Il était évidemment hors de question de manquer la reformation de
KRONOS pour les vingt ans de «
Colossal Titan Strife », probablement l’une des plus grosses branlées du
brutal death hexagonal. Putain, cela faisait si longtemps que n’avaient pas résonné « Opplomak » ou « Haterealm » ? Je peine à y croire, et pourtant… Pour tout dire, cette bonne nouvelle faisait presque passer au second plan le fait que la tête d’affiche était assurée par
GOROD dont le dernier né
« The Orb » ne m’avait, jusqu’à ce vendredi, que peu emballé.
Une fois n’est pas coutume, il n’y a pas trop le temps de niaiser au bistrot si l’on ne veut pas s’asseoir sur
KRONOS. De mon point de vue, le concert fut tout simplement parfait pour un groupe qui était en cessation d’activité depuis 2017. Alors je me doute bien que les musiciens ne se sont pas tirés sur l’élastique durant tout ce temps et je n’avais aucune crainte quant à une quelconque baisse de régime mais je n’espérais pas un tel rouleau-compresseur. Le chant de
Christophe Gérardin est phénoménal dans ses tonalités gutturales, épais et puissant alors que le batteur envoie des plans dont la technique et le style m’évoquent parfois le meilleur de
NOSTROMO, l’album «
Argue » en particulier. Grosse fessée donc, les mecs déroulant leurs classiques, bien aidé par une sonorisation impeccable. Aucun des quatre albums n’est oublié (je pense), le groupe s’éclate, la scène leur manquait certainement mais eux aussi ont beaucoup manqué à la scène
death metal française, j’espère que ce retour va par conséquent s’inscrire dans la durée et que l’on aura bien vite un solide successeur au très bon
« Arisen New Era ».
Mon seul regret, qui ne m’empêchera cependant pas d’investir quelques euros dans un chatoyant textile, c’est le lifting opéré sur le dessin initial de «
Colossal Titan Strife ». Il était certes « particulier », pour ne pas dire foncièrement moche, je lui trouvais pourtant justement un charme que sa deuxième vie, plus professionnelle, n’a plus. Mais c’est vraiment pour chipoter, à ce stade-là de la soirée, je pourrais même me passer de voir
GOROD. Sauf que cela aurait été la connerie de l’année évidemment parce que ces mecs sont tout simplement des monstres ne vivant pas sur la même planète que le commun des musiciens.
Je l’ai déjà précisé plus haut mais, si le son était excellent pour la première partie, il devient parfaitement lumineux pour les Bordelais. Evidemment, quand tu évolues à un tel niveau de technicité, tu ne peux pas te permettre de te faire plomber la soirée par l’ingénieur-son mais parvenir à retranscrire tout le groove des compositions, leur effarante justesse musicale tout en conservant la puissance, nous touchons alors des sommets. Avec sept albums dans sa besace, la formation a bien sûr un large panel de titres à proposer mais je retiens surtout l’intelligence avec laquelle les musiciens ont organisé leur setlist, alternant, comme ils en ont l’habitude, de gros moments
death technique avec des plans plus
jazz, ou encore en jouant sur les contrastes comme la doublette « The Orb », tout en swing, suivi du terrible « Birds of Sulphur » dont l’explosion introductive reste toujours aussi dantesque.
Un mot également sur la performance vocale de
Julien Deyres. Nombreux sont ceux qui se paluchent sur le débit d’
Oliver Rae Aleron (
ARCHSPIRE) mais, sans dire que ce dernier est un nain en comparaison,
Nutz me semble à mille lieux en termes de feeling et de richesse de tessiture, sans parler de son phrasé hallucinant tout en conservant un haut niveau de diction. Il a tout simplement l’une des voix
death les plus « lisibles » qui soient si je puis dire, même s’il est davantage dans un registre hurlé que growlé.
Sinon, que dire des guitares et de la basse si ce n’est qu’elles ont toutes déroulé une partition sans faille, c’est à se demander comment on peut avoir l’air aussi décontracté tout en balançant des structures aussi complexes. L’aisance de ces mecs m’échappe totalement… Comme toujours, le groupe termine sur un « Disavow Your God », plus un rappel tant le public en redemande,
GOROD est encore et toujours tout en haut de la chaîne alimentaire, son
tech death n’ayant selon moi aucun rival qui vaille, même
FIRST FRAGMENT je le confesse, tant il est doté d’une personnalité unique et singulière.
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30/10/2023 09:41