Valeur pilier du Black Industriel, je ne pouvais pas priver le lectorat de Thrashocore d'une entrevue très intéressante d'Azat, leader et fondateur d'Alien Deviant Circus et de NekronoiZ. Merci à lui pour ses réponses très complètes et très précises à mes questions. Les chroniques de "En to Pan Omegas" et de "Satanic Djihad" vont suivre, bien entendu... 1. Salut Azat, pour commencer, j'aimerais que tu nous dise ce que représente Alien Deviant Circus pour toi : une manifestation de ton esprit, une catharsis, une volonté de transmettre un message, ... ?
Azat : ADC fait partie d’une espèce de triade métaphysique qui regroupe NKz et Nekrospiritual design. C’est une manifestation de mon moi, de mon entéléchie, et au delà de ça, du Soi en tant qu’akasha et Aum. C’est une unité cosmique transcendant la partition, l’illusion de la vie et du monde causal.
Cela me permet d’exprimer mon être à travers divers médias. C’est le fruit d’une réflexion philosophique, métaphysique et scientifique.
Il n’y a pas de volonté propre de transmettre un message car je suis conscient que peu de gens pourrai suivre la réflexion sous-jacente à ma pensé et que celle ci n’a de véritable conclusion qu’au sein de mon être. Il y a des milliards d’être et des milliards de théories. Carl Sagan , dans un de ses livres traitant de biochimie et du cerveau, disait qu’avec les milliards de milliards de connexions possibles dans le cerveau il se passerai encore des millénaires avant que la race humaine est expérimenté toutes les connections possibles. De ce fait chaque être appréhende son environnement en fonction de lui même, des ses recherches, expériences et de sa culture. De ce fait je n’essaie nullement de faire du prosélytisme ou d’initier les êtres à Satan. Je m’adresse à ceux qui comprennent mon message pour l’avoir eux même expérimenté. Les autres, qu’ils restent dans les affres de l’ignorance. Ayant une piètre opinion de l’humanité, il n’est absolument pas question que je transmette quoi que ce soit à celle ci.. Je laisse ça aux faux prophètes, aux philanthropes ou autres humanistes guidés par leur égo.
2. "Ayn-Soph" de Nekronoiz fait finalement entièrement partie de l'univers que tu souhaites créer, mais était-ce une nécessité pour toi de faire un disque uniquement industriel ? Qu'est ce qui diffère Nekronoiz de ADC au sens extra-musical ?
D’une certaine manière NekronoiZ est apparue avant ADC… Il est un vieux projet qui a beaucoup évoluer au fil du temps, revenant vers ses racines pour évoluer vers d’autres cimes. NKZ fut toujours un projet personnel me hantant et m’accompagnant dans mes pérégrinations sonore ou personnelles.
Après avoir joué dans de nombreuses petites formations plus obscures et plus nulles les unes que les autres j’ai simplement décidé de faire ce que je voulais faire. C’est à dire sans compromis. Et la ADC est né. Le désir était de créer une entité abordant les thèmes métaphysiques qui dirigent ma vie depuis que j’ai ouvert un livre et me suis intéressé à la philosophie et à la pensée au sens large. Cela passait par un média sombre, un mariage du black métal primitif et des ambiances qu’apportent le rituel, l'indus et le dark ambiant. ADC aurait pu s’appeler nekronoiz, j’ai juste dissocié les deux aspects de mon expression musicale pour, d’une certaine manière, ne pas piéger les auditeurs dans mes délires mystico-philosophiques.
3. J'ai remarqué que le logo d'ADC fait référence à l'"Alien" de Ridley Scott. Peux-tu parler de tes goûts en matière de cinéma, de littérature ou d'art en général ?
Le logo auquel tu fais allusion est l’ancien logo d’ADC. L’utilisation du xénomorphe était un clin d’œil à un film qui m’a beaucoup marqué de part ses thèmes, son ambiance et son traitement visuel.
Le cinéma est un art qui me parle beaucoup du fait de l’intelligence de certains scénarios mais avant tout grâce au traitement de l’image et de la photographie. Je peux prendre plaisir devant de grosses daubes si l’image est esthétique et que la photographie est exemplaire. Par exemple le théâtre m’ennuie à mourir car il n’est basé que sur le jeu et l’émotion verbale (j’avoue quand même prendre du plaisir devant des pièces d’Arrabal même si je préfère les lires). Le cinéma par contre à cet avantage de pouvoir faire passer des émotions et des idées au travers de la subjectivité, de l’image et des couleurs employées.
