Il y a quelques mois, la nouvelle est tombée : VED BUENS ENDE annonçait son retour sur scène, vingt-cinq années après leur second (et dernier) concert, et choisissait Fredericia et le METAL MAGIC FESTIVAL pour une première date. Il n'en fallait pas plus pour me décider illico presto à prendre mon pass et découvrir l'un des plus cools festivals d'Europe selon les échos ici ou là (notamment le live-report de l'ami Keyser en 2014). Une autre excellente surprise m'attendait : la présence sur l'affiche du mystérieux groupe danois NYREDOLK, avec lequel je bassine mon entourage depuis plusieurs mois. Bien que d'autres noms très appétissants en termes de Metal extrême complètent l'affiche, le METAL MAGIC FESTIVAL a clairement une orientation Heavy et Thrash, genres que je goûte assez peu. Qu'importe ! Les quelques jours qui arrivent sont mes seules vacances d'été, je veux profiter, découvrir, faire mon fest sans pression, en mode "touriste" plus qu'en mode "marathon", le METAL MAGIC FESTIVAL semble être l'endroit idéal pour remplir cette mission plaisir / détente / découverte.
Après pas loin de quinze heures de route et plus de mille deux cents kilomètres, un contrôle à la frontière qui aurait pu mettre un terme au voyage, un GPS récalcitrant, mon moral n'est toujours pas entamé, et nous arrivons avec un peu d'avance à Fredericia sous un soleil radieux. Pas un chat à l'horizon, quelques bénévoles s'activent gentiment sur le site, mais le camping n'ouvre pas avant 20 heures. Ce n’est pas grave, direction Østerstrand et sa plage, à quelques kilomètres de là, histoire de humer l'air marin et de faire trempette dans la mer du Nord (vite fait vu la température de l'eau !).
Le METAL MAGIC FESTIVAL est installé depuis 2008 à Fredericia, mais a déménagé il y a trois ans en périphérie de la ville, dans une zone d'activités, entre les usines, les magasins, la voie de chemin de fer et un complexe sportif, l'endroit n'a rien de bucolique, mais une fois sur le site du festival en lui-même, on en fait vite abstraction.
A 20 heures, c'est de la folie pure, nous sommes au moins dix personnes à nous bagarrer à la pose bracelets (en tissu, s'il vous plaît) et à jouer des coudes pour avoir la meilleure place sur le camping. A la recherche du calme, nous décidons de planter la tente tout au fond du terrain. Eh bien, même d'ici, nous voyons la mainstage ! Le gros point noir est l'état du sol, un vrai champ de mines, une succession de trous et de bosses, promesse de lombaires en miettes et de chevilles en vrac au moindre faux pas, bien que le camp soit éclairé.
Le site est désormais ouvert, le chapiteau abritant la scène secondaire et le bar principal accueille la trentaine de personnes déjà sur place, les DJ aux platines diffusent les grands classiques de VENOM, IRON MAIDEN et autres MOTÖRHEAD. L'ambiance est encore très calme, voire cosy, c'est plutôt agréable et reposant, près de 24 heures après notre départ et peu de sommeil engrangé. Histoire de trinquer à notre arrivée, j'ai dû attendre près de zéro seconde pour acheter les tickets nécessaires à l'approvisionnement (l'attente ne sera guère plus longue au cours du week-end) :
- 1 ticket beer coûte 25 DKK, soit 3,35 € pour une pinte de Tuborg (2 tickets pour les bières spéciales proposées sur un autre bar),
- 1 ticket drink coûte 35 DKK, soit 4,70 € pour un cocktail servi en pinte (carte avec plus d'une vingtaine de breuvages aux noms revisités, ainsi le whisky/coca devient le Lemmy, le russe blanc, le white Putin, etc).
