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Legacy Of The Beast European Tour 2018

Live report

Legacy Of The Beast European Tour 2018 Iron Maiden + The Raven Age
Le 05 Juillet 2018 à Paris, France (Bercy)
Croyez-le ou non mais du haut de mes trente-huit balais, je n’avais encore jamais vu IRON MAIDEN en concert. Pourtant, cela fait un petit moment que l’on se connaît lui et moi, depuis l’âge de dix ans en fait mais entre mon désintérêt pour les Anglais au milieu des années 90 (tout album confondu, il n’y en avait à l‘époque que pour le Hardcore), ma situation géographique jusqu’au milieu des années 2000 et mon manque d’intérêt persistant pour toutes leurs sorties depuis Fear Of The Dark (corrigé néanmoins depuis celle du très bon The Book Of Souls), il n’y a pas à chercher bien loin les raisons de ce qui peut sembler un affront au Heavy Metal voire au Metal en général.
Pourtant, l’idée d’assister au moins une fois dans ma vie à un concert de la Vierge de Fer trottait évidemment dans ma tête depuis déjà pas mal d’années mais entre le fait que je n’ai pas mis les pieds au Hellfest depuis maintenant douze ans, que l’idée de les voir au Download ne me branchait guère et que je suis tout simplement un peu con (je viens de voir la setlist à Bercy en 2013 et je m’en mords les doigts aujourd’hui...). Bref, tout un tas d’excuses plus ou moins valables derrière lesquelles je tente tant bien que mal de me cacher.

Du coup, lorsque le groupe a annoncé en fin d’année dernière ses plans pour une nouvelle tournée baptisée "Legacy Of the Beast Tour", je n’ai pas hésité une seule seconde et ai donc acheté ma place dès le premier jour de la mise en vente. D’autant qu’avec un nom pareil, je nourrissais comme beaucoup d’autres l’espoir d’une setlist best-of axée sur les premiers albums du groupe. Un espoir confirmé dès la première date de la tournée débutée fin mai en Estonie.

Direction Bercy ou devrais-je plutôt dire l’AccorHotels Arena puisque c’est ainsi qu’il a été tristement rebaptisé fin 2015. Naturellement, il y a du monde partout et un nombre absolument incalculable de t-shirts IRON MAIDEN porté aussi bien par des gamins d’à peine dix ans que par des vieux briscards de plus de soixante-dix balais. Et ça ne risque pas de s’arrêter vu tous les gens qui font la queue aux quelques stands de merch et qui d’ailleurs s’empressent de revêtir leurs récentes acquisitions. Mais il est bien connu que le fan de Maiden a sa raison que la raison ignore.

En guise de première partie IRON MAIDEN nous propose un groupe anglais du nom de THE RAVEN AGE dans lequel officie George Harris, fils de… Steve Harris bien sûr ! (Après avoir placé sa fille en 2011, il semblait naturel qu’il en fasse autant pour le fiston). Alors forcément, avec de tel lien de parenté il est facile de se retrouver catapulté en première partie du meilleur groupe de Heavy Metal du monde devant un nombre de spectateurs particulièrement affolant (même si cette première soirée parisienne n’affichait pas complet). Mais même avec la progéniture de Harris à la guitare, on ne peut pas dire que THE RAVEN AGE soit particulièrement digne d’intérêt... En dépit d’un nom qui pourrait légitimement faire penser à un groupe de Heavy Metal, les jeunes anglais officient dans un tout autre registre, celui d’un Metalcore mélodique extrêmement médiocre et gênant. On se croirait revenu au pire des années 2000. Il ne manquait plus que les coupes de cheveux moisies et on y était. Evidemment, je n’ai pas fait long feu devant un tel spectacle et j’aurais clairement préféré voir Killswitch Engage (au moins, on aurait eu une reprise de Dio et de vrais titres de Metalcore).

