Kratti - Matka Kohti Kosmista
Chronique
Kratti Matka Kohti Kosmista
Si l’on connait l’incroyable densité qualitative de la pouponnière finlandaise dans le Death Metal il faut croire que celle-ci s’est déplacée vers la scène Black locale, qui pourtant n’avait pas besoin de coup de pied aux fesses franchement bénéfique. Car déjà entourée par les vieux briscards ou revenants à l’inspiration permanente et qui n’ont visiblement pas envie de raccrocher, cette jeunesse montre déjà les crocs et ses ambitions via quelques formations dont on va forcément entendre parler dans le futur. Parmi ces dernières il va falloir compter sur les jeunots de KRATTI qui à peine un an après leurs débuts (et une première Démo dans la besace) livrent déjà un album de haut-niveau, au rendu absolument remarquable et au minimalisme glacial où la noirceur et la crasse ne font ici pas semblant. Car si ce disque pue le bouc, le renfermé et l’humidité du caveau il possède aussi un vrai feeling et une authenticité à toute épreuve portés par six morceaux ultra-engageants et rythmés, montrant que le trio a déjà tout compris dans sa manière de faire sonner sa musique et que ce disque malgré sa primitivité de façade est bien plus fin et profond qu’il n’en a l’air, surtout si on prend la peine de le creuser un peu en profondeur.
En à peine plus d’une demi-heure celui-ci va nous transporter dans un univers où le noir et le blanc se côtoient intelligemment tout en se mélangeant facilement, et ce sans que la violence y soit totalement débridée... car même si ça joue beaucoup sur la vitesse la bande aime bien miser sur les atmosphères neigeuses et nocturnes où les riffs rudimentaires vont renforcer cette sensation hypnotique et de néant total. Pas d’introduction à la noix, ni interludes inutiles ou outro faiblarde... ici tout est fait pour privilégier l’efficacité et le condensé musical, vu que tout s’y enchaîne facilement et sans fautes de goût afin de faire de cette galette une très bonne surprise qui s’écoutera facilement aussi bien attentivement qu’en dilettante, de par cette exécution primale et simplissime. En effet dès les premiers instants de « Pyhä Alttari » on va être embarqué dans un univers à la fois fantasmagorique (via l’apport de quelques notes de claviers) et à la froideur proche du zéro absolu où la sensation de peur n’est jamais bien loin, notamment via ce chant écorché et cette ambiance générale qui nous renvoie au début des années 90. Jouant autant sur l’explosivité et les blasts que les passages plus lents et obscurs le groupe ajoute à tout cela un côté Punk constant que l’on retrouvera en permanence par la suite, tout en laissant de longues parties instrumentales faire leur œuvre pour mieux pénétrer l’âme de ceux qui prendront la peine de l’écouter. D’ailleurs après ce début totalement réussi « Haudanvartija » va continuer sur cette même lancée en proposant une facette encore plus désespérée et nihiliste, tant la noirceur y est exacerbée en proposant notamment un mid-tempo épique où l’ombre de la faucheuse rôde dans les parages en attendant de faire son œuvre. On pourrait penser d’ailleurs que celle-ci va intervenir sur « Matka Kohti Kosmista » où la tempête explose littéralement, tant la rythmique enlevée reste présente majoritairement au début avant de laisser place à un fort ralentissement où les deux couleurs jouent chacune leur partition en bon équilibre.
Et si cette première partie était absolument nickel la seconde va continuer sur les mêmes bases, et tout d’abord via l’excellent et épique « Sota Viimeinen » où la violence est plus effacée au profit d’un rendu en médium presque dansant et joyeux, et ce malgré le climat ambiant délétère où la guerre et le sang ne sont pas très loin. Pourtant on sent poindre ici une pointe d’espoir et d’optimiste, preuve en est la plage suivante intitulée « Ääni Hiljaisuuteen Katoava » qui voit certes le retour à un tabassage prépondérant mais aussi ouvrir la voie à de la mélancolie. Car ici le riffing se fait plus coupant et les synthés jusque-là discrets vont amener de la densité et une certaine lumière dans ce vent hivernal et infernal, où l’on est gelé de la tête aux pieds et où le grand-écart imposant renforce ce sentiment de malaise comme de probable renouveau. Se terminant par le varié et haineux « Synkissä Muistoissa » (qui sert de parfaite synthèse à tout ce qu’on entendu jusque-là) cet enregistrement est d’une réussite insolente, montrant que malgré le jeune âge de ses géniteurs ceux-ci ont déjà l’art et la manière de faire vivre l’esprit originel d’un style immortel et qui continue de faire des petits un peu partout.
Sentant la Norvège et les fjords à plein nez autant que les immenses forêts et lacs de leur pays les trois acolytes livrent une prestation sans failles, avec ce qu’il faut de variété et de subtilité pour ne pas lasser malgré un côté prévisible assez interchangeable et linéaire... mais dont tout ça est compensé par une durée générale assez courte. Du coup on peut que les féliciter pour cette livraison pleine de promesses pour l’avenir, tant il est difficile d’exceller dans ce registre si simpliste et bas du front... à voir désormais si cela sera confirmé plus tard ou s’il s’agit juste d’un coup d’épée dans l’eau. En attendant on se contentera volontiers de cette demi-heure qui file à vive allure et qui passera facilement les affres du temps, vu qu’on appréciera la remettre dans les oreilles quand on en sentira le besoin (tant ça s’écoute sans fioritures et avec simplicité)... idéale donc pour se vider la tête quand on a besoin et ça n’est pas si mal, c’est même essentiel finalement.
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