Alice In Chains + Black Rebel Motorcycle Club
Live report
Alice In Chains + Black Rebel Motorcycle Club Le 28 Mai 2019 à Paris, France (Olympia)
De retour depuis 2009 et l’intronisation de William DuVall au poste de remplaçant du regretté Layne Staley, ALICE IN CHAINS semble être dans une excellente dynamique, enchaînant pas moins de trois albums en l’espace de dix ans. Par contre, si le groupe continue bel et bien de passer par la case studio, celui-ci est malheureusement moins enclin à prendre l’avion pour aller rendre visite à ses fans à travers le monde entier. Ainsi, nous n’avions pas vu le groupe poser ses flightcases à Paris depuis 2009 et leur passage au Bataclan pour une date des plus mémorables. Dix longues années d’absence qui se sont bien évidemment soldées par un Olympia sold out en seulement quelques semaines. Pour accompagner les vétérans de Seattle dans leur reconquête de la vieille Europe, ce sont les Américains de BLACK REBEL MOTORCYCLE CLUB dont je n'ai jamais croisé le chemin (même si je les connais bien évidemment de nom) qui ont été choisis.
J’arrive dans la salle un peu après 20h00 pour y découvrir un trio en mode dandy (caban, perfecto, jeans slim noirs...) jouant une espèce de Rock’n’Roll principalement influencé par la scène anglaise dans une version plus moderne et énervée. Si le son est bon et que le résultat n’est en soit pas déplaisant (malgré la linéarité d’une batterie martelée avec conviction par un petit brin de femme pleine d’énergie), je ne déborde pas non plus d’enthousiasme via à vis des Californiens. Il faut dire que si la formule ne manque pas d’efficacité grâce à une section rythmique pour le moins entraînante, des riffs simples mais bien amenés et une attitude désinvolte pas désagréable et que le son est également tout à leur avantage, l’ensemble ne parvient pas non plus à me passionner outre-mesure et surtout je ne suis pas là pour ça, mais alors pas du tout. Du coup, les dix minutes manquées en début de set ne m’ont pas posé le moindre problème et surtout je suis presque content que cela se termine pour enfin passer à ce qui nous amène ce soir à l’Olympia, le retour en France et en salle d’ALICE IN CHAINS.
Après une mise en place qui aura duré près d’une demi-heure, les lumières de la salle finissent par laisser place à des cris chargés d’excitation. Dans la pénombre, le groupe finit par faire son entrée sur scène avant d’entamer les premières notes d’un "Bleed The Freak" que nous n’attendions certainement pas là, en tout début de set, et lors duquel, malgré cette impatience non feinte, le public va faire preuve d’une certaine retenue, un peu comme s'il fallait s’apprivoiser à nouveau. Heureusement, cette réserve ne sera que de courte durée puisque dès "Check My Brain" on sent tout le monde un peu plus à l’aise, notamment ce public parisien qui va commencer à doucement s’agiter, faisant ainsi onduler le sol de l’Olympia.
Bien que manquant un peu de puissance (les bouchons d’oreilles n’étaient pas vraiment nécessaires), le son est tout de même particulièrement bon (même si, j’aurai néanmoins apprécié entendre un poil plus de guitares) et surtout William DuVall est impeccable dans son rôle de frontman. Un poste qu’il occupe à la perfection, qu’il soit ou non avec une guitare à la main. Aussi, celui-ci n’hésite pas à solliciter le public de temps à autre, faisant participer aussi bien ceux des premiers rangs que ceux des balcons situés des deux côtés de la scène. Un public qui va définitivement se dérider à l’amorce d’un "Again" dont les "Ouhouhouh" seront bien évidemment repris en chœur sans broncher. D’ailleurs dans l’ensemble, le public connaît plutôt bien les paroles, notamment la demoiselle derrière moi qui va me faire partager son amour pour la bande de Seattle pendant plus d’une heure et demie. Alors oui, évidemment, les morceaux les plus récents, qu’ils soient issus de Rainier Fog ("Never Fade", "Rainier Fog", "Red Giant", "The One You Know"), de The Devil Put Dinosaurs Here ("Stone", "Hollow") et même de Black Gives Way To Blue ("Check My Brain", "Your Decision") n’ont pas autant de succès que ceux tirés de l’incontournable Dirt ("Them Bones" et "Dam That River" qui vont mettre en transe collective le public parisien, "Down In A Hole", "Angry Chair", "Would ?", "Rooster") ni même ceux de Facelift ("Man In The Box" et surtout l’imparable "We Die Young" à l’énergie incroyable (ce riff putain, ce riff !)) mais cela n’a rien d’anormal quand on voit que ce public, même s’il est clairsemé par quelques têtes n’ayant pas encore trente ans, semble pour l’essentiel composer par des gens approchant doucement mais sûrement de la quarantaine (voir plus pour certains). Un public marqué au fer rouge par le ALICE IN CHAINS des années 90 et la voix d’un Layne Staley qui, s’il ne fait pas nécessairement défaut au groupe en ce mardi soir, reste bien évidemment présent à l’esprit de chacun.
