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LADLO Fest 10th Year Anniversary - Jour 1

Live report

LADLO Fest 10th Year Anniversary - Jour 1 Aorlhac + Arkhon Infaustus + Heir + Monolithe + Moonreich + Pénitence Onirique + Regarde Les Hommes Tomber
Le 06 Octobre 2018 à Nantes, France (Maison de Quartier de Doulon)
Laissez-moi vous raconter une drôle d'histoire. Je n'ai jamais été un grand amateur de black metal - et mes amis ayant participé au festival avec moi et qui lisent sûrement ces lignes rient car ils connaissent la suite - et ne me suis jamais réellement intéressé à une quelconque scène, les deux seuls genres que j'apprécie étant le black atmosphérique assez raw, Paysage d'Hiver en figure de proue, et le post-black (quel hipster!). Je ne suis cependant pas un étranger au report et je me suis déjà prêté à cet exercice quelques fois par le passé, juste pour moi.

J'avais bien évidemment déjà entendu parler des Acteurs de l'Ombre, soit par le biais d'amis, soit par mes recherches qui m'ont amenées vers des groupes pour lesquels j'ai eu un coup de coeur comme Aorlhac, The Great Old Ones ou Regarde les Hommes Tomber. Mais je ne connaissais guère plus que ces groupes-là - autant vous dire que lorsque j'ai été accrédité, j'avais quelque peu l'impression de me sentir étranger à toute cette histoire, avec ma veste à patch composée de groupes beaucoup trop différents les uns des autres et de mon dossard "Walls of Jericho" de Helloween. Mais qu'importe, je m'étais proposé car le travail qui en découlait m'était familier! Le reste n'était que secondaire - pas tant que ça, finalement, je m'étais quand même penché sur le reste de l'affiche avant le festival.

Après déjà moult péripéties, j'arrive sur le site du festival vers 14h moins 5.

Ah, la maison de quartier de Doulon. Il est probable que vous n'ayiez jamais entendu parler de cet endroit car même pour les nantais elle sait rester discrète. En temps normal, elle ne dénote d'aucun autre bâtiment: il s'agit d'un lieu de rencontres et de créations artistiques, notamment par des enfants et des adolescents... et, juste pour les 6 et 7 d'Octobre, un lieu de rencontre entre groupes de black metal et festivaliers amateurs de metal extrême. Pour l'occasion donc, le label avait loué cet endroit et l'avait aménagé de manière à ce que chaque pièce soit rentabilisée.  Mais je reparlerai de l'organisation plus tard.

J'arrive très en avance afin d'être à l'heure pour ma première interview - que je vous invite à lire si ce n'est pas déjà fait! -, Aorlhac. Pour cela, je suis emmené dans une salle à part, derrière la loge des artistes elle-même - quand je vous dit que toutes les pièces sont rentabilisées... Je ne vous raconte pas plus de détails concernant cette étape de mon festival car elle n'est pas très intéressante à raconter. Je sors bien plus tôt qu'imaginé, ce qui me laisse le temps d'aller faire un tour au merch. On comptait pas moins de quatre stands: un stand "principal" disons, facile d'accès et composé de merch assez classique, un autre plus artistique juste à côté où l'on pouvait trouver de jolis tableaux, puis un autre stand de merch généralisé dans une pièce à côté et un coin CD dans une pièce plus confinée encore. Pour un festival comme celui-ci, on avait de quoi être servi, donc!

HEIR

Le premier concert commence à 14h40. Pas avant, pas après. Pour l'instant, le timing est respecté. Le festival s'ouvre sur Heir, dont je ne connaissais rien sauf le nom. Intrigué, ne m'étant jamais mêlé à un public black metal, je craignais un groupe peu intéressant, servant uniquement d'amuse-gueule pour les plus gros ensuite. Et pourtant! Le show de Heir s'est révélé être très réussi. Musicalement parlant, le groupe n'a pas dû bien se creuser la tête pour composer la setlist, pusqu'il n'a qu'un EP et un album. Belle occasion de promouvoir ses travaux, donc. Et belle manière de le faire! Le set était très varié, il n'y avait pas un moment d'ennui. Chantant sa balade triste, L.H., pauvre hère qu'il était, défiguré, mal habillé et boiteux, jouissait d'un excellent mix vocal pour nous afficher sa folie, à hurler de manière presque aléatoire, souffrant presque d'un dédoublement de personalité de par l'alternance fréquente de chants gutturaux et de chants clairs lors de passages aux guitares cleans, plus ambiants. Puis, comme leur punition enfin terminée, le groupe s'en alla sans dire un mot après le dernier morceau, comme si tout avait déjà été dit. Outre ce show très intéressant, j'ai pu découvrir d'autres choses: un bon choix de lumière, très théâtral, et la joie d'entendre enfin un concert avec un mix réussi, où les micros secondaires n'étaient pas en retrait et où on pouvait très bien entendre le chant additionnel quand il s'invitait sur le spectre sonore.

