ULCERATE… J’avais eu l’immense plaisir de voir les Néo-Zélandais en 2017 lors de leur passage au
Backstage, en compagnie d’
OUTRE et de
BLAZE OF PERDITION, ils avaient alors joué « Drown Within », j’ai dû avoir ce que les Anglais appellent un
eargasm et, si je confesse bien volontiers qu’il s’agit de l’une de mes formations
death metal préférée, je n’ai toujours pas écouté «
Cutting the Throat of God », peut-être parce qu’il n’est pas encore chroniqué en ces pages ? Il faut bien que je me trouve des excuses, il va surtout falloir qu’on s’active si nous autres chroniqueurs souhaitons le positionner sur le podium de fin d’année. Quoi qu’il en soit, cette escale au
Petit Bain faisait une nouvelle fois partie des immanquables, les Français de
FANGE ayant la lourde tâche d’assurer l’ouverture. Cela dit, ce n’est pas comme si les mecs en étaient à leur premier bal de débutantes (d’ailleurs, qui se souvient de la franchise «
dirty debutantes » ?), ils ont sept albums sur le CV, deux EP, donc largement les épaules pour assumer une première partie, aussi prestigieuse soit-elle, d’autant que ces dernières années nous voyons de plus en plus leur nom sur des affiches de haut rang, comme cette ouverture programmée pour les mythiques
KILL THE THRILL mais également plein d’autres trucs que j’ai oubliés… Bref, une formation sérieuse pour une soirée comme on les aime : une ouverture, un
headliner, et c’est marre.
Concert du dimanche oblige, il faut aller boire quelques canons avant car sinon c’est l’assurance de rester cloué chez moi avec la déprime de fin de weekend, c’est donc direction « Le Comptoir » pour une paire d’IPA. Je ne vais cependant pas raconter ma vie et aller doit à l’essentiel :
FANGE investit la scène, je prends une rouste. Déjà, le son est excellent : puissant, massif, clinique, il donne toute son ampleur à la musique du quatuor qui remporte un vif succès, tant sur scène qu’au
merchandising, j’ai rarement vu partir autant de vinyles ! Pourtant, le style est loin d’être facile d’accès, le
sludge death industriel proposé étant un pur concentré de haine et de noirceur. De nombreux noms me viennent en tête alors que les titres défilent,
KMFDM,
GODFLESH,
MINISTRY,
KILL THE THRILL (souvent), un peu de
cold wave, du
FIELDS OF THE NEPHILIM lors d’arpèges glaciaux ou au détour de certaines tessitures sonores,
NINE INCH NAILS parfois également, celui de «
Pretty Hate Machine », le
THE AMENTA de l’album
« nOn »… Cela fait beaucoup de références, j’en suis conscient, c’est surtout pour essayer de situer la violence extravertie du truc, parfaitement représentée par le chant impitoyable de
Mathias Jungbluth, auteur d’une prestation atomique sous le signe du six-cent-soixante-
sick.
Quoi qu’il en soit, ce concert est mon premier contact avec les Rennais et ces derniers m’ont littéralement anéanti avec leur prestation carré, compacte, la dimension industrielle étant parfaitement maîtrisée, son dosage idéal ne prenant jamais l’ascendant sur la composante
sludge death des titres. J’adhère sans retenue, d’autant que le jeu de lumières nous en a mis plein les mirettes.
(Concert filmé par
Frankie Snow)
Comme je l’ai dit, je n’ai pas encore pris le temps, pignouf que je suis, d’écouter «
Cutting the Throat of God », septième LP de l’une des formations actuelles les plus cotées. L’initiation se fera donc en
live, sur les neuf titres joués cinq en étant issus, pour trois de
« Stare Into Death and Be Still » et un de
« Everything is Fire ». Si l’on pourrait être déçu de constater autant d’impasses majeures, la réalité de la prestation ne laisse, quant à elle, aucun doute :
ULCERATE est tout simplement monstrueux.
En effet, si j’avais conservé de 2017 le souvenir d’un concert brutal mais chaotique, c’est à présent l’incroyable précision du jeu qui domine, mené par un batteur dont la qualité première est d’être en tout point phénoménal. Quant aux chansons… Peut-être encore plus déstructurées que par le passé, davantage ambiancées également, moins frontales mais putain ces harmoniques, ces riffs : de la magie pure. Le trio enchaîne les sommets dans un mutisme complet, baigné par des
lights alternant le rouge et le bleu, sobres, parfaits pour que l’auditoire reste bien concentré sur la musique.
Evidemment,
ULCERATE demeure une formation de
death metal : le
growl de
Paul Kelland est dantesque et lorsque les mecs envoient la grosse artillerie, ils en imposent à n’importe qui, d’autant que ces nouveaux morceaux me semblent finalement bien plus lisibles que sur les disques précédents, la complexité me paraissant davantage séparée de la brutalité avec notamment des contrastes d’ambiances plus marqués que jamais. Mais s’il faudrait encore écrire des pages et des pages pour parfaitement rendre compte de la leçon infligée en ce dimanche, je me contenterai de dire que, notamment grâce à une sonorisation excellente, nous avons pu savourer pleinement toute la subtilité, la délicatesse, du nouvel album dont la froideur n’a d’égal que la force des émotions qu’il exprime. 20/20.
(Concert filmé par
Frankie Snow)
Setlist
1. To Flow Through Ashen Hearts
2. Drawn Into the Next Void
3. Further Opening the Wounds
4. The Dawn is Hollow
5. Dissolved Orders
6. To See Death Just Once
7. Cutting the Throat of God
8. Stare Into Death and Be Still
9. Everything is Fire
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