King Satan - King Fucking Satan
Chronique
King Satan King Fucking Satan
Loin de moi l’idée de déplorer que des idées neuves viennent alimenter le Metal et donner à notre musique favorite une nouvelle impulsion, mais il faut savoir raison garder. Il y a quelques basiques auxquels il m’est difficile de renoncer, tout large d’esprit que je sois. Par exemple, considérant que le Metal découle du Rock, j’ai du mal à inclure dans la sphère Metal des groupes qui ne jouent d’aucun instrument en bois d’arbre. Entendez par là, des projets purement Electro, quand bien même ils se donneraient une caution Metal en invitant un gratteux et un batteur pour leurs prestations scéniques.
C’est pourtant peu ou prou ce que propose mon invité du jour, le Finlandais KING SATAN dans son album King Fucking Satan paru en mai dernier. KING SATAN est un one man band fondé en 2015 par le vocaliste, multi-instrumentiste et producteur King Aleister Satan (également connu sous le pseudo Zetekh, frontman de SATURNIAN MIST). Après une démo sobrement intitulée We Are King Satan And We Fuck The World en 2016, le gang s’est élargi à cinq membres pour les besoins du live. Cependant, KING SATAN reste essentiellement un projet Electro, plus précisément entre Aggrotech et Dark Techno. Des univers que je ne connais pas et pour lesquels je serais bien en mal de vous faire une chronique pointue comme nous avons l’habitude d’en écrire sur THRASHO. Je n’aurais d’ailleurs jamais posé une oreille sur King Fucking Satan si le label Saturnal Records ne me l’avait pas présenté comme un projet de Metal Indus. Un genre avec lequel je suis plus à l'aise, même quand il mélange audacieusement Electro et Metal. Je trouve que le cocktail, quand il est réussi, offre de la fraîcheur, de la nouveauté et, n’ayons pas peur des mots, de l’espoir quant à ce que pourrait devenir une partie de la scène en assumant un mariage de prime abord contre nature.
Le fonds de tarte de KING SATAN est constitué de samples Techno éculés et entendus mille fois en des occasions qu’on aimerait oublier (courses chez carrouf, soirée à la boîte de nuit du campinge, écoute forcée de la compil Boulevard des Hits de votre petite nièce, crazy signs autour de la piscine du club de vacances, etc.) sur lequel se pose une garniture constituée de plans de chant hurlé aux accents inquiétants évoquant vaguement ROB ZOMBIE ("Kali Yuga Algorithm"). Des corpse paint, des tenus SM, le nom du projet, le patronyme de son fondateur et son screaming ont pu faire croire à une fusion entre Black Metal et Electro, mais ce subterfuge ne leurre que les crédules. De Black Metal, il n’y a pas une once dans KING SATAN, pas plus que de Metal d’ailleurs. A cela une raison toute simple : l’intégralité du fonds sonore est synthétique. Il n’est pas exclu qu’un ou deux riff aient été samplés mais ils sont noyés dans un océan d’effets, eux-même submergés par une boîte à rythmes qui crache du beat comme un poitrinaire des glaviots. Les pistes ont une fâcheuse tendance à toutes se ressembler, seulement distinguées par des effets électroniques différents. Le premier morceau, "Dance With The Devil" fait d'ailleurs une bonne synthèse de ce que vous réserve l'écoute du reste de la galette. Une seule piste se démarque de la tracklist, “Of Infernal, Eternal & Spiritual War”, oubliant les beats de bourrins, le fonds sonore naze et le chant caricatural, KING SATAN opte pour un sample grinçant, un chant chuchoté, un beat subtil et des arrangements bien cousus. C'est hélas un morceau isolé et qui ne suffit pas à excuser le reste.
Vous vous demandez peut-être pourquoi je chronique ce disque qui a si peu à voir avec le Metal. Je me suis également posé la question. Même si le groupe estime qu'il fait du Metal Indus, rien ne m'oblige à le croire, je pourrais donc tout aussi bien décider de ne pas parler de ce projet et plutôt me consacrer à des créations plus conformes à l'esprit THRASHO. Si j'ai finalement décidé de chroniquer King Fucking Satan c'est parce qu'en lisant d'autres chroniques de webzines sur le disque, j'ai eu l'impression que certains de nos confrères, moins spécialisés que nous, le prennent effectivement pour du Metal et je dois dire que ce glissement m'inquiète. Même si je pense que le Metal peut trouver un nouveau souffle dans la fusion avec l'Electro, on ne doit pas perdre de vue l'essentiel : les musiciens, leurs instruments, leur art... Un projet Electro, tout génial soit-il, ne sera jamais du Metal s'il s'affranchit totalement de l'utilisation d'instruments de musique et des musiciens qui vont avec. Je sais que vous, fidèles lecteurs, ne vous ferez pas avoir par le subterfuge, mais je voudrais épargner à vos enfants la douloureuse surprise de découvrir que ce qu’ils pensaient être du Metal n’est en réalité que de l’Eurodance insipide (pléonasme).
| rivax 22 Août 2017 - 673 lectures |
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