Ufych (Sormeer) - Crazy M.A.C.
Chronique
Ufych (Sormeer) Crazy M.A.C.
(Crazy Middle Ages Cyborgs)
“Non mais attends: c'est génialement n'importe quoi ça !??” résume assez bien ma réaction lors des premières expositions à la musique de Ufych Sormeer (Moules-Frites sur Mer pour les intimes). Imaginez donc la bande originale d'un dessin animé de SF qui serait à la fois épi(lepti)que et déconnant, exécutée par un groupe de heavy metal à la Edguy qui serait doté d'un background musical bien plus burné et de goûts plus progressifs. Dur de se faire une image précise hein ? En tout les cas, cette sauce prend vraiment très bien, ceci grâce au talent de composition et à l'inventivité d'un groupe vraiment à part.
Un album comme « Crazy M.A.C. » s'aborde de préférence avec le guide du Routard Metal Intergalactique et une boussole en poche, tant le sujet est dense et les chemins proposés nombreux. Tout d'abord, cette galette est un concept album qui met en musique le 2e épisode d'une saga se déroulant dans un univers Space Fantasy burlesque … et entre la diversité des intervenants et la loufoquerie de la trame narrative, il n'est pas toujours aisé de s'y retrouver, même aidé des textes disponibles dans le livret (je vous invite à en apprendre plus sur le concept via le site du groupe). Secundo, côté musical, le groupe ne s'est pas fixé beaucoup de limite : se côtoient donc allègrement passages bien Rock'n'Roll (« Space Cowboys »), interludes électro, longs morceaux épiques (« The Vandorian Rebellion »), et samples déconnants. Enfin, côté chant, c'est un véritable festival polyphonique auquel on se trouve convié, performance qui permet au concept de définitivement prendre corps: Bzour, chanteur du groupe, n'hésite pas à véritablement jouer chacun des (nombreux) protagonistes de l'histoire, alternant passages théâtraux parlés, chant heavy metal de tout 1er ordre, tirades cartoonesques, le tout parfois juxtaposé en un impressionnant mille-feuilles de lignes vocales.
Bien que l'exercice du « titre par titre » soit un peu artificiel, la majorité des morceaux de « Crazy M.A.C. » développe un univers musical propre, ce qui mérite qu'on s'y attarde un peu dans le détail. Les titres « Shun Loafer » et « Space Comboays » sont les 2 gros hits « accessibles » de l'album, l'un dans un registre heavy metal barré, l'autre développant un Metal'n'Roll décalé. Dans la catégorie titre épique et progressif, Ufych Sormeer propose 2 perles absolues : “The Vandorian Rebellion » recèle de nombreux passages poignants et magnifiques (oui, ces qualificatifs sont justifiés, on n'est définitivement pas chez Gorerotted ici) où Bzour se déchire littéralement niveau chant. Mais c'est surtout « Where all things equalize » qui pête le high score au tableau d'honneur des morceaux qui vous font hurler des refrains la main sur le cœur et la tête tournée vers les étoiles (et qui vous permettent de vous taper une grosse honte quand un pote ou votre tendre moitié entre à l'improviste et vous voit jouer les Troubadours Vénusiens …). C'est bien simple : ce titre me colle une chair de poule incontrôlable à chaque écoute et m'emmène invariablement côtoyer les sommets d'un metal puissant, émotionnellement fort et – nom de dieu – tout simplement sublime (ouais je m'emballe et alors ? Ecoutez-moi donc ce morceau !!). Les passages speed ne sont pas pour autant oubliés, et l'ensemble du groupe assure vraiment sans avoir besoin de recourir à de grandes démonstrations. La prod' de l'album n'est pas tape à l'œil mais est parfaite et ne souffre d'aucune approximation.
Bon, par souci d'objectivité, il est quand même nécessaire de faire le « Ufych Sormeer culpa » : passons donc aux critiques. Premièrement, certains titres auraient pu gagner légèrement en efficacité avec un plus grand souci de cohérence et de concision (« We thought this battle lost , « The Vendorian Rebellion»). En effet, on a parfois l'impression que le groupe veut aller dans tous les sens à la fois, et même si cela est toujours fait avec beaucoup de talent, cela peut avoir pour conséquence de perdre l'auditeur moyen qui a besoin de repères basiques. De plus, il est à noter que certains interludes électroniques planants risquent de hérisser le poil des moins tolérants et des plus poilus (« Mechanism of a cold macrocosm », « Deviant Local Universe »).
Au final, - vous l'aurez compris - cet album est un véritable coup de cœur. Dans ce cas, pourquoi seulement un 8.5 ? A cause des petites critiques formulées ci-dessus … et parce que je pressens que, si le groupe continue sur sa lancée, avec le recul et l'expérience, il ne peut que produire un chef d'œuvre absolu la prochaine fois, ce qui risque de nécessiter au moins un point de plus que la note présente …
Allez, juste pour la route, je remets mon costume de spacio-ménestrel, et je retourne écouter « Where all things equalize » :
« ‘can admire a city that no-oooooone ever imagine …
‘can marvel at a queen, that turns everyoooooone-oooooon !! ...»
| cglaume 16 Mars 2007 - 2302 lectures |
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