L’image me passionne quel que soit son média (cinéma, peinture, graphisme, photo…) Elle est, à sa façon, une sorte de sigil, un symbole qui concentre une idée, une vérité qui ne peut être exprimée verbalement. Une image peut révéler, en un éclair, à l’être ce que de nombreuses années de recherches lui auront à peine permis d’entrevoir. C’est la base même d’un symbole, d’un mantra ou d’un yantra. C’est un monde ou un concept révélé.
La littérature est l’autre versant de l’art, il nous permet de toucher aux idées et de se former notre propre opinion. Culture et intelligence forment l’être et lui permet de se libérer de son asservissement à la pensée de masse. Ainsi il peut s’approprier son environnement et devenir libre des mensonges qu’on lui inculque de force.
4. Au vu des featurings réguliers avec Meyhna'ch il semble qu'une grand amitié ou en tout cas au moins une cohérence musicale vous lie. Comment s'est faite cette rencontre ?
Meyna’ch est un ami de longue date, une personne dont j’ai plaisir à voir et qui a une intelligence acérée.
5. En écoutant "Satanic Djihad" on sent, de mon point de vue en tout cas, une maturité plus importante par rapport à En To Pan Omegas.Le processus de composition était-il différent ? As-tu plus travaillé sur les sonorités, la production, etc ?
Les deux albums sont distincts et ont une approche philosophique différente mais complémentaire. En ce qui concerne En To Pan Omegas, la majorité des morceaux et des riffs furent composés sur une cithare entre le Népal, le Ladhak, l’Himachal Pradesh et la très sainte ville de Varanasi où le feu sacré de Mahadeva brule depuis des milliers d’années. Satanic Jihad, lui, fut composé et arrangé à Shanghai. Chacun de ces albums retranscrivent une sensibilité prenant vie à un moment donné de mon existence. Je dirais que En To pan Omegas est plus cosmique et mystique alors que Satanic Jihad est plus violent et froid. L’un est la guerre, le corps, l’ascension vers l’éveil et l’axis mundi, l’autre est l’esprit l’initiation touchant au but et l’abandon du vulgaire et du commun.
6. Les cultures asiatiques sont très importantes dans Alien Deviant Circus, j'en tire donc la conclusion (peut-être hâtive) que tu as toi-même expérimenté ce mode de vie. Peux-tu raconter à nos lecteurs tes expériences, tes voyages, et ce qu'elles/ils t'ont apportés ? // De même, l'aspect théologique au sens large semble être très poussé. As-tu fait des recherches, des études à ce niveau afin d'être le plus complet possible et d'exprimer clairement tes idées au travers de multiples références précises ?
Je vais répondre à tes deux questions en une seule. Ça te permettra de comprendre mon cheminement.
Avant tout c’est la métaphysique et la philosophie asiatique qui, si on peut dire, m’attirent. Un des problèmes de l’occident est le choix philosophique opéré il y de ça plus de deux mille ans et dont le christianisme est l’aboutissement. Je m’explique. Le Platonisme et aristotélisme ont dominés nos conceptions philosophiques, religieuses et scientifiques et nous ont fermés des portes par rapport à d’autres systèmes. Par exemple la pensée d’Héraclite est bien plus proche de la pensée indoue et asiatique. Il perçoit le monde et le cosmos comme quelque chose de dynamique et non pas comme quelque chose de statique comme en occident. On peut ainsi voir dans de très vieux textes indiens ayant trait à la cosmologie, à l’astronomie ou à la métaphysique, de nombreux points communs avec la physique quantique moderne, la biochimie et la cosmogonie actuelle. Par observation, réflexion et intuition ils ont conceptualisés des phénomènes que nous avons mis des millénaires à découvrir du fait de notre vision statique de l’univers. Le christianisme fut l’aboutissement d’une pensée triomphante dans le monde gréco-romain et méditerranéen. Il a ensuite éclipsé et anéanti les autres philosophies plongeant l’occident dans presque deux millénaires d‘obscurantisme scientifique et philosophique. Car même si de grands esprits se sont au fur et à mesure émancipés de cette pensée unique, leur racine chrétienne et aristotélicienne ont toujours pré-dominées.
