Décidément, notre petit pré hexagonal bouillonne avec une excitante intensité ces dernières années (
si si, un pré peut bouillonner, surtout s'il a été utilisé pour des cultures de pavot transgénique par le passé) !!! Parmi la myriade de bonnes choses mijotant dans cette grande marmite, voilà que, après avoir eu récemment la chance de goûter au superbe post-power-mathcore des
Cliché Boys et au bon grind old school de
Massive Charge, passant donc du coq à l'âne (
comme dirait $am, ça va bien 5 minutes la micro-zoophilie: passons aux choses sérieuses), je me retrouve avec entre les mains et les oreilles le superbe premier album de Uncolored Wishes. Ce groupe issu de la région Rhône-Alpes évolue dans un registre heavy/prog ambitieux, inventif et puissant - c'est déjà marqué en haut à droite, je sais, j'avais pas besoin de le redire mais ça m'a fait plaisir, non mais, je vous demande moi, si vous vous frottez bien comme il faut derrière les oreilles lors de la toilette du matin !?
Bon, même si certains persifleurs insinuent que j'écoute vraiment tout et n'importe quoi, je dois dire que je ne suis habituellement pas franchement du genre à avoir la truffe humide quand j'entends parler de heavy metal, encore moins si le qualificatif « prog » traîne dans ses parages immédiats. Pour tout vous dire, initialement, je pensais que ce « Worls Under Control » serait sans doute du matos pour moi après avoir lu ci et là les termes « inventif », « barré », « original » appliqués à la description de cet album, mais à la première écoute: «
Ouh là, mais ça n'avoine pas des masses ce trucs là !? » me suis-je dit … Angoisse, sueur froide … et finalement en seulement 2–3 écoutes, la suée s'est transformée en une suave humidité de contentement béat. En effet, la musique, quand c'est bon, c'est bon, quelque soit le genre pratiqué (
je me réserve bien sûr le droit de revenir sur cette affirmation péremptoire, en cas de discussion avec des tecktonikers par exemple – mais si, ils savent parler …).
Avec « World Under Control », Uncolored Wishes débarque de nulle part fort d'un album hyper ambitieux, époustouflant de maturité et riche de compos extrêmement travaillées. Bien que l'exercice soit ici quelque peu casse-gueule, prêtons-nous un instant au jeu de la description en une phrase: aux croisées d'un
Nevermore plus heavy que thrash, d'un
Dream Theater période « Train of thoughts » et d'un Savatage ne respectant plus les conventions, Uncolored Wishes crée un véritable univers musical qui – à ce qu'il me semble, sans le livret pour en juger – porte un histoire forcément riche en émotions (
on pense à l'« Operation Mindcrime » de Queensrÿche de temps à autre) qui donne lieu à une experte mise en scène où l'on capte subrepticement des pincées de
Blind Guardian, de Pink Floyd, d'arrangements classiques et de légères touches électro parfaitement dosées. Le travail sur les voix est impressionnant, les couches de chant se superposant ou alternant avec beaucoup de richesse et de variété. Marc Tari est un grand vocaliste, à la fois parfaitement dans la tradition du genre, et capable de sortir des rails quand il le faut. Le clavier apporte beaucoup à la musique du groupe, sans pour autant être un poids, les textures et les sonorités utilisées étant très variés. Le tout s'appuie enfin sur une solide colonne vertébrale rythmique heavy metal, ce qui confère à l'ensemble un label qualité « grosses guitares inside » non usurpé.
La première moitié de « World Under Control » est tout simplement fabuleuse, démarrant sur « End Of Time » et « Amazone », deux hymnes presque classiques comme on est en droit d'attendre d'un album de heavy aussi ambitieux. Les deux superstars de cet album sont néanmoins « Galleons Of The Messiah » - merveille d'inventivité heavy flamenco qui va faire pousser plus d'un « Arriba ! » dans les pits - et « Uncolored Nightmare » - morceau puissant et barré avec samples de violons et structure en vagues successives d'explosions jouissives et d'interludes inquiétantes. « Marie Stuart » est une pièce hyper-épique (
et il gagne à trèfle … oui bon bah désolé, j'arrive pas à arrêter les blagues à 3 balles …) avec cornemuses et arrangements en veux-tu en voilà, qui rapproche par moment le groupe des grosses machines
Rhapsody/
Blind Guardian. Enfin « Regression » est une sorte de B.O. instrumentale lugubre et très construite, et « Final Dance » propose une sortie Heavy/Rock boostée par un très dynamique piano rock. Dommage par contre pour l'amateur de sensations fortes que je suis que « Town Under Control » - morceau soft, épique, au refrain coloré à la André Matos - et « Whitedeath » - la sucrerie mollassonne de service - calment le jeu en plombant un peu la 2e partie de l'album… Mais je suis persuadé que ces deux morceaux raviront les plus difficiles amateurs du genre.
Bref, ce premier album m'a vraiment impressionné. La prod' manque peut-être un poil d'ampleur, mais quand on se frotte à
Blind Guardian,
Dream Theater et consort, les critères de comparaison sont forcément élevés: d'ailleurs précisons bien que la prod' actuelle est déjà excellente. On pourra éventuellement noter quelques minuscules imperfections dans certaines transitions, ou dans l'habillage de certaines parties volontairement un peu dépouillées, mais ce sera uniquement pour chipoter.
Uncolored Wishes, vous le collez sur un Nuclear Blast, vous lui donner le budget studio d'un Manowar, et nos gugusses du Sud Est vous casse la baraque. Une personnalité forte, une tendance certaine à l'expérimentation et aux constructions sophistiquées, un univers sombre, puissant et évocateur: à moins d'être totalement hermétique au genre, je ne vois pas comment on pourrait ne pas être séduit !
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