Satyricon au Hellfest 2006

Salut ! Bon, pas la peine de faire de présentations, Satyricon a dépassé le stade de l’underground. Est-ce que tu pourrais décrire Now, Diabolical, le nouvel album ?

Oh, je pourrai écrire un livre entier pour le décrire parfaitement, mais pour faire court, je pense que c’est un album très noir et très sombre, mais aussi très direct, totalement dirigé contre l’auditeur.

Il est également moins agressif, plus aussi rapide… Il y a une grosse influence Rock…

Mmh, je ne vois pas de séparation entre ces deux choses. La vitesse n’aurait pas du tout collé à cet album ; une tonne de blastbeats aurait détruit l’ambiance occulte et sombre de Now, Diabolical. Et tout à fait, il y a énormément de structures « Rock’n’Roll » sur cet album, en partie parce qu’on adore ce style musical. On a grandit avec Bathory, Venom et Celtic Frost et tous ces groupes qui ont fondé toute cette scène Black Metal, et qui sonnait très « Rock’n’Roll ». Tu sais, pour nous c’est une très bonne base pour créer des morceaux simple structurellement, mais possédant énormément d’énergie : ça nous donne beaucoup de champ libre pour créer des atmosphères qui se réalisent de manière très puissante.



J’ai entendu Satyr dire que Now, Diabolical était un disque de Rock’n’Roll satanique. Es-tu d’accord ?

Et bien, c’est une manière de dire les choses. Ca parait étrange venant de lui, mais bon. Je n’arrive pas à vraiment comprendre la signification de ceci, mais tu sais, c’est du Black Metal. Ce n’est pas parce qu’il y a des rythmiques Rock que cet album est superficiel ; je pense que les structures Rock’n’Roll sont les fondations du Black Metal. C’est de cette manière que les groupes « traditionnels » sonnaient, et un terme comme « Black’n’roll » sonne stupide et n’a aucune signification pour moi. On essaie de créer des morceaux simples et puissants avec une idée principale qui supporte tout le morceau, et que nous voulons voir se réaliser sans rajouter des éléments musicaux superflus. Chaque morceau est tout simplement une idée forte qui s’est réalisée à travers le morceau, et c’est une bonne chose pour nous d’avoir ce genre de structures rock.

Es-tu au courant des réactions à propos de Now, Diabolical, par les fans ou la presse ? Pour ma part, j’entend beaucoup de fans déçus par ce disque.

Les réactions sont très très bonnes, meilleures que jamais auparavant. On n’a jamais eu un tel engouement qu’actuellement. Bien sûr, il y en a toujours des gens qui n’aiment pas cet album, mais merde, on ne peut pas satisfaire tout le monde, ce n’est pas notre problème ! Je n’ai vraiment pas entendu beaucoup de regrets sur ce disque. Il y a ceux qui voudraient que l’on fasse un anotre Nemesis Divina, et je n’arrive pas à cerner leur problème. Ecoutez Nemesis Divina et passez à côté de l’album si vous ne l’aimez pas, parce que l’on ne se répètera jamais. C’est la chose la plus ennuyeuse que je puisse imaginer… Beaucoup trop de groupes font ça actuellement : ils trouvent une formule et la répète à l’infini uniquement parce que c’est la seule chose qu’ils savent faire. Nous ne ferons jamais ça.

Vous faîtes peu de concerts cet été ? D’autres dates de prévus ?

C’est juste cet été, la tournée commencera cet automne. On fera plus de tournée que jamais pour cet album.

Vous allez donc repasser par la France ?

Bien sûr ! On sera là en automne en tête d’affiche ; alors au lieu de jouer 40 minutes, nous jouerons pour à peu près une heure et 40 minutes.

Par ailleurs, comment s’est terminée cette histoire de viol au Canada ? Quel fut le verdict de la justice ?

L’affaire est close, ils ont été adjugés innocents bien sûr.

Cette question était plutôt destinée à Satyr, puisque tu n’as pas pu te joindre à la tournée américaine, mais tu peux sûrement y répondre également. Sur cette tournée donc, c’est Joey Jordison qui t’a remplacé. As-tu écouté ce que ça a donné ? Ne penses tu pas ce que c’eut pu être difficile pour lui ?

