Non, Phantomsmasher n'est pas le tribute goregrind d'un fan de
Ghostbusters à ses idoles Dan Aykroyd et Bill Murray. Ce projet/groupe a d'ailleurs démarré à l'origine sous le sobriquet (
au passage les allumettes c'est tout aussi con hein …) de Atomshasher, ce qui faisait alors de l'album présent un album éponyme et le plaçait plus dans une thématique « Raphaël Nadal et la fission nucléaire » que « safari ectoplasmique en milieu urbain ».
Phantomsmasher c'est quoi alors? C'est un rassemblement d'esprits tordus qui se sont dits que ça pourrait être marrant de pratiquer un metal indus sans structures fixes, et de pousser toutes les manettes à fond pour voir si les tympans et les synapses tiendraient le choc. Ce groupe peut donc être envisagé comme une sorte de laboratoire en recherche musicale. Sauf que pour une description au plus juste, on pourra préférer les termes « sonore » ou « acoustique » à « musical », la bande à James Plotkin, maître d'œuvre de ce projet, donnant plus dans la recherche fondamentale que dans la recherche appliquée.
Premier signe qui aura alerté les connaisseurs: ces scientifiques de la saturation ont dorénavant posé leurs éprouvettes dans les locaux de Ipecac Recordings, haut centre de recherche en déconographie sonique tenu entre autre par Le Pr Mike Patton (
Fantomas, Mr Bungle, Faith No More …), ce qui promet sans erreur possible une musique à mille lieux des soupes metal/pop/core et modern thrash/HxCx sous lesquelles nos étagères croulent ces temps-ci. Et dès la touche PLAY enfoncée, plus de place au doute. On se prend aussi sec près de 38 minutes d'une décoction à base des ingrédients suivants:
---> une basse sismique aussi bourbeuse que dangereusement enfouie dans l'extrémité inférieure du spectre de perception auditif humain, ce qui donne grosso modo une sorte de «
Mortician au pays des merveilles de la Matrice »
---> une batterie tellement trafiquée que l'on croirait entendre une boîte à rythmes, dont la tendance lourde est de se perdre dans des éruptions échevelées, des blasts nombreux et déraisonnables ainsi que des singeries jazzy déstructurées, le tout dans un chaos de cyber-cymbales sur-utilisées. A noter au passage que c'est le mercenaire de service Dave Witte (
Burnt by the Sun, Municipal Waste, Discordance Axis …) qui se charge de jouer les pieuvres mécaniques ici.
---> un chant hystérique et retouché à outrance, à mi-chemin entre un Woody Wood Pecker robotique et un Mike Patton sous perfusion de champignons hallucinogènes (
en poudre hein, sinon ça nique les veines!)
---> une saturation noisy constante et déraisonnable
---> un festival de samples et autres bruitages électroniques bidi-bidipesques destinés à vous vriller le système nerveux sans ménagement
… et sinon il y a une guitare aussi, mais elle est rarement la star toute-puissante du show.
Pour le meilleur, il sort de ce générateur aléatoire de boucan un « Zanzibar » joyeux et coloré de touches exotico-tribales. Citons encore le bad trip hallucinatoire de « Thunderspit », qui ballade l'auditeur dans les méandres d'un cerveau dérangé abruti au pentothal, ou encore la longue plage reposante de « Gilgamesh », où l'on vogue au gré du flux et reflux d'un flot paresseux, bercé par le vrombissement tectonique – comme les plaques, pas comme les jeunes graisseux – de la basse de James (
attention toutefois au démarrage abrupt). Citons enfin l'excellent happy groove festif de « Very Much Want Head Return » et le début soft de « Someone is Trying to Kill Me » parmi les réussites de cet album hors norme.
Par contre pour le pire, il faut s'apprêter à affronter de looooongues minutes de n'importe nawak amusical et noisy qui sont – disons le carrément – bien gonflantes à la longue. A ce titre, le sans queue ni tête « Placebo » se loge aisément dans le trio de tête de morceaux bien pénibles, tout comme la longue et inconfortable sieste qu'est « Skull Shot », ou encore le boxon casse-bonbons de « Skitchy » … Bref, les plaisirs égoïstes de Mr Plotkin sont parfois franchement indigestes, et dans ces moments là on a vraiment hâte que la chape de chaos bruitiste s'efface pour laisser place à quelques plans sympas avec un début, un développement cohérent et une fin.
Il est clair que Phantomsmasher a le potentiel pour faire très mal (
dans le bon sens du terme cette fois). Je serais d'ailleurs curieux de voir ce que donnent les albums suivants. Espérons que le laboratoire Plotkin recentrera ses recherches vers l'étude des mutations groovy de patterns plus accrocheurs, afin de récolter éloges unanimes et fonds nécessaires à la poursuite de son travail. Quoiqu'il en soit, malgré de très bonnes choses, ce premier essai n'est pas totalement transformé ... Mais il est vrai qu'il me donne par contre rudement envie de goûter à la suite!
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