AORLHAC

J'attends une demie-heure dans les gradins (oui, la scène avait des gradins, ce qui est une très bonne idée pour les personnes ayant des soucis à rester debout trop longtemps comme moi ou même pour les personnes plus petites... après bon ça c'est pas propre au festival, vous me direz) et j'assiste aux balances du groupe que j'ai interviewé deux heures plus tôt. Ils me l'avaient dit: ils avaient de grosses attentes pour cette date. Ils voulaient impérativement que tout se déroule parfaitement. Et pourtant...

Divisons ce show en deux parties: la partie musicale (que le groupe contrôlait) et la partie technique (indépendante au groupe). Si la première était très réussie, on ne pouvait malheureusement pas en dire autant pour la deuxième. Evoquons déjà la setlist très variée du groupe: Aorlhac ne s'est pas contenté de jouer exclusivement des titres de "La Cité des Vents" mais sont allés chercher des compositions un poil plus anciennes, comme s'ils n'avaient plus grand chose à prouver avec leur dernier disque tant il a fait l'unanimité au sein de la communauté black metal.

Les plus mauvaises langues pourraient critiquer l'horaire de passage relativement tôt - en même temps les gars, y a que des groupes de black, donc forcément que les 3/4 joueront à des heures pas hyper appropriées -, il n'empêche que le choix de les placer après Heir - que ça soit délibéré ou non - fut rudement bien pensé puisqu'on passait d'un black metal froid et triste à quelque chose de plus mélodique, voire épique, ce qui contrastait beaucoup et donc ne nous lassaient pas d'entrée de jeu. Ayant interviewé le groupe peu de temps avant, les paroles des musiciens résonnèrent dans ma tête quand j'observai les musiciens à l'acte: "black metal je sais pas, on fait du metal extrême, teinté de black oui, avec des touches de death ou de heavy" (dans l'idée, les propos sont pas exactement ceux-là). Et c'était vrai! Avec du recul, sous un autre angle, Aorlhac ne s'est pas contenté de jouer un set de black metal. On ressentait pleinement les touches épiques et parfois heavy dans "L'Ora Es Vengueda", celles mélodiques dans "Sant Flor", celles death dans "La Révolte des Tuchins"... bref, je vais pas toutes vous les faire, je pense que vous avez saisi le truc. Le concert d'Aorlhac était très riche, d'abord parce que leur discographie en elle-même est assez diversifiée. A partir de là, qu'est-ce qui peut mal se passer?

Eh bien... quelques incidents techniques, justement. Alors rien de dramatique hein, on est plus sur du "cymbale cassée parce qu'il tape trop fort ce con/20". Mais, de mémoire, le concert d'Aorlhac était peut-être celui ayant rencontré le plus d'avaries sur tout le festival, malheureusement. Quelques petits soucis de micro, quelques guitares qui n'arrivent décidément pas à remonter... Plein de petits échanges entre le groupe et la régie son, de l'autre côté de la scène, qui ponctuèrent une bonne partie du concert. Je tiens cependant à préciser une chose: aucun de ces soucis n'a gravement entaché le concert et personne n'a tenu rigueur au groupe pour ces avaries mineures.

Setlist:

1. Alderica
2. Sant Flor
3. La révolte des tuchins
4. L'ora es venguda
5. Les enfants des limbes
6. Mandrin l'enfant perdu
7. Le bûcher des cathares

PENITENCE ONIRIQUE/MOONREICH/MONOLITHE

Je vous préviens: la suite n'est pas très pro. J'ai dû beaucoup m'absenter, faire de nombreux aller-retours entre la maison de quartier et l'hôtel où je résidais pour des raisons plus personnelles, ce qui fait que je n'ai pas vraiment assisté aux trois groupes qui ont suivis... J'ai pu être présent pour deux ou trois morceaux, pour chacun, et me faire une petite idée à partir de ce que j'avais pu voir. Voici, en quelques lignes brèves, les trois groupes qui ont suivis Aorlhac:

Pénitence Onirique renouait avec le black "théâtral" que nous avait imposé d'emblée Heir en nous proposant un black beaucoup plus froid et sombre, presque glauque, où le groupe défendait son unique album "V.I.T.R.I.O.L." ainsi que son single "Aphonie", sorti en Juillet dernier.

Pour Moonreich, niveau setlist, c'était un peu plus compliqué. Et niveau ambiance, c'était encore plus sombre. Leur black metal très guerrier rappelait celui de Marduk ou d'Endstille, et le maquillage et la gestuelle des membres sur scène me faisaient plus penser à Gorgoroth. Mais ici aussi, musicalement c'était très linéaire: la même ambiance du début à la fin, très martiale et qui imposait une atmosphère presque unique qui fait que j'ai regretté de ne pas avoir pu assister davantage à ce concert car il semblait être réussi sur bien des aspects.

Je n'ai pas vu une minute de l'unique groupe du festival à ne pas jouer du black, à savoir Monolithe. Mais d'après les témoignages de certains amis, le concert du groupe était intéressant à voir, d'autant plus que le changement vers un style plus doom et monolithique (excellente blague) offrait de nouvelles ambiances, ce qui était donc très bien venu.