De ce fait, après avoir passé ma maitrise d’histoire des religions et de philosophie j’ai désiré aller quelques temps en inde pour commencer mon doctorat. Très vite j’ai compris que passer ce diplôme m’enchainerait à quelque chose que je ne voulais pas faire, à savoir travailler dans une université et donner des cours à des gens stupides et sans intérêt. De la, ma pérégrination à travers l’Asie et le monde commença. J’ai passé à peu près un an et demi à faire le tour de l’inde, de ses temples et de ses rishis. Cette expérience fut très enrichissante au point de vue personnel et spirituel car elle me permit d’expérimenter plusieurs traditions et initiations tant métaphysiques et que religieuses, si je puis dire. J’ai passé quelques mois dans l’Himalaya, avec un sâdhu, vivant comme lui et m’initiant à certaines formes de Yoga et de méditation. Ma relation avec la nature et le cosmos en est sortie grandie et mon pseudo Azat vient de ce mystique qui me nomma ainsi. Asat est le non-être à l’inverse de sat qui est l’être. Je garderai pour moi le pourquoi et le comment de ce pseudo et l’explication des énergies en jeu. Libre à toi de te documenter pour aborder ces conceptions. Après l’inde j’ai passé une demi année en Asie du Sud Est, puis j’ai vécu et travaillé deux ans et demi à Shanghai. Depuis je passe mon temps à voyager entre l’Asie et l’Europe avec quelques incursions au Pérou, Australie… Un des buts principaux lors de mes voyages est la rencontre avec des chamanes afin d’expérimenter d’autres formes de transes et de continuellement apprendre de nouvelles philosophies et façons de penser. Quelques expériences fortes dans l’Himalaya et au Pérou ont marqués définitivement ma longue initiation. Que ça soit la prise d’Ayahuasca ou un mélange de Datura et de charas ayant pour but de vaincre ses peurs et d’unifier les opposés en son être ou l’expérience de l’unité au delà de la maya. L’illusion de la partition fut cependant l’expérience la plus forte de ma vie. Être un avec le feu cosmique, l’onde non duel qui est en tout et qui pénètre toute chose a radicalement changée mon approche du sensible. Le monde est illusion.
Je pense que pour comprendre la métaphysique intrinsèque à mes travaux, tant musicaux que graphiques, il faut s’intéresser à la philosophie, l’histoire des religions, l’ethnologie, les sciences (astrophysique, physique quantique, biochimie, biomécanique) et à l’ésotérisme. Sinon cela restera trop obscur pour le profane. Citer des auteurs, des écrivains, des philosophes, des scientifiques ou autres sages serait trop long pour ton article… Je t’en donne quelques-uns :
Cioran, Schopenhauer, Diogene et l'ecole cynique, Plotin, Maître Eckart, Giordano Bruno, Heidegger, Sloterdjick, Mircea Eliad pour son oeuvre titanesque, R. Guénon, J. Evola, Krishnamurti, C. Sagan, F. Capra (son tao de la physique), H. Reeves, S. Hawkins, A. Einstein, SRi Aurobindo, Vivakenada, Cankara, Swami Ramdas, O. Kayahn, Abou ala Al-Maari, Raman Maharshi, Djala od-Dim Rumi, de nombreux écrits gnostiques, sanskrits, boudhistes, taoistes, soufistes... A. Crowley, S. de Guiata, H. Trismegiste, A. Huxley, T. Leary, Petrone, Ovide, Virgil, W.Gibson, Greg egan, Lautreamont, Boulgakov, Tolstoi, M. Yourcenar, Flaubert, Baudelaire, P.K. Dick, Herbert, L. Coureau (''Mutation Pop et Crash Culture'', la spiral.org), Lao Tseu, Tchoung Tseu, Jiang Rong (le totem du loup), Haruki Murakami, Murakami Ryu, Musachi, Goethe, Spinoza, Averoes, M.G. Dantec, Witkins, Dali, Yann Minh, Kevin Warwick (interface homme machine, cybernétique... Grand chercheur et expérimentateur sur le futur proche de l'homme), Houelbecq, Bukowsky, L. Zpira.02, l'étude des diverses religions et philosophies ainsi que l'Histoire, mon prof d'Histoire des religions et de christianisme primitif pour son savoir encyclopédique malgré nos controverses, C.G. Jung, Jodorowsky, A. Artaud, Michaux, Asimov, E. Levis, Poe, Cervantes, Gurdjief, Orwell, Dante, Somoza, Herman Hess, J.L. Borges, Lovecraft, The Temple of the Black Light….. et bien d’autres...