Pendant près de deux heures, les titres vont s’enchaîner sans laisser beaucoup de temps mort puisqu’en dehors de ces lumières qui vont s’éteindre afin de permettre à William et Jerry de changer de guitares, les Américains ne vont pas se perdre dans de longs discours, tout juste quelques mots. En attendant, c’est bel et bien dans la bonne humeur que se déroule toute la soirée grâce à un groupe qui laissera exprimer sur scène toute sa satisfaction à renouer avec le public parisien. Entre le discret Mike Inez qui derrière sa longue chevelure frisée arbore un large sourire, Sean Kinney qui frappe comme un sourd malgré une gestuelle extrêmement détendue et pleine d’amplitude et Jerry Cantrell d’une efficacité exemplaire (mention spéciale à ces solos quasi identiques à ceux présents sur les albums du groupe) qui prendra parfois la parole pour haranguer la foule ou plus simplement saluer l’Olympia, il semble évident que le groupe est ravi d’être parmi nous ce soir. Une atmosphère agréable, naturellement chargée en émotions (palpables sur les titres les plus posés d’ALICE IN CHAINS tels que "Down In A Hole", "No Excuses", "Nutshell" et "Rooster" qui ne seront pas loin de me faire verser une larmichette) mais aussi de rires lorsque sur "Red Giant" Sean Kinney va forcer tout le monde à reprendre depuis le début à cause d’une séquence qu’il n’arrive pas à accrocher. Pas de regards de travers mais des sourires et des moqueries qui laissent place à un amusement partagé entre la foule et le groupe.
Après une heure et demie passée ensemble, ALICE IN CHAINS fini par tirer sa révérence. Bien entendu, nous ne sommes pas dupes et il est clair que le groupe n’attend que de revenir sur scène pour un dernier baroud d’honneur. Une charge menée tout d’abord par un "The One You Know" sympathique mais qui ne fera oublier à personne que certains incontournables n’ont pas encore été joués ce soir. Aussi, après un "Got Me Wrong" qui va me mettre en joie (et oui, Jar Of Flies et Sap ne doivent pas être oubliés), les Américains entament (enfin) ce "Would ?" marqué par cette conclusion aussi brève que dantesque et surtout ce "Rooster" attendu de pied ferme par toute une assistance déjà lancée dans ces "Ouhouhouhouuuuu ouh ouh ouh ouhouhouhou" alors que DuVall n’a même pas encore commencé à chanter. Un final absolument grandiose concluant une prestation remarquable de la part d’un groupe qui malgré toutes ces années derrière lui continue d’en avoir sous le pied. Il n’y a maintenant plus qu’à espérer qu’ils ne leur faillent pas dix longues années avant de venir nous rendre visite à nouveau.
Je quitte l’Olympia au ralenti, les yeux humides posés ici et là sur ces quelques t-shirts Nirvana, Soundgarden, Alice In Chains et Pearl Jam sortis tout droit d’une autre époque. Et comme tout le monde autour de moi, je rentrerai chez moi avec la sensation d’avoir vécu un moment magique grâce à un groupe dont l’aura, la prestance et la personnalité sont restés absolument intactes. Car oui, Jerry Cantrell, Mike Inez, Sean Kinney et William DuVall (oui, même DuVall) ont encore énormément de classe et de prestance. De quoi en tout cas rendre jaloux bien des groupes et surtout limiter la concurrence (allez Pearl Jam peut-être mais pour pouvoir le confirmer il faudrait que ces derniers se décident enfin à revenir à Paris, chose qu’ils n’ont pas fait depuis 2006...).
Setlist :
01. Bleed the Freak
02. Check My Brain
03. Again
04. Never Fade
05. Them Bones
06. Dam That River
07. Hollow
08. Your Decision
09. Rainier Fog
10. Down in a Hole
11. No Excuses
12. Stone
13. Red Giant
14. We Die Young
15. Nutshell
16. Angry Chair
17. Man in the Box
Rappel :
18. The One You Know
19. Got Me Wrong
20. Would?
21. Rooster
| AxGxB 3 Juin 2019 - 645 lectures |
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