Après avoir mangé un burger végé extrêmement copieux (en même temps à 9e fallait bien), je suis allé voir l'un des groupes qui me faisait le plus envie. L'une des têtes d'affiche de ce festival.

REGARDE LES HOMMES TOMBER

Connaissant la notoriété du groupe et sachant de base que leurs lives sont souvent réussis, Regarde les Homme Tomber était l'un des rares groupes que j'avais écouté avant le début du festival, histoire de voir à quoi m'attendre. Histoire d'être aussi entraîné dans l'ivresse de la musique que les fans les plus assidûs.

Est-ce que j'ai bien fait? Oui, très clairement. Déjà parce que c'est toujours bon de se forger une petite idée du groupe que l'on va voir, ensuite parce que le show de RLHT est sans aucune hésitation dans mon top 3 des concerts les plus marquants du festival, comme quoi, le "homemade" est toujours meilleur. Voici les détails:

Je suis arrivé relativement tôt et je me suis assis dans les gradins. J'ai pu donc assister aux balances du groupe, qui laissaient présager un son extrêmement lourd. Les simples essais d'une poignée de secondes pour équilibrer tous les instruments suffisaient à attiser ma curiosité. Les préparatifs terminés, le groupe s'est retiré de la scène pendant quelques instants...

Avant de revenir, cette fois-ci dans une lumière sombre et bien plus travaillée (en même temps, on va pas sortir des spots de concert pour les balances) et dans une tenue simple avec la capuche sur la tête: pas de doutes, on va bien assister à un concert de post-black.

Et quel concert! La même brutalité, d'une traite, du début à la fin. Le genre de concert linéaire qui n'a pas l'air de changer en apparence et pourtant qui explore différentes facettes du groupe: en effet, bien que la discographie de RLHT ne soit pas bien grosse, le groupe a joué des morceaux de tous leurs albums, avec même quelques titres de leur prochain album joués en exclusivité au LADLO fest. De quoi nous faire rester, donc.

Le concert du groupe nous mettait tous en trance et je pense ne pas me tromper en écrivant ces mots lorsque je repense à l'un des moments les plus marquants du festival, à savoir un post-black extrêmement intense qui se termine d'un seul coup, où le silence en devient presque plus pesant que la musique ayant précédé, où le public se mettait alors à hurler - et de mémoire, je n'ai jamais entendu un public aussi enthousiaste et aussi nombreux qu'à ce concert. On réalise alors ce qui vient de s'achever, entre deux applaudissements, et la musique repart, sans même entendre une quelconque mesure du batteur pour que tous les instruments débutent alignés - ce qui m'a le plus impressionné, de mémoire. La musique nous tombait dessus, comme une punition ou un châtiment divin, et nous écrasait, nous faisait retenir notre respiration durant une dizaine de minutes avant que le silence ne refasse son apparition. Sur scène, les musiciens restaient relativement stoïques, à l'exception peut-être de A.M. (guitariste soliste) qui, lui, bougeait beaucoup.

Mis à part la gestuelle, les musiciens étaient impressionnants à voir, en particulier le batteur R.R. , derrière ses fûts, qui arrivait à garder le rythme pourtant changeant durant le concert, avec la même énergie et le même dynamisme du début à la fin, le tout sublimé par une qualité sonore presque parfaite, où aucun instrument n'était sous-mixé, ce qui rendait le concert extrêmement agréable - parce que pour en avoir fait, c'est fréquent que le son soit médiocre ou juste passable. En bref, le concert de Regarde les Hommes Tomber était mémorable. Le groupe n'a certainement pas volé sa réputation et les rumeurs n'étaient pas non plus infondées. Ignorant quelque peu le groupe avant le début du festival, j'ai réalisé tout leur potentiel scénique et musical - comme beaucoup d'autres groupes - lors de ce concert et en suis pleinement devenu un fan - d'ailleurs, j'écris ces lignes avec un t-shirt à leur effigie acheté sur place.

La nuit relativement avancée me rappela que je souffrais de problèmes au dos à force de rester debout - ou même assis - continuellement. Ceci couplé à la fatigue accumulée - je vous épargne l'heure de mon réveil mais elle n'a qu'un chiffre - m'a forcé à partir avant le début de l'autre groupe extrêmement attendu, Arkhon Infaustus. Donc désolé pour celles et ceux qui voulaient en voir quelques lignes mais d'après le témoignages d'amis restés plus longtemps - et même d'inconnus avec qui j'ai brièvement discuté le lendemain, vous n'avez rien loupé. Petit son, public presque deux fois moins nombreux qu'à RLHT et groupe dégageant une certaine arrogance, un frontman peu aimable - remarque, on parle d'un mec qui a dit "je n'aime pas être catalogué comme nazi car je suis pire que ça" dans le documentaire Bleu Blanc Satan... Bref, d'après de nombreux témoignages, le vrai groupe de ce Samedi était bien Regarde les Hommes Tomber et je suis heureux, finalement, d'avoir raté le seul groupe aux mauvais retours.

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