7. Comment vois-tu Satan de manière générale. Penses-tu que c'est Lui qui t’apporte quelque chose, ou que c'est une relation d'échange ? Te vois tu comme son disciple, son allié, son porte-parole ?
Satan est concept et symbole. Il est la force sombre qui pénètre chaque chose. Il est réalité et illusion. Il est omniprésent en chaque chose, en chaque être….
Si t’as question est de savoir si oui ou non je crois en Satan comme antithèse de Dieu alors la réponse est non. Je ne crois pas en un fou cosmique créateur de toutes choses.
Ma philosophie se rapproche plus de la métaphysique indienne et tantriste. Satan est l’adversaire, le juge… Il est l’anarchiste suprême qui rejette les valeurs soit-disant divine et de ce fait l’éthique en découlant. Il est celui qui porte l’être spirituel vers son éveil en le menant au delà des tabous et de l’arbitraire. Il est l’ascension vers l’énergie primordiale, au delà du Démiurge. Il est acceptation de son être en tant que totalité, acceptation de sa part sombre et mauvaise. Il est l’énergie noire qui soutient l’univers, il est ce khaos primordial mère des possibles.
Élever son être vers l’UN et une relation d’échange avec la Psyche et la Soma, c’est jouer avec les forces et les tensions qui activent le mouvement. C’est percer le voile de l’illusion pour percevoir au delà et en dedans. Satan est en toute chose, il est la lumière sombre de la connaissance qui irradie l’initié. Il est se qui repose à jamais dans l’ombre des faux prophètes et de la stupidité humaine. Il est liberté et désordre, et non pas ordre et inhibition.
Étant toute chose, je ne me vois ni en tant qu’allié ni en tant que porte parole… comme dirait les hindous : « Bhrama est en toute chose, Shiva est en toute choses, Shivoham (je suis Shiva) ». Donc de ce fait : « I’m satan and satan is me… ». Il est le lien akashique entre chaque particule. Il est en nous tous mais seul les loups s’en apercevront… les moutons suivront toujours la voie de leurs maitres et celle du Démiurge.
C’est par son invocation, sa magie que l’être peut expérimenter et jouer avec les forces sombres en action dans l’univers. C’est elle qui sous-tend à cette réalité biaisée et qui permetà l’initié d’ouvrir son troisième œil à la lumière noire. Lumière a peine perceptible mais lumière de sagesse et de compréhension bien au-delà de la lumière aveuglante du mensonge.
J’ai beaucoup de respect pour des organisations comme le TBL ou le dragon rouge car malheureusement trop rares sont les organisations luciférienne ou sataniste ayant une réelle intelligence.
8.Dans ADC, notamment via les artworks, ou via ton travail de graphiste, je remarque un fort attrait pour la numérologie : 108, 218, 616... Est-ce une science qui t'intéresses particulièrement ?
La gemmatria m’intéresse beaucoup. Les hommes ont toujours cherché à codifier des idées et des préceptes via les chiffres. Les chiffres ont un très grand pouvoir d’abstraction, ce sont de très bons outils symboliques. Un chiffre peut faire passer en un seul numéro une quantité énorme de concepts philosophiques et autres. De ce fait il se révèle des fois bien plus puissant qu’un mandala, un yantra ou autres symboles graphiques.
9. Contrairement à un groupe comme Blacklodge, qui pour moi représente un BM Indus très chimique, empreint de molécules et de technologies, je vois en ADC une technologie mais couplée à un côté naturel, ritualiste, presque tribal comme dans les cultures assez mal nommées en cultures "primitives", je pense aux indiens d'Amazonie par exemple. La méditation, les portes de la perception, les expériences intérieures, hallucinogènes,etc... J'ai bon ou je me plante totalement ?
Je dirais que tu as bon.
