Tout d’abord, il s’agit de ne pas confondre le Gibus, le Gibus Club et le Gibus Café. Si le Gibus et le Gibus Club sont géographiquement dans le même lieu (18 Rue du Faubourg du Temple), le premier est une salle de concerts recevant une variété de groupes (dans tous les styles de musique) tandis que le deuxième est davantage un club gay parisien… Mais ce soir il s’agit du Gibus Café, 127 Rue St-Maur : un espace plus petit que son homonyme, mais également plus intime. Et comme la taille n’est pas forcément synonyme de qualité (de son), je n’avais pas d’appréhension particulière, non. A l’évidence, j’essayais plutôt d’imaginer comment un groupe comme
Orakle ou
Idensity (de 5 ou 6 musiciens) allaient tenir sur l’étroite scène…
Mais c’est d’abord
GaidjinN, groupe encore inconnu de mes oreilles, qui démarre la soirée. Si leur nom à consonance orientale et japonisante (Djinn et Gaijin) invite au voyage, l’intro chamanique lancée dans les baffles confirme la volonté du groupe à nous transporter ailleurs. En témoigne également l’effort porté sur l’apparence des musiciens : maquillage, lentilles blanches ou capuches sombres dissimulant le visage (et renvoyant aux tenues d’infiltrations ninjas) formant un ensemble cohérent et appréciable – bien loin de l’amateurisme – et permettant immédiatement de se plonger dans le concert.
We the Blood démarre en force avec un riff de guitare au
groove efficace, bien épais, aussitôt appuyée par la basse et la batterie. Le son est plutôt bon malgré un manque de basses de guitare. Il s’affinera d’ailleurs au fur et à mesure du set. La formule musicale de
GaidjinN fonctionne, portée par des musiciens à la technique plutôt impressionnante (notamment un bassiste bluffant, variant avec une facilité déconcertante les techniques de jeu). Le chanteur, lui, assume parfaitement son rôle de leader. Engagé et théâtral, il transmet toute son énergie au public… qui apprécie ! Et s’il prendra quelques chansons à trouver son chant clair (parfois maladroit), sa voix gutturale elle, sera immédiatement maitrisée.
Swarming Creatures est probablement la chanson qui aura le plus retenu mon attention. D’abord grâce à sa formidable partie instrumentale «
catchy » littéralement dévastatrice – qui fera sauter le public – mais aussi ses ambiances mélodiques parsemant le morceau et apportant une touche grandiloquente voire dramatique à l’ensemble. Un morceau complet en somme, semblant résumer parfaitement le savoir faire du groupe. Le concert se clôture et force est d’admettre que
GaidjinN a parfaitement rempli son rôle de première partie, titillant ma curiosité avec son metal progressif moderne saupoudré de riff djent. Je dois, cela dit, avouer une forme de regret quant au manque de cette ambiance « japonisante et orientale » implicitement promise. Si la musique de
GaidjinN est de qualité, elle reste cantonnée à un genre prégnant, dans l’air du temps, et gagnerait énormément à risquer ce voyage. A ce que j’ai vu, le groupe en à mille fois les capacités !
1. We the Blood
2. Redemption
3. Deeper Underground
4. Swarming Creatures
5. Dying for the Love of God
6. Living for the Love of us All
Après avoir littéralement dévoré
Eclats, le dernier album pépite d’
Orakle – chaleureusement chroniqué par mes soins – j’avais enfin la possibilité de voir le groupe en concert et savourer sa musique en chair et en os. Faire un album est une chose mais le traduire en live est une autre paire de manche surtout lorsque la musique atteint un tel degré de complexité et de richesse. Car celle d’
Orakle est justement particulièrement fragmentée et déconstruite, faite d’agrégats compilés en un tout cohérent (et de qualité !) mais pas aisément domptable. Sans appréhension aucune – plutôt excité en fait – j’avais hâte de voir comment le groupe s’en sortirait...
C’est
Solipse, premier titre de
Eclats, qui lance la danse. Son riff d’introduction aux guitares entremêlées est immédiatement captivant. La musique coule, retranscrite comme elle se doit, avec un son de bonne facture permettant de saisir les nuances de chaque instrument. Et si le texte français n’est pas facilement compréhensible aux premiers abords, un petit effort de concentration de la part du public suffit à saisir les paroles. Hé oui, la musique d’
Orakle n’est pas de celles qu’on s’approprie en un coup d’ouïe : c’était le cas en album et cela se révèle maintenant en concert.
