En Finir... - Résigné
Chronique
En Finir... Résigné (EP)
L’avantage de la scène Metal c’est que souvent il suffit d’un simple nom ou d’un logo très explicite pour savoir où l’on met les pieds et dans quel style on évolue, si les exemples de ce type sont légion on peut désormais citer en supplément nos locaux d’EN FINIR... qui avec une telle dénomination ornée d’une corde prête à être mise autour du cou lorgne donc sans surprises vers le D.S.B.M. le plus brut et rigoureux. Si on sait qu’il est facile de tomber dans le plaintif ridicule de ce genre particulièrement exigeant, il faut saluer la prise de risques du duo qui a pris son temps pour sortir ces quatre premiers morceaux depuis ses débuts en 2020, et qui se révèlent être à la hauteur de ce qu’on espérait... pas parfaits certes mais avec un vrai potentiel à développer. Car si tout cela manque un peu de couilles de par un certain manque de rythme et une production un peu trop molle et étouffée, la qualité de l’écriture en revanche ne va pas avoir à rougir en proposant autant de passages désespérés aux paroles sans équivoques que d’autres plus mélodiques et tristes où les leads font parfaitement leur boulot.
Il faut saluer effectivement le travail fourni aux solos par Maxime Beiler qui livre un rendu sérieux et appliqué sur ces parties précises, qui amènent un supplément d’âme et de lumière à une musique très sombre et plus profonde qu’on ne pourrait le croire de prime abord. En effet « Seul » (qui n’a rien à voir avec le titre de Garou) nous emmène directement avec ces arpèges froids vers les débuts de FORGOTTEN TOMB, avant que la guitare ne se fasse plaintive sur un tempo lent et n’alterne avec des breaks doux où la voix se met à chuchoter les mots. Tout cela avant que le rythme n’explose un peu et que la mélodie ne réapparaisse pour donner une plage dense et variée fort sympathique, même si la batterie programmée se montre un peu plate du côté de l’énergie. Néanmoins il n’y a rien de rédhibitoire ici car bien qu’étant très classique et balisé ça reste efficace et accrocheur, ce qui sera la constante durant vingt-six minutes sans véritables fautes de goût à défaut d’être véritablement mémorables, tant on sent que les gars sont capables de faire mieux en osant un peu plus... et ils seraient bien inspirés à l’avenir de lâcher un peu plus les chevaux du côté de l’énergie comme de l’écriture. Car quand ça se montre plus direct et en misant plus facilement sur le grand-écart entre lourdeur intentionnelle et explosivité constante le rendu est plus efficace, et surtout plus rapidement accrocheur... tel que cela est le cas du très bon « Je suis fatigué », où la mélancolie et les tristes ambiances automnales pluvieuses font émerger une certaine nostalgie de la vie comme du temps qui passe.
Cependant l’espoir de renouveau n’est pas encore totalement disparu, cela s’entend sur « Mépris » à la montée en pression progressive, et ce malgré un frein à main permanent tant aucune accélération n’est ici à l’ordre du jour... créant de fait un ressenti froid et glacial, où la grande faucheuse rôde dans les parages et où l’on hume sa présence inquiétante pour les uns et réconfortante pour les autres. Si l’ultime voyage n’est plus très loin il y’a encore une once d’espoir de ne pas trépasser de ses mains, et il apparaît en guise de conclusion intitulée « Qu’il en soit ainsi » où les cordes guitaristiques en sont presque à pleurer à chaudes larmes en sortant un solo long et envoûtant, porté par une rythmique qui n’accélère jamais (et fait presque penser à des influences de SOUPIR ASTRAL) qui prépare l’auditeur au dernier adieu et l’ultime voyage. Là-encore tout cela n’est jamais forcé ni mélodramatique en guimauve débordant de bons sentiments, tant on sent poindre une hésitation avant que finalement la corde fermement accrochée à sa branche d’arbre ne fasse son travail et mette fin ainsi aux tourments et souffrance intérieure de l’être humain désormais inerte et suspendu.
Alors oui si une certaine forme de monotonie pourra se faire sentir au fur et à mesure de l’avancée de l’écoute les mecs ont la bonne idée de ne jamais trop étirer leurs compositions, ce qui fait que tout cela s’agglomère facilement et sans soucis particulier nous faisant ainsi passer un bon moment riche en douleurs diverses et en harmonies atmosphériques et apaisantes. S’il faudra clairement au binôme aller plus loin dans son écriture pour espérer se démarquer et sortir de l’underground (avec en prime l’ajout d’un vrai frappeur) il réussit quand même à éviter brillement les poncifs et autres clichés à la noix proprement insupportables qui pourrissent trop souvent le Depressive Suicidal si particulier... ce qui montre clairement le potentiel à venir. Du coup on attendra avec impatience la prochaine livraison histoire de voir si les espoirs et promesses présents ici sont confirmés, tant il serait dommage pour ses auteurs de ne pas transformer l’essai vu les qualités de ce premier jet qui malgré ses relatives faiblesses a de quoi séduire et donner envie de continuer à vivre.
DONNEZ VOTRE AVIS
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
AJOUTER UN COMMENTAIRE
Par Sosthène
Par Keyser
Par Keyser
Par Lestat
Par Lestat
Par Sosthène
Par Sosthène
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par AxGxB
Par Deathrash
Par Sikoo
Par Jean-Clint
Par Troll Traya
Par alexwilson
Par Sosthène