Décidément, quand ils ne travaillent pas à la rédaction de la méthode Assimil du Black Metal en 40 leçons, les Norvégiens aiment bien cuisiner le metal extrême en jetant un peu de tout dans la marmite, histoire qu'on ait du mal à les étiqueter. Après She Said Destroy qui voyait copuler sauvagement Mastodon avec Immolation et un poil de black, voilà-t-y pas que les fjords accouchent aujourd'hui d'un hybride entre Textures, The Dillinger Escape Plan et Pantera, le tout saupoudré de pincées de metalcore où la hargne du hardcore aurait étranglé dans l'œuf les niaiseries trop souvent propres à ce genre en vogue.
Après lecture de la chro de leur précédent et 2e méfait,
« Soothing Torture » (Chris, si tu nous écoutes …), il semble que le groupe ait aujourd'hui abandonné ses touches Fear Factoriennes au profit d'une approche metalcore plus marquée. En effet, des passages catchy en voix claire font de régulières – mais pas trop fréquentes non plus - apparitions (sur « Welcome whore », « Deeper nail », « Time wounds all heals » …), faisant mouche à chaque coup, le tout sans puer l'opportunisme ni sans devenir trop prédominants. Non, ces passages sont en général très justes, poignants, et – en alternance avec des breaks planants très Textures-esques - aèrent des compos qui sont sinon très denses. Celles-ci ont généralement tendance soit à poser des ambiances étouffantes et sombres à base de dissonance et de déstructuration mélodique (« Yearning », « Deeper nail »), soit à laisser libre cours à des explosions thrash foudroyantes (« The world is yet to come », « A silent Epidemic »).
Côté vocaux donc, Tommy Hjelm donne dans l'aboiement hardcore/thrash burné avec des escapades occasionnelles sur les terres de Mr Anselmo. A côté de ça, il assure parfaitement les passages clairs sans avoir à rougir d'approximations. Côté grattes, l'inspiration est à piocher chez Messhuggah plutôt que chez In Flames - comme c'est pourtant souvent le cas chez les groupes de la NWOAHM. On ne trouve pas de solo sur « The Silent Epidemic », hormis quelques rares éjaculations guitaristiques dignes d'un épileptique qui se prend une décharge (à 3'56 sur « Skinned of Pride »). Plutôt que de s'astiquer le manche en public, Insense préfère développer une musique plus rythmique que mélodique, forte en atmosphères, où les riffs syncopés saucissonnent sec (ce passage est sponsorisé par Justin Bridou,) et où le groove se veut épais et sombre. Il est d'ailleurs remarquable que, alors qu'il développe beaucoup de rythmiques qui prennent à rebrousse-poil et qu'il évite le plus souvent les plans convenus, le groupe ne nous perd jamais en route : ceci est la marque d'une grande maturité dans la composition.
Il semble qu'en Insense (jeu de mot ou pas là ?), le label Black Balloon ait flairé (ça c'est pour le côté « encens » … allez quoi : encens, incense, insense … jeu de mot là !!!) le groupe à fort potentiel, et a donc sorti du cash pour promouvoir son poulain : clip pas trop dégueu pour le premier single « Welcome whore » (à mon sens « Time wounds all Heals », hit de l'album, aurait été un meilleur choix mais bon …), mixage assuré par Daniel Bergstrand (les p'tits gars s'étant chargés eux-mêmes de la prod' … et ils auraient eu tord de s'en priver au vu - au ouï plutôt - du résultat)… va falloir que les chiffres de vente suivent maintenant (vous le dites hein, si je vous perds avec toutes mes incartades parenthésesques :) )!!
Bref, si vous n'avez pas peur que votre metal sonne moderne, qu'il incorpore des tics purement metalcore, qu'il soit exempt de solo, et si vous appréciez une musique complexe et variée, hargneuse, forte émotionnellement, vous ne pouvez pas faire fausse route avec cette nouvelle production de Insense. Faites ce que vous voulez, moi je retourne écouter « Time wounds all Heals » … Nom de Dieu quel morceau !!
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07/05/2007 06:28