Bouffon existentiel en est peut être le meilleur exemple, tant sa structure musicale atteint des summums de complexité et de variété de couleurs. Un profane aura donc peut être des difficultés à comprendre ce qu’il se passe… Pour les autres, c’est le plaisir assuré ! On pourra d’ailleurs à mainte reprise surprendre le public avec les paroles du groupe en bouche. Sur scène, les musiciens sont excellents. Impressionnants de technicité, ils ne cherchent pas à démontrer, préférant se placer humblement au service de la musique. L’attitude scénique va avec. En retenu.
Fréderic Gervais – bassiste et chanteur du groupe – assume quant à lui parfaitement ses parties vocales malgré une gorge qu’il m’a avoué en piteux état avant le concert. Si la
setlist se concentre majoritairement sur le dernier album, les cinq musiciens auront également le bon gout de proposer deux titres du précédent opus qu’est
Tourments & Perdition (datant déjà de 2008).
Dépossédés et
Les Mots de la Perte permettent – sans pour autant trancher avec les nouveaux morceaux – de mesurer l’évolution d’
Orakle. Préambules à la déconstruction d’
Eclats, et possédant déjà les ingrédients de son évolution, la musique s’identifie plus comme un black metal au progressisme encore contenu. « Plus efficace » (sans connotation péjorative) et plus accessible, ces deux morceaux se révèleront des instants particulièrement jouissifs dans la
setlist : des sortes de respirations épiques, aux phrasés empreints de noirceur et aux mélodies captivantes. En bref, du bon ! Le concert se clôturera face à un public enthousiaste, prouvant qu’
Orakle, ça n’est pas QUE bon en CD. Et s’il est évident que la qualité du son est indispensable pour un tel groupe, elle n’aura pas fait défaut ce soir. La chanson
Incomplétude(s) manquant à l’appel (pépite que j’affectionne particulièrement) j’ai en plus une raison pour retourner les voir en live. Elle est pas belle la vie ?
1. Solipse
2. Bouffon existentiel
3. Dépossédés (Le Miroir sans Tain)
4. Nihil Incognitum
5. Apophase
6. Aux Eclats
7. Les Mots de la Perte
Idensity en première partie de
Hypno5e et
Trepalium en mars dernier m’avait laissé un fort bon souvenir. Après avoir plus amplement écouté leur dernier album
Chronicles (datant déjà de 2013), j’étais content de revoir le groupe avec des oreilles plus mûres. L’introduction instrumentale résonne dans les enceintes lorsque le groupe – déjà à l’étroit – est rejoint par la violoniste :
Over the Abyss lance alors les hostilités d’un méchant riff de guitares. La puissante voix du chanteur
Chris (maitrisant parfaitement le chant gutturale et mélodique) vient alors se poser sur un ensemble instrumental de guitares, basse et violon. Véritable socle qui pourrait se suffire a lui même, cet ensemble orchestral varie avec goût les instants de pure énergie, de rage, et les atmosphères créées à coup d’archet. La chanson se termine sur un passage épique – probablement mon préféré de l’album – harmonisé d’arpèges furieux à la guitare. La proximité des musiciens entre eux, avec les inconvénients évidents que cela peut engendrer, permet pourtant d’insuffler au groupe une énergie très positive : les six sont ravis d’être là, et ça se sent ! Le public profitera et participera d’ailleurs à cet esprit à coup de va-et-vient de nuques, de larges sourires et d’applaudissements.
The Seven Seals ou
Antikhristos verront la violoniste couronner la musique d’une voix suprêmement lumineuse et latinisante, tranchant alors avec la sombre et lancinante introduction de
Sekhmet. D’un titre et d’un riff de violon faisant immédiatement traverser la méditerranée,
Sekhmet instaurera une lourdeur et une gravité particulièrement adéquate à ce « death metal symphonique » : il insufflera avec justesse du dramatique dans un genre justement théâtralisé et théâtralisant. Le son est plutôt bon et ira dans le sens de la musique, même si, pour un groupe accumulant autant de strates musicales, sa qualité n’est jamais assez bonne pour saisir toutes les subtilités qu’offrent les chansons. Le set se clôture sur le mémorable
Annunaki aux couplets des plus entrainants «
It’s the undergods’ revolution… », et à l’outro cinématographique, grandiloquente au possible. Me convaincant pour la seconde fois,
Idensity prouve ce soir qu’il peut jouer sur une scène microscopique… et le faire avec classe !
1. Chronicles
2. Over the Abyss
3. The Seven Seals
4. Typhon
5. Sekhmet
6. Antikhristos
7. Loki
8. Annunaki
ps : merci à Cherry pour ses photos !
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