Salut Dirk ! C’est avec grand plaisir qu’on te retrouve une nouvelle fois sur Thrashocore pour nous parler du dernier split en date de BENT SEA, sorti début janvier chez Selfmadegod Records. Comment s’est opéré le choix du second groupe (les Suédois d’USURPRESS) ? Ce sont des potes à toi ? Pourquoi partager l’affiche avec un groupe de death plutôt qu’avec autre groupe de grind, comme ça se fait d’habitude ?
Merci à toi Seb de m’accueillir à nouveau ! Lawrence Mackrory de F.K. Ü./DARKANE/SCARVE m’a fait découvrir USURPRESS qu’il a produit dans son Maskinrummet Studio. Leur zik me bottait et j’ai pris contact avec leur chanteur Steffe. On s’est dit que ce serait cool de faire quelque chose ensemble. Et voilà donc ce split ! USURPRESS fait pas dans le grind mais pour moi, le death/crust à relents punk et d-beat se rapproche quand même pas mal de ce que je fais avec BENT SEA, comme une mutation différente d’un même genre. Au final ça permettra j’espère à d’autres de découvrir cet excellent groupe qui sort bientôt une tuerie intitulée « Ordained ».
Lors de notre précédente interview, on avait évoqué le fait d’un line-up tournant pour BENT SEA, et de l’opportunité de faire appel à des pointures de la scène extrême. En tant que fan hardcore de NAPALM DEATH, tu dois être ravi de l’arrivée de Shane Embury ! Raconte-nous un peu votre collaboration …
C’est parti d’un autre projet appelé TRONOS que Shane a monté avec son pote Russ Russell, le producteur de NAPALM DEATH depuis « Enemy Of The Music Business ». J’avais dit à Shane que si un jour, il cherchait un batteur, je serais là. Après qu’il m’ait contacté pour une date avec LOCK UP en remplacement de Nick Barker qui ne s’est finalement pas faite, il m’a envoyé les morceaux de TRONOS. Comme Devin Townsend était trop occupé pour continuer avec BENT SEA, j’ai demandé à Shane si ça le branchait et il a tout de suite dit oui. Dire que je suis ravi de jouer avec l’une de mes idoles est un doux euphémisme !
Shane est actuellement en train d’enregistrer le 16ème album de NAPALM. Il t’a fait partager quelques démos ? Quels sont tes albums préférés du groupe ?
Je n’ai rien entendu hormis l’inédit live du Roadburn, mais d’après Shane, ça va bien arracher avec un côté expérimental. Mon album préféré est « Scum » parce que c’est le premier que j’ai apprivoisé. Mais je les aime tous, y compris la période de « Fear, Emptiness, Despair » à « Words From The Exit Wound ». C’est une autre facette du groupe et ils ont le mérite d’avoir exprimé tout ça sans perdre leur crédibilité.
Comment s’est déroulé l’enregistrement d’ « Animalist » ? Vous avez tous bossé chacun dans votre coin j’imagine, vu l’agenda chargé de Shane avec NAPALM et Sven avec ABORTED ?
J’ai d’abord fait les batteries et les grattes dans mon studio Die Crawling. Shane a enregistré les basses du premier titre « Double Standards » chez lui et le reste on a fait ensemble, d’abord quelques morceaux sur la croisière Barge To Hell où on jouait avec nos groupes respectifs, et les autres chez moi. Quel plaisir de l’entendre parler des bons vieux jours de NAPALM, il avait des tonnes d’anecdotes marrantes ! Vraiment un mec cool et généreux, comme Sven qui a enregistré cette fois-ci aux Pays-Bas chez un pote à lui. Le morceau « Partners In Grind » du split gratuit avec TORTURE DIVISION vient de la même session. Tout ça est d’ailleurs dispo sur mon site
www.dirkverbeuren.com.
Puisqu’on parle d’ABORTED, j’imagine que tu as écouté le dernier album (« The Necrotic Manifesto ») qui ruine tout sur son passage ? Sven nous confiait récemment que c’était toi qui l’avais remotivé après la période « Strychnine.213 », quand il songeait sérieusement à tout laisser tomber …
Oui, c’était avant qu’on fasse « Coronary Reconstruction ». Sven avait galéré avec des histoires de line up. Je pense que pas mal de groupes passent par des périodes de doute, on en a discuté et je suis content d’avoir pu l’aider à ranimer la flamme. V’là les albums de malade qu’ils nous ont pondu depuis ! Ce que j’ai entendu du dernier déchire encore plus que le précédent.