10. Du coup vu que c'est le cas, le mode de vie à l'occidental et tout ce que ça comporte, ça t'emmerde pas un peu ? Quel est l'endroit ou tu rêverais de vivre ?
Question assez difficile. Pour faire simple, je dirais que je me sens nulle part chez moi mais que je suis chez moi partout. En fait j’ai un besoin essentiel d’être toujours en mouvement et de me confronter à l’inconnu.
Le mode de vie à l’occidental ne m’emmerde pas tant que ça. Je sais vivre dans le confort et dans son absence, c’est juste une histoire d’acclimatation. Après, certes on peut dire que l’occident se complet dans le consumérisme et la futilité mais cela a son charme aussi. Sans cette recherche obsessionnelle du confort certaines sciences ne se seraient pas développées à ce point. La technologie m’intéresse énormément et tout les progrès en robotique, nanotechnologie et biologie ont des répercussions métaphysiques énormes sur des questions essentielles de l’être humain, tel la vie et la mort. Par exemple le fait d’avoir ressuscité une cellule souche morte depuis trois semaines et une petite révolution tant chez les biologistes que chez les philosophes et que chez les religieux de toutes obédiences. Il en est de même pour la découverte, du moins l’affirmation expérimental, du Boson de Higgs au CERN. Ce sont de grandes découvertes qui peuvent être faites dans des sociétés technologiques. Pour leur part, les sociétés primordiales ont une avance sur les sociétés technologiques du fait qu'elles vivent avec la nature et l’écoute. Elle connaissait (suivant leur niveau de développement) de nombreuses théories scientifiques sous le couvert des mythes. Par exemple on aurait beaucoup de choses à ré-apprendre (car notre société moderne nous l’a fait oublié) sur interaction entre les plantes, les animaux et les hommes, ainsi que sur leur effet au niveau moléculaire et psychologique.
La différence entre ces deux sociétés est qu’une marche à l’expérimentation et que l’autre marche à l’intuition. Il faut les deux pour évoluer sereinement. D’abord suivre son intuition, puis ensuite expérimenter.
En ce qui concerne ou je veux vivre… je n’ai pas vraiment de réponse à t’apporter. Sûrement quelque part en Asie où il est plus simple de passer d’une mégalopole ultra-technologique à des coins reculés propices au recueillement.
11. Quels sont les projets à venir pour ADC, bientôt un nouvel opus ? Maintenant que la trilogie "En to Pan Omegas", "Satanic Djihad" et "Ayn-soph" est finie, vas-tu passer à "autre chose" ? Une nouvelle trilogie ?
Le nouvel album est fin prêt à être enregistré. Il aurait dû l’être ce printemps mais mon activité et certains problèmes au poignet et au bras droit nous on fait reporter celui-ci.
Ainsi on va enregistrer 8 titres en novembre, dont 5 pour l’album et 3 pour un split.
L’album aura pour titre « Ananta – Abhâva » et a pour sujet la mort rituelle vers l’éveil de l’entéléchie. Il porte ainsi sur la fin des cycles et du cosmos comme fin ultime sans recommencement. Un retour à l’absence, au néant dont la vie ne fut qu’une parenthèse. Les titres sont très sombres et froid, beaucoup moins rapides que sur les précédents albums.
12 / 13. Quel est ton point de vue sur la politique ? Finalement ADC, c'est quand même du Black Metal, comment vois-tu ce style et ses fans? Pour faire simple qu'est que tu aimes dans le Black metal, et qu'est-ce que tu n'aimes pas ?
