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Intrepid - Juxtaposition
Chronique
Intrepid Juxtaposition
Même si l’on connait mieux celle de son voisin lituanien il faut bien reconnaître que malgré son côté embryonnaire la scène extrême estonienne a de belles formations qui valent le détour, et si jusqu’à présent il fallait se contenter de GRAVEATER et KOFFIN nul doute qu’on va pouvoir désormais compter sur INTREPID qui nous livre ici un deuxième album très réussi de pur Death Metal puissant et inspiré. Si l’on passera outre sur la pochette atypique (et qui ne rend pas grâce au contenu de ce disque) pour le reste on est en présence de quelque chose d’impeccable qui pendant quarante-et-une minutes livre une prestation propre et sans fioritures, montrant que le petits pays balte a autre chose à offrir que son statut de paradis pour les start-up (qui a vu notamment la création du mythique et fraîchement retraité Skype). Car jouant habilement sur le modernisme autant qu’un certain classicisme le quintet va balancer un rendu homogène de bout en bout où le groove est permanent et la graisse dégoulinant en continu, aidés en cela par des morceaux qui ne s’éternisent jamais inutilement afin de privilégier l’efficacité sur fond de technique marquée mais pas omniprésente.
Bref avec tout cela on avait donc de quoi être optimiste et d’entrée on va être effectivement rassurés sur ce point vu que « Blood Means Nothing » va faire preuve d’un sacré dynamisme, tout en proposant l’ensemble des rythmiques disponibles avec une facilité déconcertante. Car si tout cela démarre lentement avec une énorme pression qui se renforce à chaque note l’ensemble finit par exploser littéralement pour aller tabasser fortement, et ensuite varier les plaisirs entre des passages en médium impeccables pour rompre les cervicales et d’autres plus débridés où les chevaux sont lâchés pour mieux ralentir ensuite la cadence. Si on ajoute à cela quelques cassures bien foutues et du riff efficace pour renforcer la noirceur déjà massivement présente on obtient ainsi quelque chose qui fait très mal et donne ainsi le ton de la suite à venir... qui intervient tout d’abord sous le nom de « Ciphered ». Si les hautes vitesses sont ici absentes c’est pour mieux mettre en avant le mid-tempo sous toutes ses formes (avec en bonus quelques légères variations indispensables), mettant ainsi le headbanging à l’honneur tant ça remue dans tous les sens avec là encore cette fluidité indécente... tout cela avant que « Nocturnal Tones Of Grey » ne mette l’accent sur une vision où le modernisme est plus prononcé. En effet entre l’exécution aux accents tribaux et l’ambiance générale plus actuelle le rendu se montre différent de ce qu’on a pu avoir jusque-là, tout en conservant cependant la même vision musicale où les cassures du côté de la batterie sont plus nombreuses sans s’y perdre en cours de route ni en faire des tonnes... vu qu’on est loin de certains excès propres au Deathcore syncopé et synthétique. On retrouvera d’ailleurs cette vision un peu plus loin dans l’écoute avec le très court et différent « Sensationalized » qui met en exergue de belle manière certains éléments de ce style si décrié, sans oublier de conserver sa force de frappe puissante et entêtante.
Du coup on reste encore et toujours sur d’excellentes bases et ce même quand les mecs se lancent dans la reprise via « Sanctimonious » qui n’est autre qu’un titre composé initialement les locaux d’AGGRESSOR (et considéré comme un des précurseurs du genre au début des années 90), où quelques accents Thrash bien troussés se retrouvent au milieu d’un équilibre des forces impeccable... confirmant donc que la réputation des vétérans n’est pas usurpée. Et une fois cela fini l’entité va ensuite va largement s’inspirer de CANNIBAL CORPSE tant le son des guitares nous rappelle le versant actuel des Américains, que ce soit dans sa vision brutale et enlevée avec « Overthrone » ou plus sombre et écrasante comme proposée par « Opiated Consumption » (où quelques arpèges froids émergent de cette masse opaque et couleur encre), pour un résultat impeccable où la patte de l’entité côtoie celles des géants d’outre-Atlantique... vu qu’on n’est pas en présence d’un simple copier-coller mais de quelques éléments ajoutés au milieu de ceux plus personnels. On ne sera donc pas surpris que cette fin de disque voit l’ajout d’autres influences différentes mais tout aussi agréables et fluides, tel que « Aries » va le proposer en misant ici sur deux facettes opposées où un démarrage glacial et opaque met en avant un bridage généralisé avant que la suite ne fracasse tout sur une allure élevée, sans qu’on ne voit poindre de l’ennui malgré sa longueur. D’ailleurs ce point sera également à souligner sur « Flesh Scorner » qui va clôturer les débats en dévoilant une douceur insoupçonnée et parfaitement en place, vu qu’on va entendre quelques chœurs doux et des nappes de claviers éthérées et atmosphériques calées avant un déluge débridé et impressionnant. Pourtant après cela l’ensemble va encore être plus massif par l’ajout de versants Doom suffocants et d’un étonnant solo mélodique en total raccord avec le contenu général, offrant ainsi la composition la plus dense et travaillée de tout ce long-format et qui trouve aisément sa place avec les précédentes... confirmant donc le contenu général largement positif ici et la diversité de contenu très agréable.
S’il n’est jamais aisé de jouer sur plusieurs tableaux à la fois les gars évitent ici aisément cet écueil avec une certaine identité au milieu de plans certes éculés et prévisibles mais qui s’écoutent tranquillement sans jamais trouver le temps long, tant ça ratisse large sans faire la sortie de route. Preuve donc autant de la maturité de la bande que de son travail global largement prometteur qui convaincra sans peine une large frange du public de par ses multiples voyages temporels que des deux côtés de l’atlantique, et ce même si ça manque de plages se démarquant véritablement des autres (l’ensemble reste homogène de bout en bout). Néanmoins malgré cela on ne fera pas la fine bouche devant cette découverte de très bonne tenue qui s’écoutera aussi bien attentivement qu’en dilettante, et qui même si elle ne figurera pas dans les bilans de fin d’année a de quoi procurer suffisamment de bons moments pour qu’on se prenne au jeu et qu’on y revienne régulièrement afin de décrasser nos esgourdes pour notre plus grand plaisir, ce qui n’est pas vain et même franchement utile aussi bien aujourd’hui que demain.
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