En termes de contenu, « Animalist » est dans la droite lignée de « Noistalgia » tout en amenant les choses au niveau supérieur. Personnellement, j’ai vraiment apprécié le grain des guitares et l’impact des morceaux, encore plus barges et intenses. Plus aucun temps mort, un fond de jeu varié et pas mal de surprises, ce n’est pas si évident dans le grindcore d’autant plus qu’ici, on n’a aucun mal à différencier les morceaux. Comment gères-tu l’agencement du tracklisting ? Tu tentes plusieurs configurations pour voir celle qui fonctionne le mieux ?
Merci, ça fait vraiment plaisir à entendre ! J’ai expérimenté jusqu’à ce que l’ordre des morceaux me botte. Je réfléchis à la tracklist des la compo. C’est un des trucs auxquels je tiens, à ce qu’un enregistrement de BENT SEA s’écoute d’une traite en bottant du cul sévère. Ca me pousse à varier les rythmes et les tonalités. Le « Murderworks » de ROTTEN SOUND reste une référence absolue dans ce sens, comme une série de gifles qui n’en finit pas ! J’adore le grind traditionnel. Mais même « Scum » est relativement varié, au final. Perso je trouve ça plus marrant d’introduire une dynamique plutôt que de blaster au même tempo tout le long.
Je crois savoir qu’un autre split est prévu d’ici à la fin de l’année. Tu sais déjà avec quel groupe ?
C’est un groupe de grind/death qui s’appelle TO DUST composé de membres et ex-membres de BLACK DAHLIA MURDER, ABIGAIL WILLIAMS, PHOBIA et SEVERED REMAINS. J’ai écouté et ça dépote bien ! On négotie avec quelques labels pour sortir le split. Les morceaux BENT SEA proviennent des mêmes séances d’enregistrement que « Animalist » et il y en a deux sur lesquels Sylvain Coudret de SOILWORK/SCARVE a posé des solos bien monstrueux.
En 2015, tu prévois de sortir le premier album de BENT SEA. Ce sera avec quel line-up ? Est-ce qu’on retrouvera des compos de « Noistalgia » et « Animalist » ou est-ce que tu comptes n’utiliser que du nouveau matériel ?
Ca sera que du neuf. J’ai jamais trop compris l’intérêt de ressortir les mêmes morceaux dans des versions légèrement différentes. Pour les labels ça fait du produit bien sûr, mais d’un point de vue artistique ça n’a que très peu d’intérêt. Par contre, si c’est pour collectionner du NAPALM ou du BRUTAL TRUTH, là je veux bien, héhé ! Pour en revenir à l’album, le line up devrait être le même, à priori Sven et Shane sont partants. A voir si nos emplois du temps nous permettent de finir tout ça en 2015. Récemment j’ai profité d’un jour off pour passer voir Daniel Bergstrand à Uppsala et on a fini par enregistrer 43 morceaux/idées de batterie en quelques heures. Je dois réécouter tout ça, mais il se peut que v’là les fondations de l’album !
Comment se déroule l’écriture d’un morceau de BENT SEA ? Tu attaques toujours par la batterie où est-ce que cette fois tu as tout composé à partir des riffs ? Tu te sens désormais plus à l’aise à la guitare ? Quand as-tu l’occasion de pratiquer cet instrument ?
Je commence toujours à la batterie. Soit j’ai une idée de rythme qui me trotte en tête, ou alors tout simplement l’inspiration me vient et j’enregistre direct, en me laissant guider par le feeling du moment. Des fois le résultat est naze, mais j’aime bien bosser comme ça en privilégiant l’énergie spontanée. Je ne joue pas de guitare en dehors des périodes de compo pour BENT SEA. Je me sens relativement à l’aise avec ma gratte parce que c’est pas la précision technique qui compte pour moi dans ce groupe. Il y a déjà assez de zik jouée et produite à la perfection, ça devient gavant à force ! Peut-être qu’un jour j’aurai envie de commencer par des riffs mais pour le moment le procédé inverse me plait bien.
Il y a deux ans, on a eu la bonne surprise de te retrouver sur le « Plains Of Oblivion » du virtuose Jeff Loomis. Du shred avec des blasts, ce n’est pas si courant ! Comment t’es tu retrouvé sur ce projet ? Tu es fan de guitar heroes à la base ? A quand une pige chez Yngwie Malmsteen ?
