Après avoir géré la distribution en Europe de l'album des
brésiliens d'AFFRONT, le label varois Polymorphe Records poursuit sa quête de groupes peu connus en proposant, en ce mois d'avril, le dernier album des tchèques de NOCTURNAL PESTILENCE.
Qui ?
Formé en 2010, ce groupe est un petit quatuor de Symphonic Black légèrement épique, c'est-à-dire de la musique qui crache mais pas trop et bien ponctuée d'arrangements et d'orchestrations au synthé. Et on ne s'y loupe pas avec le premier morceau, The Perdition, qui nous met direct dans l'ambiance : voix black éraillée mais plutôt propre, instrumentation à cheval entre le Thrash et le Black, le tout entrecoupé d'orchestrations au milieu et d'un refrain en chant clair.
On ne va pas se mentir, ce genre de Black sympho à la
CRADLE OF FILTH mais en moins hargneux, qui se rapproche plus d'un TETRICONIA ou d'un
NIGHTWISH lorgnant du côté du
ARCH ENEMY (pour le côté chant féminin, je pense) ou
SATYRICON, ce n'est pas du tout mon domaine – en témoigne mon peu de références dans le genre. Mais, il faut l'avouer, on se laisse prendre au jeu de ces mélodies efficaces (riffing sur « The Blood »), de ces blast beats orchestrés appelés par une très légère montée (« Labyrint Mysli » à 6:50), des quelques ruptures qui alternent sur des petits moments qui mettent bien (« The Blood » 1:30, le chant clair sur « Endless Desires » à 2:52).
Après, je dois avouer qu'à la première écoute, j'ai trouvé ça plutôt moyen. Je prends pour exemple le morceau « Labyrint Mysli », où à 1:14 on entend ce que je trouvais typique des passages un peu plus mous du disque. Ici, le mix semble un poil vide, comme s'il manquait une piste ou quelque chose pour donner plus de sel à la musique. D'autant que, quand ça s'énerve, c'est pas mal, bien que j'aurais aimé la guitare lead plus en avant. Mais, hélas, je restais buté sur certaines articulations assez déroutantes, dans le sens où j'étais un peu paumé de la façon dont tout s'enchaînait un peu au pif sans qu'au niveau des notes je sente une puissance.
Mais rester sur une écoute, c'est pas pro, j'ai pris le temps de réécouter, et de mettre de côté le fait que ce genre n'est pas ma came. Eh bien plus ça allait et plus je prenais du plaisir avec ce Fire & Shade. « The Blood » ou « Endless Desires » sont typiques de ce que le groupe peut faire de très bon, ce qui me fait rentrer plus aisément dans un « Jupiter's Rage » qui est bien heavy et puissant ! Je pense que c'est même un des rares morceaux à faire vraiment preuve de rigueur dans sa structure.
En fait, on sera surpris, voire déstabilisés, par l'utilisation de sonorités qui font très anciennes, limite punk comme sur le départ de « Endless Desires » qui montre du Black son aspect le plus balbutiant. Je pense que c'est finalement ça que capte ce groupe : ce caractère « rien à foutre, on joue ce qui nous plaît ». Il y a un réel côté extrême dans cette musique qui ne fait pas dans le racolage ni dans le clin d’œil facile. Ça en fait pour moi sa qualité ainsi que son principal défaut : je n'arrive à me raccrocher à rien lors de l'écoute, je trouve même que ça manque de fermeté sur les transitions et articulations tant tout semble s'enchaîner sans se soucier de quoi que ce soit, mais ça laisse place à des saillies authentiques, notamment sur les orchestrations que je trouve très judicieuses et pertinentes (« Endless Desires » à 2:01 ou sur l'ensemble de « Deliverance », morceau final de 9 minutes qui dévoile le meilleur du quartet).
Tenez-le vous pour dit : ce disque est plein d'envie de bien faire, sans se soucier de si ça plaît ou non. « Tu prends, ou tu vires » serait pour moi le parfait adage pour cet album sauvage. Aussi, ne vous fiez pas à la première écoute. Cet album gagne à être repris, tant il cache des éléments vraiment agréables. Et si quelqu'un qui n'est pas du tout adepte du genre a pu être conquis, pourquoi pas vous ?
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