Cryptic Fest
Live report
Cryptic Fest ...and Oceans + Asagraum + Decline of the I + Seth
Le 01 Avril 2023 à Saint-Germain-en-Laye, France (La Clef)
Excellente initiative de La Clef (à St-Germain en Laye dans les Yvelines) que de lancer un festival Black Metal, le « Cryptic Fest », dont les noms de DECLINE OF THE I, ASAGRAUM, …AND OCEANS et SETH ornaient l’affiche de cette première édition.
Outre la programmation alléchante, j’attendais impatiemment la date pour la qualité du lieu qui présente de nombreux atouts : taille humaine qui permet de se sentir en proximité des groupes mais qui dispose néanmoins d’une scène suffisamment spacieuse pour assurer le spectacle, bon son et nombreux espaces périphériques pour le bar, le Metal market, etc. Ce qui me laisse perplexe, ce sont les gradins qui prennent la moitié de la salle et qui peuvent interroger vu le style du fest mais j’ai dû me fourvoyer dans ma réflexion car la plupart des sièges avait trouvé preneur. Il semble donc possible de profiter d’une expérience live Black Metal tout en restant plusieurs heures assis !
DECLINE OF THE I
Bonne organisation niveau timing car le groupe commence à 18h00 pétantes ; moins bonne gestion des flux car nous sommes encore nombreux à faire la queue au bar à ce moment-là. L’écran de retransmission permet cependant de patienter, en profitant tout de même des premières minutes du set des Parisiens, bien qu’à distance.
Ces premières notes entendues sont celles de « The Veil of Splendid Lies » et nous viennent de « Johannes », dernier album en date (2021) et premier d’une nouvelle trilogie, consacrée cette fois au théologien, philosophe, écrivain et poète danois Søren Kierkegaard. « Dieu Vide » du même opus sera quant à lui joué en 4ème position, tandis que les autres titres de la soirée sont issus de leur 1er triptyque musical.
Conceptuelle, la prestation du quartet se veut aussi très immersive : une vidéo et des citations projetées en arrière-plan sont en soutien de la musique, les hommes en noir nous font passer par toutes les émotions (mélancolie, fureur, rêverie, dépression…) et ils nous entraînent dans leurs pérégrinations. Des clins d’œil scéniques sont à noter, par exemple lorsque le chanteur boit du vin à la bouteille, juste avant la diffusion d’un clip dans lequel on voit un verre de vin se remplir indéfiniment.
Leur passage plus intimiste au Tyrant Fest 2019 m’avait laissé un souvenir davantage atmosphérique alors qu’à ce festival saint-germanois, j’ai été saisi par des pointes d’agressivité qui ont produit un excellent effet en live, et qui ont permis de bien équilibrer les différentes sensations ressenties à l’écoute de leur Post-Black avant-gardiste. Pour en avoir discuté après le concert, ce sont les compos les plus récentes qui ont contribué à ce côté plus « sauvage ». Si vous trouviez leur style trop aérien, je ne peux donc que vous encourager à écouter « Johannes » pour les redécouvrir avec cet aspect plus ardent.
J’ai été également particulièrement marqué par le renfort du guitariste au chant, dont les cris douloureux du type DSBM m’ont évoqué les complaintes déchirées de BETHLEHEM.
Et pour conclure sur les 45 minutes de cette première partie, gardez bien en tête que « La raison d'être d'un être est d'être » !
ASAGRAUM
Difficile de passer après DECLINE OF THE I, surtout si on n’a ni son original, ni particularités scéniques à proposer. Et malheureusement, malgré quelques crânes disposés devant la batterie et un corpse paint réussi, les Hollandaises en cuir noir n’auront pas conquis leur public. Pourtant bien exécuté, leur Black Metal traditionnel n’a récolté que des commentaires regrettant une démonstration froide, plate ou encore molle ; surtout pour la première partie du set. Trémolos picking, riffs prévisibles, batterie classique, leur petite heure n’a pas emballé les métalleux de la fosse qui sont en effet restés assez immobiles. En face, des musiciennes tout aussi statiques, avec la guitariste qui regardait pas mal son instrument et la bassiste étrangement en retrait, qui restait près de la batterie.
Depuis que le groupe a été créé en 2015, elles ont notamment sorti deux albums qui rappellent les années ’90 et qui s’écoutent agréablement mais force est de constater que la sauce n’a pris ce soir. La promesse de nous transporter vers l'antre d’un démon des anciens temps sumériens n’a pas été tenue, dommage.
