Northlane - Singularity
Chronique
Northlane Singularity
Northlane est australien. Northlane aime visiblement beaucoup la physique quantique et les thématiques Emo. Et je dois bien dire que c'est ça qui m'a attiré chez eux, ce mélange improbable de la fluctuation des particules, de l'aspect paumé de l'humain et du cube cosmique porté en étendard sur chacune de leurs pochettes de disque. Je me suis dit qu'avec ça, Northlane était peut-être plus qu'un groupe de Deathcore moderne comme il en existe tant d'autres. Que possiblement, ils avaient le potentiel pour faire d'une Mosh-Part quelque chose de plus absolu, de plus inéluctable. Quelque chose qui éventuellement aurait un arrière goût de tempête sur Jupiter, d'un mouvement intemporel comme celui qui fait tourner en rond des millions de cailloux glacés autour de Saturne.
« The Truth Is We All Suffer » déclame le brailleur dès le début du disque (« Scarab ») dans un timbre éraillé rappelant au commun des mortels un Hardcore Mélodique actuel. Là où un The Contortionist s'oriente définitivement vers un voyage spatial très premier degré, avec communications radiophoniques et théories d’atterrissage en bonus, « Singularity » lui, va voyager dans son crâne avant de voyager physiquement. Il va aller dans l'espace via ses rêves, via l'infiniment petit où l'infiniment grand. Astucieuse idée que de finalement voir la physique dans le sens du physique, du relationnel et de l'illusion des flux qu'il permet.
Tout est histoire d'introspection chez Northlane, ces dernières étant bien souvent symbolisées par de longues montées progressives fendues de guitares éloignées d’obédiences Post. Ou comment « Singularity » tente de plonger au cœur de lui-même pour en ressortir des conclusions et des lectures nouvelles. En d'autres termes, chez le quintet, toute histoire d'amour est d'abord une histoires de particules communicantes et plus ou moins crochues, qui dépendent en premier lieu de variations que de rencontres. « Quantum Fluctuations Project Into The Air » est une manière de chanter et de hurler en même temps que le responsable des émotions n'est ni l'humain, ni Dieu mais ce que la science essaye finalement de comprendre depuis que l'humanité s'y est employée. Et vous en conviendrez, c'est triste à dire.
C'est d'ailleurs évident aux écoutes de ces titres qui illustrent un certain désespoir de cause pas si adolescent qu'on voudrait bien le penser. « Quantum Flux » ou « Masquerade » dépeignent parfaitement cette vacuité grâce à des décharges de riffs gras couplés à quelques rares incartades faisant la part belle aux mélodies pas franchement joyeuses. « It's Such A Mix Of Emotions, We Call It Regrets […] And Oh My, It's Frightening » résume très sincèrement l'ambiance coincée, atrophiée dans ce « Singularity » aux allures de pamphlet sur les relations humaines modernes, dépourvues de toute particularités au premier abord, car présentées sous des apparences brutales et tranchées (les mosh-parts, les cris et autres farandoles de riffs techniques, vous l'aurez compris...) mais finalement agrémentées de quelques sentiments enfouis, mettant indubitablement du temps avant d'exploser (« Singularity » aux montées Post-Rock courtes mais poignantes).
« The Great Mystery, We Are The Fractulated Tentrils Of This Reality » nous disent-ils dans « The Calling », comme si nous cherchions – tous aussi nombreux que nous sommes - à nous accrocher à cette réalité pourtant mystérieuse. Il est franchement rare que je m'amuse à faire de l'explication de texte dans une chronique de disque mais pour autant, je pense que Northlane le mérite très sincèrement, tant leur sens de la métaphore donne tout son impact à un album qui peut paraître anodin au premier contact mais qui se révèle finalement subtil, fouillé et exécuté avec une délicatesse dans le propos qui force le respect. Avec ses faux-airs d'y aller les deux pieds dans le plat avec une absence totale de réflexion, « Singularity » est en fait tout l'inverse : il réfléchit beaucoup avant de se lancer, et de choisir telle ou telle voie dans ses compositions. En découle naturellement une certaine forme de raffinement peu courante dans ce genre musical.
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