- 1 ticket food coûte 25 DKK pour une (généreuse) portion de frites, un hot-dog, ou encore un toast (sorte de petit croque-monsieur). Il existe des formules plus complètes à deux tickets, l'option vegan toujours proposée. Un ticket permet aussi de s'offrir un petit déjeuner le matin (pour les téméraires fans de pâtés de poisson ou de charcuterie discutable). Chaque soir, le stand restauration propose un barbecue party version méchoui. Un thermos de café est mis à disposition toute la journée gratuitement, même si une petite contribution est la bienvenue. Deux food-trucks complètent l'offre restauration, payable en cash.
L'orga avait été catégorique sur un point : l'interdiction d'apporter son propre alcool sur le site (camping inclus) argumentant sur le fait que la pérennité du fest reposait essentiellement sur les bénéfices générés par les bars, règle plutôt bien respectée dans l'ensemble. C'est de bonne guerre, et les tarifs proposés tellement abordables pour la Scandinavie, que ça ne me dérange pas beaucoup, d'autant que je ne suis pas grande consommatrice.
Côté sanitaire et hygiène, c'est le grand luxe, au regard de la petitesse du site et le nombre de festivaliers : un point d'eau potable, des urinoirs mais surtout des toilettes et des douches en dur avec lavabos, savon, papier et serviettes en quantité, gel hydro alcoolique, le tout d'une grande propreté grâce aux passages incessants et consciencieux de bénévoles adorables. J'ai vu l'un d'entre eux récurer les murs et même le plafond (propre) des douches tandis qu'un autre me sondait à la sortie des toilettes sur la qualité et la douceur du papier ! Là aussi, tout est gratuit, même si le festivalier est invité à laisser une petite pièce en partant. De nombreuses poubelles parsèment l'ensemble du site, il faut vraiment le faire exprès pour faire le gros porc.
La mainstage est installée presque à l'entrée du site, faisant face à un bar et un chapiteau sous lequel bancs et tables permettent de se poser, se restaurer, d'y suivre sans trop de difficultés les concerts et même d'y recharger ses appareils grâce à des multiprises à disposition (la confiance est telle que les gens y laissent sans surveillance leurs téléphones, batteries ou appareils photos). D'autres bancs et tables sont disposées sous la tente abritant le bar et la petite scène, ou encore à l'extérieur, où ils seront immédiatement passés à la raclette par des bénévoles après les inévitables averses.
Une autre tente abrite le merchandising, assez pauvre il faut bien le reconnaître. Point de distros pour assouvir l'appétit du dénicheur ou du collectionneur, mais seulement le stand merch du fest, un stand Headbangers, avec le classique t-shirt de Slayer ou Cannibal Corpse, un vendeur de DVD et VHS proposant notamment un florilège de films d'horreur plus kitchs les uns que les autres, le merch des groupes du jour. Seul David Torturdød viendra le samedi avec une caisse de vinyles et de cassettes (je jurerais d'y avoir croisé Tim Mellon de PISSGRAVE devant ses propres cassettes).
La déco, finalement sans grand rapport avec le nom du festival, mais plus en adéquation avec la marchandise du vendeur de VHS, est minimaliste et cheap (c'est franchement pas grave et suffisant) autour de la thématique du film d'horreur avec des affiches et une multitude de poupées déglinguées, mutilées, ensanglantées, pendues jusque sur la mainstage.
Enfin, le running-order permet de voir la totalité des groupes, qui alternent sur les deux scènes, chaque journée débutant et se terminant sous la tente, avec des pauses moyennes de dix minutes entre chaque set.
SUNKEN était l'un des vingt-et-un groupes danois (en totalité ou en partie) sur les trente-quatre présents à l'affiche. Malgré l'extrême jeunesse de certains membres (pas plus de vingt ans !), la lourde tâche d'ouvrir les hostilités ne semble pas les effrayer et c'est sans complexe et même beaucoup d'assurance qu'ils ont interprété leur unique album
Departure, sorti en 2017 dans son intégralité. Après un premier titre plutôt quelconque, la suite passe plutôt bien : le chant est parfaitement maîtrisé, leur Black atmosphérique, inspiré de l'école islandaise, suffisamment travaillé pour délivrer une prestation plaisante, sans être époustouflante. C'est encore un peu vert tout ça, mais l'accueil est chaleureux et les petits gars de Aarhus quittent la scène avec de grands sourires et continueront d'arpenter le site en tant que festivaliers durant les trois jours.
