Soldier - Tower - Mars Exulte!
Chronique
Soldier - Tower Mars Exulte! (EP)
Jeune et fier sujet britannique exilé sur le nouveau continent, en quête du Graal. Voilà qui commence original, avoue.
Quelle joie de trouver une petite pépite aussi rafraîchissante. Et aussi énigmatique. L'artwork déjà, à part, symbolique. Derrière se cache un de mes coups de cœur le plus tenace de ces dernières années. Paru la veille du Noël 2020, après une première demo qui date elle du mois de mai de cette même année, et que je t'encourage à aller écouter plutôt deux fois qu'une, il m'aura fallu pas loin d'un an pour tomber, presque par hasard, sur cette merveille. J'espère que la présente chronique contribuera, un peu, à faire sortir de sa relative confidentialité ce phénoménal groupe-homme-seul.
Le bonhomme, Ioan Tetlow, tu l'as peut-être déjà jugé, visant sa photographie. Et tu te marres bien, à le voir torse imberbe, gonfler ses pectoraux, arborant couronne de lierre et torque, en plein hiver. Moi aussi, j'ai eu envie de ricaner bêtement. Jusqu'à ce que j'entende la dite demo. Ce n'est que trois morceaux, dont une intro et une outro a cappella, mais déjà de quoi marquer les esprits. Union insolite de Black Metal et de vieilles complaintes au coin de l'âtre, éthyliques, douloureuses. Mais alors ce Mars Exulte! ! Quelle baffe. La calotte aller-retour.
Ce que propose notre expatrié angliche, un rien déjanté (enfin... anglais, quoi), sur cet EP, c'est un mélange addictif plutôt incroyable, et très personnel, de Black Metal, de Néofolk, et de Pagan. Au delà des étiquettes, il y a le talent de composition, l'inattendu salvateur qui se niche à la fois dans les choix musicaux, dans l'habileté et apparente simplicité de ces constructions, des arrangements, le tout servi par un multi-instrumentiste extrêmement talentueux, en particulier son chant impressionnant techniquement, mais surtout, surtout, bourré ras la gueule d'émotion. Ah je brûle de t'en dire plus, mais ça serait assurément gâcher ton plaisir.
Saisissant, émouvant, enivrant dès la première rasade. Des chœurs de Merrywood Hymn, là encore a cappella, à la ligne de basse sur le final martial de Yeoman's Venom, en passant par cette guitare lead à la beauté élémentaire sur la furieuse The Jade Lion. Sans jamais tomber dans l'indigeste. La juste mesure, en somme. Je l'ai peut-être déjà souligné, ici ou là, mais il est bien connu que la perfection est atteinte non pas lorsqu'il n'y a plus rien à ajouter, mais quand il n'y a plus rien à retirer. C'est évidemment le cas ici.
Quant aux thématiques abordées dans les paroles, elles révèlent là encore une richesse indéniable, restant assez mystérieuses prise dans leur globalité. La fougue communicative, le souffle intérieur est permanent. La passion, l'amour abandonné, impossible (Counting is a Pleasure, reprise de Nic Jones, chanteur Folk britannique), la révolte (Li Passages par le Besague) - note le vieux françois pour l'occasion -, et ce VITRIOL scandé plein poumons sur The Jade Lion. Renvoie-t-il à quelque secret d'alchimiste (Visita Interiora Terrae Rectificando Invenies Occultum Lapidem, c'est-à-dire : « Visite l'intérieur de la terre et, en rectifiant, tu trouveras la pierre cachée ») ? La thématique du Graal est, quoiqu'il en soit, bien présente. Présent également, le dégoût que lui inspire une époque anesthésiée, abrutie par l'excédent de confort, ce désir incoercible de Guerre (Yeoman's Venom), celle qui éprouve les âmes et déchiquète les corps dans un fracas absurde. Peut-être que le proche avenir lui offrira le champ de bataille qu'il appelle si fort de ses vœux... mais ce n'est pas ce qui nous importe.
Éventuellement, quand tu auras enfin posé tes esgourdes dessus, je te fiche mon billet que tu vas te plaindre: "Que n'a-t-il parlé de ce truc plus tôt ! Saligaud ! D'avoir gardé ça par devers soi ! Tous les crimes !"
Certes, il ne se mouche pas du pied: dix brouzoufs canadiens pour un EP dématérialisé sur Bandcamp... ma foi, ça les vaut sûrement. Attendons encore un peu. J'ai dans l'idée qu'un tel bijou ne restera pas indéfiniment sans une édition palpable. Patience.
Pour Angélique...
René B., si tu me lis (copyright Michel D.), celle-ci est pour toi aussi.
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