J’ai rencontré Jeff en tournée avec SOILWORK. Il m’a dit bosser sur un album et m’a demandé si ça me brancherait de jouer avec lui. Jeff est un guitariste hallucinant et c’est en plus un gars trop humble et sympa, donc j’allais pas dire non ! Je suis pas spécialement fan de guitar heroes mais un bon p’tit instru, c’est pas pour me déplaire. J’ai joué avec le virtuose français Manu Livertout pendant près de dix ans et ça m’a bien botté. Il y a rien de tel qu’un épique solo de gratte, je pense à Tommy T Baron de CORONER, Trey Azagthoth, Mike Davis de NOCTURNUS, Satriani, Vai… et aussi Peter Wichers et Sylvain Coudret !
Parlons un peu de SOILWORK si tu veux bien. Je suis le groupe depuis « Predator’s Portrait », un album que beaucoup considèrent comme étant le meilleur du groupe. Même si j’aime beaucoup la paire « Natural Born Chaos/Figure Number Five », depuis « Stabbing The Drama », je trouvais que ça ronronnait un peu, que le potentiel était là sans toujours être exploité au maximum. Contre toutes attentes, c’est ce que vous avez réussi à faire sur « The Living Infinite », le meilleur album de death mélo que j’ai entendu depuis des lustres. Est-ce qu’il s’est passé quelque chose de spécial lors de son enregistrement ? Tu sentais que vous teniez un truc particulier avec ce double album ?
Merci à toi ! On a commencé à s’envoyer des idées pour « The Living Infinite » fin 2011. Dès le départ j’ai retrouvé cet esprit épique et mélodique qui s’était échappé un peu sur les albums précédents. Notamment notre nouveau gratteux David Andersson a assimilé notre son comme s’il composait pour le groupe depuis des lustres. Ca m’a bien troué le cul. Björn a aussi fait un boulot magistral. Une des grandes différences par rapport à avant, c’est qu’on a tous collaboré intensément sur chaque titre. Il y avait moins de compos faites par une seule personne. « The Living Infinite » c’est vraiment le fruit d’un travail de groupe. Quand on est en plein dedans c’est dur d’avoir du recul, mais pour moi il y avait un sens de liberté et d’enthousiasme qui n’étaient pas là avant.
En dehors de BENT SEA, quels sont tes projets pour l’année à venir ?
Je viens de lancer mes leçons de batterie. Ca s’appelle « Dirk Blasts » et j’offre des inscriptions à l’année via mon site. Il y a deux nouvelles vidéos avec PDF par mois. J’ai déjà pas mal d’élèves, c’est cool ! Les sessions d’enregistrement m’occupent aussi. J’ai récemment bossé avec THE PROJECT HATE MCMXCIX (Suède), ABYSSAL VORTEX (Singapore), FALL (Texas), ARBITRATOR (Canada), AREA 51 (Japon) et PULSE OF NEBULAE (Lettonie). J’ai aussi enregistré le nouvel EP des excellents TALIANDOROGD de Bretagne ; et j’ai réussi à convaincre Christopher d’EOSTENEM de refaire quelque chose ensemble. En live j’ai fait quelques dates avec SATYRICON, l’éclate ! Il se pourrait qu’il y en ait d’autres, je croise les doigts. Là on arpente les festivals d’été avec SOILWORK, on va aussi jouer au Loud Park à Tokyo en Octobre. Pour 2015, il y a déjà des projets de clinics de batterie. Bref, mon calendrier déborde !
Comme d’hab, on te laisse t’adresser directement à nos lecteurs. Une annonce à faire ? Un coup de cœur musical à partager ? Les derniers mots sont pour toi …
Au Hellfest j’ai eu le plaisir de croiser les BLOCKHEADS que je suis de près ou de loin depuis mon arrivée à Nancy en 1993. Leur dernier album est impressionnant. Ca fait plaisir de voir qu’ils continuent à tout détruire, sur Relapse en plus ! Je reste aussi en contact avec les MORTUARY qui préparent leur cinquième album. Ce groupe tue, leur démo « The Mortified Faces » me fait toujours autant tripper ! Ils méritent d’être bien plus connus. En tout cas la scène Nancéenne semble en bonne santé, en espérant qu’on arrive bientôt à faire quelque chose avec Scarve.
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