C'est la seule explication que j'ai trouvée : des hardos d'âge moyen se faisaient chier le dimanche dans un garage au fin fond du Jutland, alors ils ont cherché dans le coin un beau gosse (enfin, tout est relatif, un mec plus jeune quoi !) et ont formé
SHADOW STORM pour jouer un mélodique Heavy moderne, tout ce qu'il y a de plus insipide, à grands renforts de "
Wohoho, wohohoooo". Pas du tout ma came, je passe le temps en sirotant un Danny Trejo (tequila sunrise) et en me rassurant sur la qualité du son en mainstage. Je suis satisfaite sur ce point, le groupe semble l'être aussi pour d'autres raisons, tout le monde est content, mais ce n'est clairement pas un groupe que je réécouterai.
DEIQUISITOR était monté sur le podium des moins bonnes prestations du Kill-Town Death Fest 2018. L'évènement passé était peut-être trop "gros" pour eux, car devant le public plus clairsemé, peut-être moins exigeant, de Fredericia, sous ce chapiteau rappelant les conditions d'une petite salle, le trio se libère progressivement, semble nettement moins crispé et délivre un bien meilleur set de leur Death Metal (f)rigide, carré et réfrigérant. Le son est excellent, les esprits s'échauffent, le pit s'anime, faisant sauter les derniers verrous de la salle d'opération : je peux enfin apprécier à sa juste valeur la précision chirurgicale des Danois, tout comme Daniel Abecassis (Killtown bookings) qui montre le bout de son nez. Les acclamations fusent, TFJ, aux allures de paramilitaire, se fendra même de quelques sourires, c'est dire ! La seconde fois aura été la bonne et j'en suis ravie !
Setlist :
. Downfall of the Apostates
. Destroyer of Worlds
. Tower of Lightning
. Tetrad of Lunar Eclipses
. D.M.T.
. Tempestuous Radiance
. Metatron
. Axons of the Cortex
. War on the Gods
Le changement de style est radical avec
SILHOUETTE en mainstage, puisque ces Danois (encore !) ont sorti les pattes d'éléphant, la grosse basse vrombissante, l'orgue et même en fin de set la cithare électrique pour un rafraîchissant set de Dark Rock, résolument seventies. Une belle énergie, notamment de la part de leur batteur, l'aisance scénique est indéniable, l'ensemble est fluide et se suit avec plaisir.
Oulala... Je m'attendais au pire avec
GOAT, vu comme l'orga l'avait vendu : "Va-t-il enfin faire quelque chose sur scène ? Le sait-il lui-même ?" Alors que le concert - peut-on vraiment parler de concert ? - devait commencer, je vois un énergumène en surpoids, nu sous un poncho en laine en train de courir dans l'allée principale du fest, poursuivi par un gars cagoulé (version In the Sign of Evil de Sodom) qui lui jette des morceaux de salade. Ah bah, c'était bien le chanteur de GOAT sous le poncho. Tout cela respire l'intelligence à plein nez, mais je veux en avoir le cœur net. Sur scène, c'est le grand n'importe quoi. Deux plus gros bonshommes cagoulés et presque nus massacrent des guitares, GOAT finit à poil, se sauve, pourchassé par des bénévoles, les poireaux volent. Le public, hilare, semble apprécier les boutades et le degré zéro de la performance musicale de l'ingérable ex-guitariste d'ILLDISPOSED notamment, sorte de mascotte locale dont il n'attend rien d'autre que les dérapages et autres débilités. Sans moi, ce genre de délires, mais cela restait bon esprit.