...AND OCEANS
Les fans rappliquent quand le sextet se prépare, et la température monte ! Il semble que l’expérience Electro-indus des années 2000 sous le nom d’HÄVOC ÜNIT n’ait pas fait oublier les succès Black sympho de « The Dynamic Gallery of Thoughts » (1998) et de « The Symmetry of I - The Circle of O » (1999). On en aura quelques extraits mais c’est surtout l’album sorti en février « As in Gardens, So in Tombs » qui sera mis à l’honneur avec pas moins de 5 de ses chansons, sur le total des 11 sélectionnées pour la setlist du Cryptic Fest.
Une fois installés, les Finlandais débutent justement avec un titre (le second) de leur dernière bombe : « The Collector and His Construct ». Ce choix d’ouverture judicieux (mélodie entraînante, chant qui suit les accélérations) ainsi que leur présence impressionnante à 6 sur scène fait mouche. Mathias « Vreth » Lillmans, le vocaliste relativement récent (2019) qui officie également au sein de la formation Black folklorique FINTROLL, fait du bon boulot et paraît largement apprécié, ce qui participe légitimement à l’enthousiasme général. A tel point que ça commence à bouger gentiment dans la fosse, jusqu’à ce que la bousculade se transforme en oscillements rythmés des épaules, comme dans les soirées Gothic/Dark Wave. Ce phénomène s’est produit durant « Tears Have No Name », tube issu de leur effort Black electro « A.M.G.O.D » (2001). Un moment dansant original avant de conclure, comme cela avait commencé, avec une pièce d’« As in Gardens, So in Tombs », le beaucoup plus Black Metal traditionnel (avec une fin atmo) « Ambivalent God ».
Une heure plaisante qui nous a ravis (je pense en particulier à l’admirateur venu de Nantes spécialement pour les voir), et une demande de rappel qui n’aura pas abouti (on ne déconne pas avec le planning à la Clef).
SETH
Autant un coup de chaleur s’était fait sentir à l’arrivée des natifs de Pietarsaari, autant un engouement fervent est observé à l’apparition des Bordelais. On sait tout de suite pour qui la majorité du public est venue !
Il faut dire qu’outre la qualité de leur Black Metal, ils sont passés maîtres dans l’art de la mise en scène. Ainsi, la batterie du centre est reléguée sur le côté pour laisser place à un autel, une toile de Notre-Dame en feu (reprise de la couverture de leur dernière production) est positionnée en background et des chandeliers sont disposés à intervalles réguliers. Les artistes grimés avec corpse paint évolueront dans cet univers théâtral sombre et religieux en utilisant bien l’espace (un guitariste n’hésitant pas à se déplacer temporairement pour rejoindre son compère). Quant au chanteur, il était vêtu d’une aube à capuche surmontée d’une étole de prêtre. Si vous avez aimé les concerts récents de MAYHEM et de BEHEMOTH, vous pouvez être sûrs de vous y retrouver lors d’un show de SETH. Ils poussent même le vice encore plus loin avec des accessoires, tels que des épées, un poignard sakrifissiel ou encore ce calice de sang dont une jeune femme dénudée s’est versé le contenu sur le corps (je peux vous dire que ça a déclenché un pogo !).
Niveau musique, le collectif avait choisi des compositions de leurs deux meilleurs albums : le premier (« Les Blessures de l’Âme » - 1998) et le dernier (« La Morsure du Christ » - 2021). Pour ceux qui les avaient vus quelques semaines auparavant à St-Brieuc, c’était le même set avec l’addition de « Sacrifice de Sang ». Quasiment une heure dix d’agressivité et de noirceur avec « Le triomphe de Lucifer » en final pour je cite : "une dernière communion ensemble", ce qui a à nouveau occasionné un pogo, lancé par 3 mecs sortis de nulle part.
23h38, fin du spectacle. Pas de rappel, les organisateurs s’étaient engagés à terminer pour l’ultime RER vers Paris donc on en reste là. Merci à la Clef pour ce super événement qui m’a permis de redécouvrir DECLINE OF THE I et d’en devenir fan. Bien sûr déception pour ASAGRAUM, et vous l’aurez compris, grosse ambiance pour …AND OCEANS et SETH. On attend maintenant la 2ème édition !
| Lestat 5 Avril 2023 - 726 lectures |
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