Jute Gyte - Discontinuities
Chronique
Jute Gyte Discontinuities
Alors là, chers lecteurs, autant dire qu'on va parler Mindfuck. Et pas qu'un peu, du genre improbable et carrément louche. S'il y avait une échelle du chelou, autant dire que Jute Gyte la pulvériserait haut-la-main. Pour faire simple, vous allez prendre le groupe le plus barré que vous connaissez et le multiplier par dix, voire cent. « Discontinuities » est un des nombreux disques du one-man-band américain. D'ailleurs, en terme de productivité on peut dire que le type ne chôme pas puisqu'il étale une discographie déjà longue comme le bras. Les américains sont connus pour apporter depuis quelques temps déjà une nouvelle lvision du Black Metal, comme le font certains comme Liturgy ou Botanist. D'ailleurs, si on devait rapprocher Jute Gyte d'une formation déjà existante, Botanist serait sûrement en tête de liste même s'ils font franchement figure de rigolos à côté d'Adam Kalmbach qui déroule ses compositions comme un déviant depuis plus de dix ans maintenant et qui a monté son propre label pour deux raisons qui paraissent évidentes. La première étant que personne ne sortirait la formation tant elle peut sembler tirer vers le n'importe quoi, la deuxième étant le rythme improbable des sorties du bonhomme (cinq albums en 2012, par exemple).
Vous allez me dire : « Il nous dit que c'est bizarre et tout, mais on ne sait toujours pas pourquoi ». Attendez, malheureux, j'y viens, j'y viens. Jute Gyte part d'un concept tout ce qu'il y a de plus expérimental et farfelu. Au programme et selon les termes choisis par le créateur : approche microtonale, polyrythmies et riffs joués sur des guitares polyharmoniques de vingt-quatre cordes. Dis comme ça, c'est barbare mais pendant l'écoute... En fait non, pendant l'écoute c'est complètement barbare aussi. Simplement, Adam Kalmbach pioche dans la technique des compositeurs classiques contemporains et aussi dans la Noise et le Drone pour créer son Black Metal et le rendre le plus odieux possible. Pour les non-amateurs de solfège et de théorie musicale, on traduira les expressions rocambolesques du groupe par : plus faux, tu meurs.
Là, en le voyant écrit, vous vous dites que c'est très branlette intellectuelle et que finalement, quand on écoute l'album ça ne doit pas être si tordu que ça. Détrompez-vous, ça l'est. Je peux vous dire que les Aevangelist, Portal, Botanist, Menace Ruine et autres formations réputées bruitistes ou avant-gardistes peuvent toutes retourner à l'école primaire tellement Jute Gyte surpasse la masse dans son approche. « The Haunting Sense of an Unrepeatable Unidirectional Vector » qui débute l'album est une claque. Une claque affreuse, dérangeante, malsaine et complètement déstabilisante pour les amateurs de musique que nous sommes. L'arpège distillé à huit minutes trente secondes donne juste envie de se pendre à la poutre la plus proche. « Discontinuities » donne des frissons d'horreur comme jamais et détruit votre crâne avec un marteau distordu.
Malgré ça, l'album sait se faire beau et attachant, tel un Quasimodo Black Metal, proposant des sensations derrière son aspect franchement repoussant. L'homme à tout faire se casse franchement la tête pour proposer dans sa musique des variations imprévisibles, des accélérations complètement maladives et des accalmies dignes des pires passages d'effroi. Pour être franc, on a du mal à se remettre de « Discontinuities » une fois qu'il est terminé. Il cause un vrai malaise et fait de nos neurones des ruines qu'il marque au fer rouge notre crâne. Fort heureusement, si la musique est proprement imbuvable, on trouve en elle l'irrésistible envie d'y retourner même si cela implique des accents vomitifs, crispants et ô combien dérangeants pendant qu'elle pénètre notre crâne de force.
Jute Gyte redore le sens malsain et déviant du Black Metal avec son approche jusqu'au-boutiste, faisant de ce genre un vecteur de peur, de torture et de convulsions baveuses incontrôlables. Que dire de « Romantiscm Is Ultimately Fatal » et son riff d'ouverture absolument incroyable ? Mais d'où ça sort ? Mais c'est quoi ? Mais comment fait-il pour pondre ce genre de truc ? Autant de questions nous traversent l'esprit pendant ce moment de musique qui liquéfie toute notre notion de musicalité ou d'humanité. « Disconituities », c'est Krallice dans une faille temporelle dégoulinante et verdâtre, dans une mare de pétrole liquide s'engouffrant des les pores de la peau, dans une cellule matelassée ou l'on diffusait du LSD par les conduits d'aération.
Bien sûr, on n'écoute pas Jute Gyte comme on va à la Poste. Et je vous avoue que je serais franchement incapable d'écouter ça en boucle sous peine de devenir complètement siphonné dans ma pauvre caboche. Cependant, ce disque rend fou et c'est en cela qu'il est remarquable puisqu'il retrouve le sens originel brutal, sans pitié et affreux du Black Metal en lui apportant toutefois une lecture nouvelle et franchement démentielle. Alors pour les plus téméraires d'entre vous, accrochez-vous et commencez ce voyage sincèrement bluffant.
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