DARK SKY CHOIR... ou le genre de groupes qui ne devraient même pas exister. Et dire que l'orga a peut-être plombé le budget pour faire traverser l'Atlantique à ces mecs-là. Quelle purge que ce Heavy du troisième millénaire d'une platitude affligeante ! Ce ne sont pas les solos moisis de guitare et de batterie qui amélioreront les choses, bien au contraire ! A oublier très vite...
THE RITE, la formation internationale dans laquelle on retrouve notamment des membres de DENIAL OF GOD et de BLACK OATH, a bénéficié du très bon son de la petite scène. La noirceur fait son entrée par la petite porte avec son lot de cuir, de cheveux crasseux et de visages badigeonnés de blanc et noir. Son chanteur Ustusmallagam (DENIAL OF GOD) n'est pas le plus charismatique qui soit, mais il sait capter malgré tout l'attention du public grâce à une interprétation très personnelle : son phrasé s'apparente plus à la narration d'un conte maléfique qu'au traditionnel chant Black. Leurs compositions ne sont d'ailleurs jamais aussi savoureuses que lorsqu'elles s'abîment irrésistiblement dans le Doom. Sans être exceptionnel, le set est plutôt réussi, mais ne fait qu'accroître mon impatience à découvrir BLACK OATH.
Autant j'ai toujours été emballée à l'écoute sur piste de
SLÆGT, autant j'ai eu beaucoup de mal à m'enthousiasmer devant LA coqueluche du moment au Danemark. L'écrasante majorité du public est danoise et semble vouer un culte à ces quatre minots. Même la régie semble avoir mis le paquet et fait un effort particulier sur le show-light, par contre, elle s'est un peu foirée sur le son, qui n'est pas au top. Alors, c'est vrai, ils sont jeunes, ils sont frais, ils débordent d'énergie, ils enchaînent les morceaux bien foutus, mais, mais... paie ton plagiat de TRIBULATION, bordel ! Les jeunes éphèbes imberbes sont torses nus, jouant sur l'ambiguïté avec quelques accessoires féminins, se tortillent infatigablement dans tous les sens, prenant des poses plus lascives les unes que les autres, la bouche en cul de poule en prime. Les ficelles sont tellement énormes qu'elles deviennent trop visibles, ils finissent par me fatiguer, ce set manque cruellement d'authenticité. C'est bien dommage, car je pense que SLÆGT a un réel talent et une place à prendre dans le créneau du Heavy/Black. Travaillez votre personnalité les gars, vous y gagnerez en crédibilité. Nan, puis les bisous envoyés aux quatre coins du public en minaudant, c'était vraiment too much.
Il s'est fait attendre, le bougre, mais le voilà LE concert de la journée ! Chapeau bas à
DEMON HEAD qui a fait la démonstration d'un set enlevé, généreux, fluide, homogène et sincère. A l'inverse de SLÆGT, DEMON HEAD a su créer son propre univers, savant mélange - très réussi - de Doom et de Hard Rock, avec la juste dose de retro psychedelic pour enjoliver le package. La présence scénique de son chanteur n'a d'égale que ses incroyables performances vocales. Le son est excellent, je ne vois pas le temps passer malgré la fatigue qui commence à peser, je me repencherai volontiers sur leur discographie, déjà riche de trois albums. Cette première journée de festival se termine de la plus belle des manières, avec un pur concert de Rock. Le son est encore une fois excellent sous ce chapiteau, peut-être même trop fort cependant, les oreilles ont bourdonné longtemps après la fin du concert.
Direction dodo... ah bah non, une belle brochette de casse-bonbons a collé sa tonnelle contre notre tente. Je les entendrai refaire le monde une bonne partie de la nuit, chacun beuglant plus fort que son voisin, et pour cause, ils avaient poussé le volume de leur enceinte au maximum. Ma chance légendaire...
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