Tripod - Déviances
Chronique
Tripod Déviances
Tripod. Voilà un groupe qui m’était quasiment sorti de la tête. Jusqu’à ce que la proposition de chronique de ce nouvel album « Déviances » atterrisse sur votre webzine préféré. Je ne saurais dire pourquoi mais un élan de curiosité m’a alors entraîné et je me suis donc proposé pour réaliser la-dite chronique. Tripod est un groupe que je connais relativement bien, ayant les deux précédents albums dans ma discothèque et les ayant déjà vus sur scène. Mais pourtant, autant être honnête, je ne peux pas dire que je plaçais réellement de grands espoirs en ce nouvel album. Je m’explique : Tripod, groupe marseillais créé en 1994, sort en 2000 son premier album « Lèche ». Et là c’est une claque énorme ! Un album frais, fougueux, décalé et au final très « rock n’ roll ». Bref, une bien belle entrée en matière. Malheureusement, en 2003 le groupe sort son deuxième effort « Data error ». Et là, c’est le drame ! Un album fade, insipide, bien trop typé « néo » avec ses riffs simplistes poussés à l’extrême, ses paroles frisant parfois le ridicule (alors que c’était l’un des points forts de « Lèche »), un chant rappé cliché au possible et je ne vous parle même pas du chant clair ! Bref, un album avec lequel le groupe tombe dans les pièges de ce qu’on fait de pire dans le « néo ». A partir de ce moment là, je doutai fort qu’un album de Tripod puisse encore trouver grâce à mes yeux.
C’est donc dans cet état d’esprit que j’abordai ce « Déviances », assez sceptique, mais avec quand même une petite lueur d’espoir dans le fond (si si, tout au fond à droite…). Et comme souvent, c’est lorsqu’on n’attend plus rien d’un groupe que celui-ci décide, dans un sursaut d’orgueil, de vous remettre un petit coup de doigt derrière l’oreille, histoire de vous rappeler qu’il n’est pas totalement enterré.
Attention ! Pour autant ce « Déviances » ne marque pas une fracture radicale avec le précédent opus, mais il essaie (et c’est déjà beaucoup) d’en gommer les principaux défauts pour tenter de n’en garder que les qualités (si tant est qu’il y en ai…oui là je suis méchant ! ;-)). Cet album n’est pas non plus un retour cinglant au style plus frais et un peu foufou du premier opus, mais plutôt un certain mélange de tout ce qui a fait ce qu’est Tripod depuis ses débuts (à savoir un groupe de « néo-métal », certes, mais avec ce côté un peu décalé autant dans les textes que dans la musique) et en y ajoutant cette fois-ci une bonne dose de métal qui tâche !
Parlons-en donc de la musique. « Déviances » s’ouvre avec le titre « Conscient », et là je me suis dit « tiens ! Les marseillais se seraient-ils ressaisis ?! ». En effet, le titre d’ouverture, certainement un des plus violents que le groupe ait jamais composé, met les choses au clair d’entrée de jeu : le groupe a choisi, et c’est tout à son honneur, de radicaliser son propos. Certes, le groupe évolue toujours dans la sphère (très vague) du « néo-métal » (non, Tripod ne s’est pas mis au grind !) mais il a injecté à son style une bonne dose d’amphétamines et on ne peut que les en féliciter. On se retrouve au final avec une sorte de néo-power métal plus qu’efficace (« Jôdo » en est le meilleur exemple). Le deuxième changement qui frappe nos oreilles c’est le chant : exit le chant rappé et les chants clairs inutiles (seulement présents une ou deux fois et cette fois-ci utilisés à bon escient), ici K-Lee beugle avec une hargne impressionnante et nous offre une prestation plus que convaincante tout au long de l’album, toujours aidé en cela par le bassiste Daniel (on a même le droit à un petit growl sur « Conscient »). Les paroles elles aussi s’avèrent bien plus intéressantes que sur « Data error » (il porte vraiment bien son nom cet album..), souvent revendicatives et enflammées (« Il faut voir comme », « America », « Madonne »…). Les riffs de guitare d’Olivier (qui a remplacé Kamel) ne sont pas, il est vrai, d’une complexité à en faire chialer les gratteux de Visceral Bleeding, mais ont au moins le mérite d’être efficaces et de faire mouche bien plus souvent que sur le précédent album. Autre changement, la batterie est maintenant tenue par David qui nous offre ici une prestation plus qu’honorable, le jeu de ce dernier étant très carré et énergique. Le groupe s’accorde des accélérations rythmiques fort sympathiques (« Conscient », « Laissez », « America », « Jôdo ») ainsi que des breaks plus lents qui permettent aux titre d’éviter la redondance et aèrent l’album. « Introvertis » nous amène sur des terres presque hardcore, tandis que « Le remède » renoue avec le côté un peu foufou et rock n’ roll de l’album « Lèche ». « L’effet de l’acier » et la très réussie « Lucarne » nous montrent un côté plus mélodique du groupe qui termine l’album par l’énorme « America » puissante autant dans la musique que dans les textes (« Georges est un dealer de serial killers », mais de quel Georges parlent-ils ? Brassens ? Moustaki ?…). La prod de Shain Rafati (Eths, Lofofora…) est irréprochable, plus rugueuse que sur le précédent, ce qui est vraiment une bonne chose.
Le troisième album de Tripod se trouve donc en fait être plutôt une bonne surprise après le raté de « Data error » il y a 3 ans. Même si le groupe n’a pas radicalement rénové son style, cet album est nettement plus pêchu, plus « métal » que ses prédécesseurs, tout en gardant son groove caractéristique. Alors même si ce style s’attire plus souvent la foudre des « vrais » métalleux plutôt que des éloges, j’ose le dire haut et fort (même pas peur !) ce nouvel album de Tripod est un bon album de métal, tout court !
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