Hyems - Antinomie
Chronique
Hyems Antinomie
Hyems vient de connaître un bouleversement important dans son histoire puisqu'il a récemment changé de nom. Un changement dramatique qui a transfiguré à jamais le visage de la formation allemande. Car en effet, Hyems s'appellait encore il y a quelques mois...Hiems! Et tout ça pour éviter la confusion avec un obscure groupe italien encore moins connu que nos cinq Teutons! Bref, cessons les moqueries et regardons de plus près ce troisième album, Antinomie, le premier sur Restrain Records et sous cette nouvelle appellation.
Surtout que celui-ci possède bien assez de qualités pour mériter qu'on s'y intéresse. Malgré leur têtes de mathcoreux, les Allemands font dans le black métal. Pas du black pur et dur (hormis leurs têtes de gens normaux, remarquez la non présence de maquillage en hommage à cette magnifique espèce en voie de disparition et mangeuse invétérée de bambous qu'est le panda) mais une musique dont c'est la charnière principale. Les riffs sont en effet froids, la voix est écorchée (avec de temps en temps des petites montées très félines qui font penser à Dani l'ordure, notons aussi le refrain de "Dekadencia" sur lequel on croirait entendre Maurizio Iacono de Kataklysm!) et l'ambiance nihiliste, ou tout du moins noire (avec clichées mais efficaces intro/outro angoissantes), ne prête pas à faire la chenille (ou la danse des canards pour les sportifs, moi je ne peux plus avec mes genoux). En gros du black mais pas trop foncé (du grey?): les riffs, s'ils sont froids comme indiqué plus haut, ne sont jamais glaciaux et gardent toujours une optique mélodique (sauf sur le très haineux - et énorme - "Serum 144"). Hyems ajoutant aussi et surtout à son art noir des influences death avec une voix gutturale qui vient souvent seconder sa consoeur, ainsi que quelques riffs aux relents blasphématoires agréables. Du black/death finalement, même si la balance penche largement vers le côté obscure.
Ce qui risque de déplaire aux amateurs d'extrême par contre, ce sont ces sonorités modernes qu'utilise Hyems. Il n'y en a certes pas beaucoup mais les saccades moshisantes de "Dekadencia" et de "Störgeräusch" (oui le groupe chante en allemand, ça c'est déjà plus true!) notamment, ou le passage à 2'33 sur "Hiems Atra" très typé Lamb Of God, risquent le rejet de greffe chez les puristes. Qu'importe celà dit, le rendu étant défintivement acceptable!
Avec tout ça, Hyems nous pond des morceaux de quatre minutes en moyenne, relativement brutaux (ça blaste un peu pour dire!) tout en gardant une part de mélodie, assez simples dans leur construction mais très efficaces, avec moultes riffs excellents en tremolo qui hanteront votre esprit un certain temps. On reprochera celà dit à ces même riffs de se ressembler un peu trop mais Hyems pose toujours un break, un changement de rythme salvateur qui évitent les désagréments de la linéarité. Et pour apporter un peu de sang neuf, le groupe invite même Leif Jensen (Dew Scented) sur "Hiems Atra" et Jost Kleinert (Lay Down Rotten) sur "Als Ob Es Einen Morgen Gebe" histoire de montrer que la scène allemande est soudée et pleine de talents.
Après Dying Humanity, Restrain Records nous fait connaître un autre groupe d'Allemagne prometteur, même si Hyems existe en fait depuis 10 ans. Sans prétention aucune, le quintette nous livre une Antinomie que n'aimerait pas le Che (pas révolutionnaire quoi!) mais efficace, puissante (très bonne production, j'allais oublier), brutale, mélodique et bien composée. Les puristes risquent de ranger le groupe dans la catégorie métalcoreux qui s'essayent au BM mais il faudrait être de mauvaise foi pour ne pas reconnaître au groupe un talent certain. Une très bonne découverte!
| Keyser 15 Octobre 2007 - 2072 lectures |
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