Annoncé pour 20h40, IRON MAIDEN ne fera son entrée sur les planches qu’un tout petit peu avant 21h00. D’abord au son de "Doctor Doctor" du groupe UFO puis sous l’éternel discours de monsieur Winston Churchill. Le public, chauffé à blanc, ne se fait pas prier pour accueillir les Anglais sous un tonnerre d’applaudissements et de cris hystériques alors même que ces derniers ne se sont pas encore montrés. Connu pour ses mises en scène délirantes, IRON MAIDEN ne va pas faillir à sa réputation. C’est ainsi dans l’ombre d’un véritable Spitfire de l’armée anglaise suspendu au plafond et capable de bouger sur lui-même que les membres du groupe font leur apparition. Le public de Bercy peut alors découvrir toutes les subtilités du décor. En guise de backdrop, on distingue ainsi une large tenture représentant un ciel dans lequel va naturellement s’intégrer cet avion de la seconde guerre mondiale. De chaque côté de la scène est également flanqué un militaire en tenu de camouflage couleur sable alors que tout le matériel est quant à lui dissimulé et dans un premier temps recouvert par des bâches militaires. Un décor qui va évoluer tout au long de la soirée et ainsi changer entre chaque morceau afin de mieux coller à l’atmosphère et aux paroles. Alors que le speech de Churchill touche à sa fin, les premières notes de "Aces High" résonnent. Les six larrons font alors leur apparition avec en chef de file un Bruce Dickinson déjà bien en forme, vêtu d’un pantalon de cuir moulant et avec vissé sur la tête un vieux casque d’aviateur. La fête peut alors commencer et je peux vous dire que la réponse du public est immédiate alors qu’à l’exception du pauvre Nicko McBrain caché derrière sa batterie elle-même cachée par ces fameuses bâches, tous les musiciens arpentent la scène en long, en large et en travers. Pour ma part, j’ai des frissons partout alors que pour la première fois en vingt-huit ans je me retrouve face à ces musiciens que j’ai découverts alors que je n’étais qu’un gamin. Je ne suis pas du genre sentimental mais je peux vous assurer que ça fait quand même un petit quelque chose d’avoir en face de vous des mecs qui ont accompagné vos premiers pas dans le Metal. De la voix impeccable de l’énergique et intenable Bruce Dickinson (malgré l’âge et les problèmes de santé) à l’indéboulonnable Steve Harris qui porte toujours aussi bien le short et sa longue tignasse en passant par Dave Murray un peu plus rond qu’avant mais à la bouille toujours aussi sympathique sans oublier non plus Janick Gers et ses étirements improbables, Adrian Smith tout en sobriété mais aux solos divins et bien sur le rigolo Nicko McBrain que l’on peut quand même apercevoir grâce aux deux écrans géants situés à chaque extrémité de la scène, j’ai l’impression d’avoir à nouveau dix ans !
Passé cette entrée en matière fracassante, l’intensité ne faiblit pas d’un poil, bien au contraire. Alors que l’arrière-plan se déroule pour laisser place à une télécabine en feu et à un bastion de pierre au cœur d’une montagne enneigée, IRON MAIDEN entame alors "Where Eagles Dare". Bruce a trouvé place sur la partie haute de la scène qui lui est entièrement réservée. Il porte cette fois une chapka et une veste militaire blanche d’homme des neiges. C’est simple mais on appréciera à chaque fois l’effort fait en ce sens. Puis vient l’excellent "2 Minutes To Midnight" dont tout Bercy va reprendre le refrain à l’unisson. Quel pied ! D’autant que le son est vraiment bon (même si j’aurais aimé un peu plus de guitare quand même). Trois titres, trois tubes et tout cela en l’espace d’un petit quart d’heure. Le groupe va ensuite faire une petite pause, laissant alors Bruce Dickinson s’adresser au public dans un français presque impeccable. Le pilote polyglotte va alors évoquer le thème principal abordé jusque-là à travers ces trois premiers titres et les deux à venir à savoir la guerre et le prix de la liberté, faisant ainsi référence au conflit ayant opposé l’Angleterre à l’Ecosse puis à Braveheart afin d’introduire l’épique et très prenant "The Clansman". Un titre de plus de neuf minutes qui s’ouvre par la basse acoustique de Steve Harris. Génial d’autant plus qu’il s’agit d’un titre que je ne connais pas (et oui, je n’ai jamais écouté Virtual XI). S’ensuit alors "The Troopers", véritable tube des années 80 sur lequel un Eddie géant dans son uniforme va faire son entrée sur les planches avec à la main sa fameuse rapière. Non loin, Dickinson a lui aussi récupéré une épée et s’apprête à affronter Eddie lors des quelques moments où il n’a pas à chanter. Ouais, c’est peut-être un peu kitsch mais merde, ça fonctionne quoi !