Joey est un très très bon batteur. Chaque personne qui l’a entendu ou vu jouer sait ça. Et il adore le Black Metal, il connaît ce style et sait très bien comment jouer des parties très rapides, ce qu’il fait bien qu’il s’entraîne beaucoup. C’est un ami de Satyr depuis longtemps, et cela nous a paru naturel de lui demander de me remplacer. Il voulait le faire, mais il a premièrement refusé, car c’était comme un sacrilège pour lui. Il ne voulait pas prendre part à un groupe qu’il admire. Alors j’ai dû lui dire « fais le. ». On lui a dit qu’il était le seul à pouvoir me remplacer, qu’il avait énormément d’expérience, alors il n’avait plus qu’à foncer et jouer lors des concerts. Son style colle parfaitement au groupe, parce qu’il a un style très lourd et intense, alors je suppose qu’il a très bien fait son boulot. Je n’ai malheureusement toujours pas entendu d’enregistrement de ces concerts, mais il parait que cela a été filmé, alors j’espère un jour pouvoir voir ça.

La question parait peut-être un peu prématurée, mais avez-vous déjà des idées pour le prochain album ?

Pour ma part non, mais je suppose que Satyr en a. Seulement, on est à fond dans Now, Diabolical en ce moment. Je ne pense pas réellement aux futurs albums pour l’instant, parce que Now, Diabolical, c’est nous actuellement.

Comment se déroule le processus de composition entre vous deux ?

Cette fois, ça a été assez différent, certainement parce que l’on a essayé de créer un album différent de tout ce qu’on a pu faire avant, et comme je l’ai dit, chaque morceau sur ce disque représente une idée forte que l’on a voulu rendre aussi puissante et aussi forte que possible, ce qui demande une grande implication dans la composition ; ce n’était pas assez bon pour nous de venir en studio avec deux/trois bonnes choses et les faire tenir ensemble. On devait répéter et répéter, pour créer des choses sur lesquels on puisse broder. On l’a ensuite enregistré, puis écouté, et puis observé si l’énergie se dégageait de tout ceci. Si rien n’en sortait, on aurait tout simplement tout refait, même si ça sonnait bien, car ça aurait pu casser plus ou moins l’énergie de ce noyau dur. Ainsi, on a énormément essayé, enregistré, réenregistré, analysé pour faire que chaque morceau soit compatible ensemble. Il devait y avoir toutes les qualités possibles pour chaque morceau, pour qu’enfin je sois satisfait.

Now, Diabolical est le 7e album que tu enregistres avec Satyricon. Avec le recul, que penses-tu de ce que tu as fait jusqu’à présent ?

Je les aime tous, ils ont tous leur propre charme, énergie et atmosphère. On ne pourrait pas refaire un Dark Medieval Times aujourd’hui : il y a toutes les qualités d’un jeune groupe qui veut en découdre, mais, comment dire, c’est horriblement joué. Mais on avait une persévérance gigantesque, alors on a essayé de créer un album très atmosphérique, et c’est à peu près ce que je ressens pour les autres albums. Ils représentent parfaitement les différentes « époques » du groupe. Mais je pense toujours que Now, Diabolical est notre travail le plus abouti.

L’ayant vu grandir, quel est ton avis sur la scène Black Metal aujourd’hui ?

Je pense qu’il y a de très bonnes choses actuellement. La scène norvégienne est très forte. Seulement, la scène est de plus en plus encombrée, et actuellement, il y a environ un groupe sur dix qui propose quelque chose d’intéressant. Mais encore une fois, avoir tous ces groupes avec juste quelques uns d’intéressant, je pense que c’est un peu comme en 92/93 lorsque nous jouions avec quelques très bons groupes. Satyricon est plus fort que jamais, le nouveau Gorgoroth est peut-être le meilleur effort jusqu’à présent, Darkthrone est plus intéressants qu’ils n’ont pu l’être ces dernières années. Et il y a quelques nouveaux groupes émergents qui arrivent avec quelque chose d’intéressant à offrir. Je pense que 1349 apporte un véritable hommage à l’ancienne gloire de la scène, et d’autres groupes font de même. Le prochain Mayhem sera probablement très bon également. Il y a donc d’excellentes choses en ce moment. J’aimerai cependant voir un groupe arriver avec quelque chose de totalement inattendu, avec un grosse base Black Metal, mais avec un aspect totalement innovant qui fait avancer le genre, comme le nouveau Celtic Frost. On doit arrêter de copier Darkthrone ou Mayhem sans cesse, ainsi que d’essayer de sonner comme Bathory, car Bathory a déjà fait tout ce qu’il y avait à faire. Voilà mon avis là-dessus.


Merci à Roadrunner et à Asgiliath.

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Traduction par Krow