L’histoire a commencé en 2016 sous le nom de
NUCLEAR TRUTH (pas bien fameux, tout le monde en conviendra), s’est poursuivie en 2019 avec
GILZEH, appellation sous laquelle un EP («
Torture ») a vu le jour en 2020, et elle trouve (l’histoire) un troisième souffle en sa forme actuelle :
GRIEFGOD, un quintette composé de quatre anciens
GILZEH donc. Il y a dû y en avoir des querelles pour conserver la propriété d’une appellation inconnue…
Sinon, la Lituanie est-elle une terre de
metal ? Un petit peu… Elle n’a jamais engendré de grands noms (à ma connaissance) mais nourrit régulièrement l’underground et ainsi en sera-t-il une nouvelle fois avec cette dose massive de
death metal qui, déjà par l’esthétique de sa pochette, retient toute mon attention. «
Deterioration » est le premier LP de cette nouvelle vie, les deux singles « 45 Years of Tremor » puis « Anguish » nous ayant déjà fait miroiter de belles promesses : un style rugueux, très rythmique, principalement axé sur des mid-tempos tout en puissance axiale, les mecs ne sont pas du genre à chercher le débordement par les ailes avec des solos enflammés ou des envolées lyriques… Par conséquent, nous sommes face à une espèce de parpaing musical qui ne se prend pas pour autre chose que ce qu’il est : un hommage barbare au
death contemporain qui, par certains aspects, entretient des accointances riffesques avec les débuts (les premières démos) d’un
GOJIRA, le
brutalcore (ça, c’est pour les ralentissements en mode
mosh parts) mais également la société Caterpillar pour le côté ingénierie lourde.
Cela étant, je ne dis pas ça méchamment hein, ce n’est pas mon genre. Un titre tel que « Pestilence » comble totalement mes envies de viandes grasses et c’est vrai que ce que l’on perd en originalité, on le gagne en efficacité ainsi qu’en concision, l’album dépassant péniblement les trente minutes. Mais je les aime ces déboulements rythmiques bien frontaux (le riff introductif de « Constellations are Their Eyes »), ces guitares forgées dans un tractopelle, ce chant de mineur de fond, cette batterie qui te cogne le crâne jusqu’à ce qu’il ne fasse plus qu’un avec ton pelvis, demande-t-on sincèrement autre chose à une formation qui propose son premier LP ? Cela serait le dixième, je ne dis pas, on se cotiserait pour leur acheter des instruments à plus de quatre cases et ce serait bien légitime, mais là… Le contrat de cassage de nuques n’est-il pas rempli ? On ne boîte pas un peu bas à la suite de l’écoute de «
Deterioration » ? A trois minutes cinquante de « No Future », on est presque obligé d’esquisser un geste d’assentiment, de manifester une petite euphorie, oui, même moi d’habitude si taciturne.
Allez, je ne vais pas non plus survendre le produit, étant moi-même très moyennement convaincu. Car pris comme ça, à part de ses petits camarades de jeu, ce LP peut faire triquer
because violence,
because grosses rythmiques lourdingues,
because un sens du groove prononcé qui doit pleinement fonctionner sur scène, on connaît tout ça, on connaît tous ça. Cependant, en dépit de la qualité d’une production musculeuse et de la rigueur de l’interprétation, il reste difficile de se laisser totalement emporter par des morceaux souvent trop similaires, tant en termes de durée que de construction. Je place donc
GRIEFGOD sur la longue liste des
outsiders, les mecs ont une belle carte à jouer mais, d’une, il va falloir arrêter de changer de nom tous les quatre matins, de deux, il faudra aussi solidement confirmer le potentiel entrevu ici. Vendre des briques, c’est un beau projet que chaque conseiller d’orientation approuvera mais la concurrence y est rude et le bilan vite déposé. On refait le point dans quelques années ?
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