Bon, je ne vais pas vous faire un track by track de la soirée car je vais en avoir pour des plombes mais sachez juste qu’IRON MAIDEN nous a véritablement gâté en axant sa setlist sur une majorité de titres issus des premiers albums. On regrettera cependant l’absence de morceaux issus de Killers et de Somewhere In Time. Ainsi, après l’imparable "The Trooper", le groupe a enchaîné avec l’un de mes titres préférés, l’incroyable "Revelations", ces mélodies à vous hérisser le poil suivie par cette accélération à laquelle se succèdent d’excellents solos partagés ici par les trois guitaristes. Pouah, j’en avais presque les larmes aux yeux tellement c’était parfait ! Va ensuite venir une triplette qui m’était encore inconnue avec les très bons "For The Greater Good Of God" (dans un décor d’église à faire pâlir le Vatican), "The Wicker Man" et "Sign Of The Cross" durant lequel Dickinson se trimbalera avec une croix truffée d’ampoules lumineuses. Vingt-cinq minutes plus posées avant d’entamer la fin du set par quatre tubes en puissance. D’abord l’excellent "Flight Of Icarus" durant lequel Dickinson va faire joujou avec un double lance-flamme portatif. On aurait dit un gamin qui venait d’avoir le jouet tant attendu pour Noël. Le voilà à courir dans tous les sens sur son estrade en balançant de petits jets de flammes etc... Seul regret, l’absence d’Icarus censé descendre comme le Spitfire et ainsi se fondre dans le backdrop plein de nuages. Problème technique qui privera ceux déjà au courant de sa présence et laissera les autres dans l’ignorance la plus totale puisque le groupe n’en a pas fait mention. Viendra ensuite "Fear Of The Dark" dont la superbe introduction ainsi que le refrain seront repris par tout le public. Un véritable moment de communion à donner des frissons. Mais ce n’est rien comparé à "The Number Of The Beast" qui va véritablement électriser toute la salle ou encore l’excellent "Iron Maiden" et son refrain absolument imparable ("Oh well, wherever, wherever you are Iron Maiden’s gonna get you, no matter how far...") une fois encore scandé par un Bercy totalement acquis à la cause des Anglais. Mais voilà, toutes les bonnes choses ont une fin et après de brefs remerciements, IRON MAIDEN reprendra la direction des loges dans le noir le plus total. Un noir qui va persister, laissant ainsi peu de doutes sur la suite des événements.

En effet, la Vierge de Fer revient alors pour son baroud d’honneur. Trois titres très attendus par les fans à commencer par l’excellent "The Evil That Men Do". Suivra ensuite "Hallowed Be Thy Name" d’anthologie et un autre incontournable, l’épique et ultra catchy "Run To The Hills". Un titre absolument parfait pour mettre un terme à cette soirée. Alors que les lumières de la scène se rallument, les musiciens viennent saluer le public, lancer quelques médiators ou baguettes en guise de souvenir. Un moment sympathique où chacun sourit de bon cœur. Et alors que tout le monde a repris le chemin des loges et que seul Nicko McBrain reste là à remercier le public, voilà que Dickinson revient en douce pour lui baisser son froc, le laissant là cul nu face à une salle archipleine. Heureusement pour lui comme pour nous, l’ancien batteur de Trust porte un t-shirt suffisamment long pour cacher ses bijoux de famille même s’il s’amusera de monter un bout de son cul. En tout bien tout honneur.

Pour ce premier concert je pouvais difficilement rêver mieux. Evidemment, j’aurais aimé entendre encore d’autres titres en plus de ceux déjà joués ce soir mais il aurait fallu deux ou trois heures de plus pour cela. Non, ce concert était vraiment incroyable. Incroyable parce qu’enfin j’ai pu voir IRON MAIDEN et ainsi entendre ces morceaux qui ont bercé ma jeunesse et qui continuent aujourd’hui de m’accompagner. Mais aussi parce qu’un groupe qui après plus de quarante ans de carrière conserve cette passion, cette énergie, cette légèreté et cette efficacité, j’en connais bien peu. On pourra dire ce que l’on veut à leur sujet, penser qu’il s’agit d’un groupe de vieux hardos pour vieux hardos mais ces gars méritent un respect éternel pour ce qu’ils ont accompli tout au long de leur carrière et pour ce qu’ils sont encore capables d’accomplir à leur âge tous les soirs pendant ces longues tournées de plusieurs mois. Merci de mettre autant de cœur et de passion à l’ouvrage et de faire de ces moments de véritables souvenirs à chérir. Rockeur au cœur tendre ? Peut-être...


Setlist :

- Doctor Doctor (UFO song)
- Churchill's Speech

01. Aces High
02. Where Eagles Dare
03. 2 Minutes To Midnight
04. The Clansman
05. The Trooper
06. Revelations
07. For The Greater Good Of God
08. The Wicker Man
09. Sign Of The Cross
10. Flight Of Icarus
11. Fear Of The Dark
12. The Number Of The Beast
13. Iron Maiden

Encore:
14. The Evil That Men Do
15. Hallowed Be Thy Name
16. Run To The Hills
- Always Look On The Bright Side Of Life (Monty Python)

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