Je me fous royalement de la politique. Cela concerne les hommes et je me fous des hommes, donc cela ne me concerne pas. La Polis et l’organisation de l’homme pour l’homme. Le but de la cité est de rassembler les êtres dans un ensemble de lois arbitraires basées soit sur des conceptions religieuses, soit sur des conceptions d’ordre économique. Je ne trouve pas ma place au sein de la Polis car elle limite la liberté et l’accomplissement de l’être. Je dirais que je suis anarchiste, pas au sens de l’anarcho-syndicalisme, mais dans le fait que je rejette toute soumission à un ordre arbitraire quelconque. Comme Lucifer qui rejette la prédominance de Dieux… Satan est l’adversaire, celui qui réfute les lois divines ou humaines car abscons. Aucun système n’est meilleur qu’un autre, il y aura toujours les privilégiés et ceux qui subissent que ce soit une monarchie, une démocratie, un fascisme ou autres. J’ai pu voir des systèmes politiques locaux assez intéressant lors de mes voyages mais ils ne sont applicables qu’à petite échelle. La liberté passe avant tout, l’égalité est une vaste blague et une utopie pour humanistes et autres philanthropes. Je ne crois absolument pas au darwinisme social, mais je ne crois pas non plus à l’égalité. Il y a des gens plus intelligents que d’autres, des gens plus forts que d’autres, plus débrouillards… Cela n’a aucun rapport avec une provenance ethnique ou une quelconque race. Tout est possible, c’est à l’être de vouloir y arriver. Je déteste l’ordre et les soit-disant satanistes qui veulent instaurer un nouvel ordre. Ils n’ont rien compris, il faut laisser ça aux pseudos- païens ou aux religions du livre. Satan est liberté et domination. Il est banquier, dirigeant, homme d’affaire, il n’est pas un black métalleux décervelé qui joue à se faire peur en disant "heil satan" alors qu’au fond de lui même il est juste un humaniste de merde qui en a marre du système. Satan est plus Lady Gaga ou un chef de multinationale qu’un black métalleux. De tous les satanistes que je côtoie, ou avec qui je suis en contact, très peu sont des métalleux. A ce jour le BM est devenu un repère d’humanistes guidés par le politiquement correct, et qui se plaignent pour un oui ,ou pour un non. Ce sont juste des victimes d’une mode saupoudrée d’un peu de Satan et de beaucoup de conneries. Des gens en perte de repères qui ne savent pas ou se placer vis-à-vis du monde… Ils auraient très bien pu écouter du Hip Hop, de la Tekno ou de la variété mais ils sont juste tombés dans ce milieu, sûrement pour un gout prononcé pour une musique forte et violente. D’ailleurs le black métal est devenu une musique commerciale qui s’adresse à tout le monde et je vois de plus en plus de jeunes qui écoutent du black métal en ayant un discours humaniste et en se morfondant quand quelqu’un tue quelqu’un. Pour ma part, je me considère comme sataniste et non pas comme métalleux. Heureusement il existe de nombreux groupes intelligents ayant une réflexion philosophique poussée et qui pratiquent ce qu’il prêchent. Après le black métal et l’industriel sont les musiques qui me procurent le plus d’émotions et qui me parlent le plus. Même si j’ai un avis très critique sur celui-ci je n’arrêterais pas de l’écouter et à défaut de paroles intéressantes, il y a heureusement des groupes très brillants musicalement parlant. Tout comme dans l’électro.
Si il y a des choses que j’ai en sainte horreur ce sont les humanistes et les défenseurs de causes politiquement correctes. Nous sommes des loups et le sang coulera de tout temps. Mettez-vous une balle dans la tête si cela vous rend triste, faibles créatures.
14. Une personne morte, vivante, légendaire, réelle avec qui tu aimerais absolument parler ?
Il y en a plein… Avant tout j’aurais aimé discuter avec Cioran et Mircea Eliade et ce pour de très nombreuses raisons. Gândhî pour comprendre d’où vient tout son amour pour l’être. Himmler pour discuter ésotérisme et comprendre encore plus ce personnage qui me fascine. Shankara pour discuter métaphysique. L’écrivain de SF Greg Egan afin de m’entretenir de science et d’évolution probable des espèces et des technologies. Le premiers gars qui eut l’idée de pratiquer l’agriculture. Visiter Rome au premier siècle. Rencontrer des Xenos si ils existent.. En fait le future m’intéresse beaucoup plus que le passé…. Surement du à ma passion pour la science fiction et l’anticipation.
15. Pourras-t-on vous voir en live prochainement ? Pour les assos ou les passionnés qui nous lisent, quelles sont les conditions pour avoir ADC en live dans sa ville ? Merci pour cette interview !
Quelques lives sont prévus pour cet hiver et peut-être une petite tournée.
Nos seules conditions sont de pouvoir pratiquer nos rituels sur scène, de projeter de la vidéo et faire des suspensions. Après ils ont intérêt à avoir un bar fourni d’alcool (et non pas de bière) et de nous payer des montagnes de coke et d’opium.
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