Diocletian + Fin + Funeral Desekrator
Live report
Diocletian + Fin + Funeral Desekrator Le 07 Août 2018 à Paris, France (Le Klub)
Il fallait s’armer de courage en ce 7 août 2018 pour affronter les températures caniculaires sévissant sur Paris et se motiver à rester dans les bas-fonds du Klub que je supposais déjà être un sauna naturel tropical à 80 % d’humidité, mais sans les palmiers et la mer pour se rafraîchir. Je m’alarmai davantage lorsque le sold-out fut annoncé sur l’event FB l’après-midi même et je présumai déjà de la promiscuité inévitable que l’afflux du public ne manquerait pas d’engendrer. Ceci étant, un sold-out pour ce genre de plateau en plein mois d’août en dit long sur l’appétit des metalheads parisiens et la bonne santé de la scène underground, je n’allais donc pas m’en plaindre !
A ma grande satisfaction, la température est tout à fait acceptable lorsque je descends dans le sous-sol du Klub alors que FUNERAL DESEKRATOR monte sur scène. Une surprise m’y attend puisque je découvre, ébahie, qu’il s’agit d’une jeune femme derrière le micro. J’avais pourtant pas mal écouté ces derniers jours leur seule et unique démo, First Desekration, sortie en 2017 chez Atavism Records et jamais je n’avais pas remarqué ce « détail ». Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle a envoyé du bois, Kriegar (eh oui, il suffisait de lire plus attentivement la fiche Metal Archives…) et a su faire montre de sérieuses capacités vocales et d’une aisance scénique indéniable avec une bonne occupation de l’espace (pourtant très étriqué) et une gestuelle assurée, tandis que les backing vocals sont assurés presque timidement par les deux guitaristes. Les codes du genre sont respectés avec son lot de cuirs, de cartouchières et de peintures corporelles pour un set de Black/Thrash fort sympathique. La démo, dont les morceaux passent très bien en live, sera jouée en intégralité, auxquels s’ajouteront, pour clore la prestation, de nouvelles compositions. Le set perdra cependant un peu en efficacité et en énergie et aura tendance à s’essouffler en raison notamment de problèmes récurrents de son (une guitare devenue inaudible), ce qui aura le don d’agacer visiblement Kriegar. Nul doute qu’en engrangeant de l’expérience et à force de travail, le groupe gagnera en âpreté et en maturité, car il semble avoir devant lui une marge de progression : le potentiel est là. Une fois de plus, la preuve est faite que le Black/Thrash est un style qui a le vent en poupe parmi les jeunes formations françaises et qui se révèle pleinement en live. Voilà un groupe que je verrais bien sur une prochaine affiche du FOREST FEST. A suivre donc !
Le duo américain de FIN propose un Black Metal classique mais de bonne facture, et s’avère prolifique avec pas moins de trois albums en quatre ans. La mise en scène est sobre : l’unique guitariste/chanteur se positionne à gauche de la scène, légèrement de biais, la batterie occupe l’espace central, et les artifices tels que le make-up ou les accessoires sont totalement absents. Ce sont deux jeunes hommes, en simple chemise noire cintrée et aux visages doux et calmes, dont l’un aux allures de d’Artagnan avec son petit bouc pointu et ses cheveux mi-longs en la personne de M.K., chanteur/guitariste. J’ai particulièrement apprécié le haut degré d’application et d’implication de ces deux musiciens qui réalisent le tour de force d’enchaîner des morceaux aux compositions somme toute assez uniformes, même d’un album à l’autre, sans susciter le moindre sentiment de lassitude. Le rendu de leur prestation gagnerait sans doute en densité s’ils s’adjoignaient les services d’un second guitariste pour laisser souffler une seconde M.K. occupé à gratouiller ses cordes à un rythme effréné tout en assurant un chant de qualité. D.F.K. n’est pas en reste avec des longues plages de blast beats entrecoupées de breaks et de mid-tempos bien intégrés. FIN a quelque chose de DELETERE (décidément, le FOREST FEST est toujours dans mon esprit !) en plus mélodique et plus raffiné, mais non dénué de souffle. Une très bonne prestation servie par des musiciens investis tant il peut être périlleux de se trouver à deux pour tenir la baraque.
Changement de registre et d’ambiance, sous des lights rouges fixes, à l’arrivée de DIOCLETIAN, quatuor néo-zélandais qui n’était pas venu prôner l’amour du prochain et c’est tant mieux car ce n’est pas cela que l’on attend d’eux. Capuches, piques et spalières, tout l’attirail guerrier des combattants du Christianisme était de sortie et le moins que l’on puisse dire, c’est que c’était brutal, sauvage et bestial, surtout dans la minuscule fosse où les mouvements incessants du pit ont hélas parfois laissé place à de véritables coups, sous l’œil scrutateur et vaguement interloqué des musiciens. Le pied de micro a eu du mal à rester en place et je n’ai eu de cesse de surveiller mes arrières, mes avants, ma gauche et un peu moins ma droite, m’étant mise partiellement à l’abri contre un pilier. La musique de DIOCLETIAN est un concentré de bestialité destiné à assouvir les besoins des passionnés de violence dont je fais passivement partie. Étonnamment, l’attitude du public contraste avec celle des musiciens, plutôt statique et concentrée : les regards sont certes noirs et fixes, quelques poings sont levés à l’occasion, B.S. nous gratifiera même de plusieurs remerciements en français, mais point de grimaces ou de harangues rageuses. Ils n’en avaient pas besoin pour nous offrir une prestation de qualité où les titres se sont enchaînés sans temps mort (impossible de définir avec précision la composition de la setlist tant on s’en est pris plein la tête en continu) ni répit pour les pauvres fans que nous étions, accablés par la chaleur suffocante qui a fini par bien s’installer. J'ai souffert avec ce batteur, visage crispé et ruisselant, yeux clos, veines et muscles du cou gonflés à bloc, mais qui n'a pas failli une seconde dans sa difficile mission de massacre de fûts. Quand sauvagerie belliqueuse et classe virile se rencontrent, l’on assiste à des shows comme celui-ci, qui m’a rappelé, dans une moindre mesure, ceux de REVENGE (excellentissimes au METAL MEAN FESTIVAL 2015 et au NETHERLANDS DEATHFEST 2016, ou encore à celui d’ANGELCORPSE au METAL MEAN FESTIVAL 2017) à l’exact opposé d’un BLASPHEMY, qui a perdu toute crédibilité à mes yeux au vu de ses prestations au NETHERLANDS DEATHFEST 2016 et au FALL OF SUMMER 2017, alors qu’ils font figure de porte-étendard du genre. Un seul petit regret, celui de ne pas entendre Werewolf Directive et son riff assassin, rappelant le martèlement des clous s’enfonçant dans la chair des martyrs chrétiens sur injonction de l’empereur romain Dioclétien. Le set s’est clôturé sur deux nouveaux titres qui annoncent certainement l’arrivée du successeur de Gesundrian, sorti (déjà) en 2014.
Ce fut donc une très bonne soirée (dont le point d’orgue fut incontestablement ma première rencontre avec AxGxB et Keyser) avec un plateau comme je les aime : une jeune formation, en l’occurrence, de la scène Black/Thrash locale, à qui il est important de donner une chance de se faire connaître et de s’aguerrir sur les planches, un groupe de Black aux références traditionnelles solides, et pour finir, une valeur sûre de la scène Black/Death, certes un peu plus confidentielle, mais qui a su ravir le public adepte de War Metal.
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