Opeth + Burst
Live report
Opeth + Burst Le 11 Décembre 2005 à Lyon, France (Transbordeur)
Cela faisait un moment qu’on savait qu’ils allaient venir honorer notre ville par leur passage, deux ans après leur précédente venue. Alors qu’à cette époque, leur public plus restreint les avait contraint à jouer dans la petite salle du Transbordeur, cette avec honneur, pour ce 11 décembre 2005, que nous leur avons ouvert les portes de la grande salle. A la surprise générale, car beaucoup pensaient qu’ils étaient restés méconnus, celle-ci fut presque comble et nous avons donc constaté que nous étions beaucoup à les avoir attendus, eux, les dieux suédois d’une musique incomparable, j’ai nommé, Opeth.
C’est le jeune groupe Burst qui ouvre le concert. Après un début un peu hésitant, le temps que le groupe, tout comme le public se mette dans l’ambiance, Burst a révélé la qualité d’un hardcore chaotique aux multiples variations de rythme assez intéressantes. La prestation scénique du groupe était un peu timide, surtout de la part du chanteur qui avait un peu de mal à se lâcher, mais dans l’ensemble ce fut une première partie agréable et de circonstance ; certains passages plus lents dans la musique de Burst introduisaient un peu à l’ambiance que les suédois allaient ensuite développer. La seule surprise fut la courte durée de cette première partie. Au bout d’à peine une demi-heure, le groupe a pris congé de son public pour laisser la place à notre tête d’affiche tant attendue.
Contrairement à ce que je redoutais, Opeth ne nous a pas fait patienter trop longtemps.
Les rangs commençaient à se resserrer, on voulait approcher de la scène, être au plus près des musiciens qui sont soudainement entrés sur scène les uns après les autres, en levant leurs verres, le sourire aux lèvres. Martin Lopez étant malheureusement malade et c’est donc Martin “Axe” Axenrot de Bloodbath qui l’a remplacé derrière les fûts.
Sans un mot, ils ont empoigné leurs instruments et entamés les premières notes de « Ghost of Perdition », premier titre de leur dernier album, « Ghost Reveries ». Le son était puissant, propre et profond, mais le plus impressionnant était le chant de Mikeal. Les passages de sa voix death gutturale à sa voix claire, douce et mélodieuse se faisaient avec un naturel inimitable et avec une précision à nous laisser admiratifs et rêveurs.
Ils ont fait jaillir l’émotion dès ce premier titre en accentuant l’harmonisation du passage aérien de cette chanson. La musique d’Opeth a alors pris une autre dimension, plus astrale, plus profonde, accentuée par le volume sonore, par les lumières tantôt fluides et tamisées, tantôt froides et brutales, suivant à la perfection les humeurs de la musique et par les musiciens, à la présence sobre mais si charismatique. Tels des monstres sacrés, les musiciens d’Opeth jouent-ils avec la plus touchante humilité. Les guitaristes venaient souvent au devant de la scène, jouer. Le bassiste plus en retrait avait une posture de jeu impressionnante qui savait très bien user de sa longue chevelure ondulée.
Ils enchaînent ensuite avec un titre beaucoup plus ancien, tiré de l’album, My Arms your Hearse. "When" introduit donc la suite du concert. Le public est assez réactif et s’agite aux premières cassures de rythme. Il y a eu quelques pogos gentillets ainsi que quelques slams, un peu inutiles qui ont parfois perturbé l’écoute et le suivi de la musique.
Quand on va voir des groupes comme Opeth, dont l’ambiance est très alternative, on s’attend évidemment à ne pas trouver le même dynamisme sur scène que pour des groupes de heavy. Mais on ne perd rien au change quand on sait apprécier la mélancolie et la langueur de cette musique. On écoute, on est bercés, on est alors entièrement disponible et c’est sans rencontrer la moindre résistance qu’entre en nous l’essence émotionnelle de la musique, jouée avec assurance et simplicité. Le public et les musiciens étaient alors en parfaite communion, tous là pour apprécier la même chose et ce concert nous a livré des passages très forts en émotions partagées.
On aura aussi pu apprécier le riff majestueux de "The Baying of the Hounds " qui a pu déployer toute sa puissance, comme pour les chansons " Bleak", " White Cluster", tirée" du seul album rouge de leur discographie", comme le dit Mikeal, Still Life.
Simplicité dans le jeu et la présence mais aussi dans la façon qu’à Mikeal de s’adresser au public. Avec un humour singulier, il n’hésitait pas à prendre son temps pour parler à tous ceux qui sont venus les voir, à tous ceux qui les soutiennent, depuis le début, ou tout récemment, bref, à nous, leur public qui grossit à chaque sortie d’album. Quand il ne nous remerciait pas, Mikeal lançait un défi à son audience : faire de meilleurs grunts que lui ! Les hommes de la salle ont eu beau s’égosiller, aucun n’est parvenu à reproduire le son rauque et chaleureux de la voix du chanteur… Et puis Mikeal s’amusait avec nous, grognait et aboyait pour le plus grand plaisir de l’auditoire qui l’imitait et pendant quelques minutes, nous n’étions plus dans une salle remplie de metalleux, tous plus sombres les uns que les autres, mais dans une véritable basse-cour. Les membres du groupe nous regardaient, amusés, ravis de voir qu’en France on a de l’humour !
Et puis, on replonge. C’est troublant de se rendre compte combien on peut, si rapidement, passer du rire aux larmes. Leur setlist était très bien préparé, piochant dans leurs anciens albums, à l’exception de Morningrise, ce qui est dommage, des chansons toutes plus chargées en émotions les unes que les autres. C’est avec délice que nous avons pu apprécier la magnifique et planante "Under the Weeping Moon" tirée de leur tout premier d’album Orchid. Mes yeux ont été brouillés par la mélancolie solitaire de cette chanson, tout comme sur " A fair Judgement " où la voix de Mikeal, presque seule dans la lumière, est très touchante par sa grâce et sa fragilité.
Deliverance fut le rappel qui clôtura le concert.
Ils ont joué pratiquement deux heures. Deux heures qui sont passées si vite. Pas à un seul moment nous nous sommes ennuyés, nous n’avions pas vus le temps passer et nous aurions bien voulu qu’ils continuent, qu’ils restent ainsi à jouer, pour qu’on s’évade encore dans leur univers.
On ressort d’un concert comme celui-ci assez troublés, silencieux, peut-être un peu mélancoliques, les notes tristes résonnant encore dans nos oreilles alanguies.
Setlist :
GHOST OF PERDITION
WHEN
BLEAK
WHITE CLUSTER
THE GRAND CONJURATION
CLOSURE
UNDER A WEEPING MOON
THE BAYING OF THE HOUNDS
A FAIR JUDGEMENT
*DELIVERANCE
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