui vous prend aux tripes), un petit break et puis « Bam ! » prends toi cette mosh part dans la face (pas originale pour un sou certes, comme toute mosh part, mais d'une lourdeur écrasante), retour ensuite à la mélodie, les nappes de clavier sont toujours là, premier blast puis de nouveau retour aux douces mélopées guitaristiques en duo (on croirait presque entendre « The Trooper » par moments), la fin de la chanson retrouve ce ton martial aux ambiances black sympho du début d'album. Cette petite description a simplement pour but de vous montrer qu'avec Winds Of Plague tout peut arriver, dans la même chanson (ici 5'46 quand même). L'ensemble de l'album couvre une palette de styles assez large et c'est également vrai pour chaque chanson, même si certaines sont plus orientées, la chanson éponyme par exemple étant l'une des plus brutales avec moult blasts mais également un gros passage purement hardcore à 1'09 avec sing along »Decimate the weak ! ». Au programme également quelques sweeps bien sentis façon Beneath The Massacre ; on retrouve même en plein milieu de l'album un titre purement hardcore (« Reloaded ») qui n'aurait pas fait tâche sur un album de Hatebreed et qui apporte un gros courant d'air frais et devrait transformer n'importe quel pit en un stand Charal sans aucun problème.
La grande originalité de Winds Of Plague vient donc essentiellement de l'utilisation de ces nappes de clavier qui trouvent vraiment leur place dans la musique du groupe comme un instrument à part entière et non pas comme un simple petit son en plus de temps en temps en fond sonore. Leurs mélodies sont en plus souvent différentes de celles des guitares et totalement complémentaires. Au final ils rajoutent vraiment une touche essentielle et très personnelle à cet album dont j'ai vraiment du mal à m'imaginer ce qu'il pourrait rendre sans ces claviers. Le deuxième atout de cet opus est tout simplement cette diversité musicale qui fait que chaque titre regorge d'ambiances différentes et leur évite de tourner en rond. Bien sûr lors des premières écoutes on peut se trouver un peu décontenancé par tous ces changements au sein d'une même chanson et d'aucun pourront reprocher au groupe de parfois passer quelque peu du coq à l'âne, ce qui n'est pas totalement faux, mais une fois l'album apprivoisé ce sentiment disparaît complètement. Le dernier point positif que j'aimerais souligner est tout bêtement le fait que les musiciens maitrisent parfaitement leur chose : que ce soit ces mélodies la plupart du temps vraiment envoûtantes, ces soli, ces parties techniques parfaites, ces blasts impeccables… bref rien à redire sur la prestation musicale en elle-même. Le groupe ayant eu de surcroît recours aux services de Tue Madsen vous vous doutez que le son envoie le pâté comme il faut avec une prod bien puissante.
2008 vient à peine de commencer et voilà déjà mon premier coup de cœur de l'année. Avec ce « Decimate The Weak » Winds Of Plague arrive sans aucun problème à distancer la plupart de la scène deathcore souvent insipide et à démontrer à tous qu'on peut encore proposer aujourd'hui quelque chose d'un minimum novateur, personnel, efficace et du coup totalement jouissif. Cet album ne devrait, je pense, pas vous laisser de marbre dans un sens comme dans l'autre : soit on adore, soit on déteste. Pour ma part vous retrouverez cet album dans la catégorie « Découvertes » de mon bilan 2008.
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