Allobrogia - Sonnocingos
Chronique
Allobrogia Sonnocingos
ALLOBROGIA. Les ignares comme moi vont dire que c’est un nom très laid, qui rappelle plus son téléphone qu’un quelconque voyage de l’âme. Et pourtant, il suffisait d’avoir un minimum de culture historique pour savoir que les Allobroges sont un peuple gaulois. Un peuple réputé pour la force de ses guerriers, mais aussi pour leur antipathie, leur grossièreté et leur esprit lourd et inculte. Comme quoi, la plupart d’entre nous étaient des Allobroges sans le savoir ! Mais voilà, malgré leurs qualités au combat, ces Gaulois n’ont cependant pas résisté aux Romains, n’est pas Astérix qui veut ! Astérix, c’est chez lui que le deuxième album d’ALLOBROGIA a été signé. Pas le nôtre d’Astérix, mais le suisse, le contemporain, celui qui est à la tête du label Asgard Hass. On en avait parlé il y a quelques semaines pour la chronique de DUX, Carnations.
Le groupe ALLOBROGIA est français. Formé en 2012, il avait déjà sorti l’année suivante Sapaudiae Nostra en autoproduction. Trois ans plus tard le revoilà avec un album de 11 pistes, toujours composées autour de la même team. Ceux qui connaissent bien la scène française et l’apprécient pourrait être tentés par une écoute en découvrant que parmi les 5 membres actuels on trouve des (ex-)membres de CAÏNAN DAWN, EVOHE, HIMINBJORG ou des moins connus KLOCT et BACKDAWN (thrash). Des horizons différents alliés pour ce projet. Au service du souvenir d’un autre temps, de ses arts et de sa langue. Ses arts comme le visuel de la pochette et du livret. Sa langue comme avant tout le titre de l’album, Sonnocingos, qui se traduit en gaulois « La marche du soleil », une référence au déroulement d’une année. Sa langue également avec le nom de chaque morceau et les paroles, presque exclusivement hurlées dans une langue morte. C’est donc claire comme de la potion magique, les 49 minutes de ce deuxième essai sont consacrées thématiquement à la Gaule, et donc aux Celtes de manière plus générale.
Mais cette thématique si évidente dans l’emballage est beaucoup plus discrète dans la musique. Il faut rester concentré pour retrouver des éléments « gaulois ». Cela va en rassurer certains et decevoir d’autres, mais ALLOBROGIA n’a rien à voir avec AES DANA. N’attendez pas les instruments folks ou des samples de la belle voix de Christophe Lambert. Pensez plutôt aux Canadiens de CATUVOLCUS, eux-mêmes passionnés par les guerres de Gaule qui avaient sorti 3 albums avant de disparaître... Ils avaient mis le côté guerrier en avant, et c’est bien ce que l’on retrouve ici. Le black metal y est d’ailleurs très passe-partout, et aurait pu servir un autre concept : Satan, la mort, le rejet... Et si ces compositions sont bien menées et avec un talent technique particulier, elles n’arrivent pas à rester en mémoire. Elles ont surtout tendance à manquer de charisme, et ne dépassent pas le stade de la musique d’accompagnement. Ce style que chacun d’entre nous privilégie dans les transports en commun par exemple pour s’isoler parmi la foule, s’enfermer dans sa bulle protectrice, réussir à fermer son visage et tirer la gueule même un jour férié.
Quelques passages par contre laissent entrevoir une porte temporelle vers nos ancètres. L’introduction d’une minute tout d’abord, même si c’est plus une ambiance guerrière là encore passe partout. Puis surtout sur la moitié de « Imbolc », avec des chœurs qui arrivent en fond, et donnent enfin de la texture au groupe. Ils font office de refrain et sont répétés à la fin. Là, on se surprend à hurler nous aussi des « Ti ya liendé, Ti ya liendé, Saaaaa aaaaaï », ce que j’entends dans mon cas, mais qui est sûrement incorrect ! Pas grave, je le crie tout de même ! On retrouve aussi de petits moments du même acabit sur « Sonnocingos » et « En Ran », qui ce dernier a des relents de vieux ROTTING CHRIST.
Malheureusement, je reste hermétique la majeure partie du reste du temps, dès que cela devient du black bien fait mais avec un manque de saveur. Il faudra signaler « Beltan » tout de même, assez original avec lui aussi quelques chœurs, mais aussi une voix qui déclame en plein milieu et en français, et surtout une ambiance étrangement à cheval entre la rudesse de vieux ENSLAVED et le légèrement déstructuré de BLUT AUS NORD. La dernière piste quant à elle introduit un piano sur sa moitié (instrument préféré de Vercingétorix rappelons-le !), pour un résultat frais, qui coupe bien le titre, qui se termine avec tous les meilleurs éléments du groupe, chœurs, esprit guerrie et guitare acoustique.
L’album est au final à saluer mais il n’est pas parvenu à me toucher réellement à cause de ses parties black qui ne se démarquent pas. Oui les riffs ! Oui la volonté ! Mais non, je n’arrive pas à devenir accro... Ce qui n’est pas le cas de certains chroniqueurs, qui ont fait des chroniques plus dithyrambiques, en liens sur cette page normalement.
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