On peut reprocher beaucoup de choses à Eths. En plus d'avoir un nom de groupe qu'on ne sait jamais comment prononcer, le groupe a le mauvais goût d'avoir une chanteuse sans gros nichons comme Nightwish, Hydrogyn ou n'importe quel groupe vaguement gothico-death. Cependant, celui que je ne ferai jamais – vous inquiétez pas, ça va venir – c'est bien le fait d'utiliser le français comme langue de prédilection, avec une invention pour les titres extrêmement rare, qui rejoint un peu celle de Reuno (le chanteur vraiment énervé de Lofofora, pas celui énervant de la rive gauche post-marxiste parisiano-montmartraise).
Jugez plutôt : entre autres titres de ce nouvel opus intitulé "Teratologie", soit étymologiquement "Etude des malformations" (de "Teratos" : déformé, ex. : tératogénèse, Patrick Devedjian, et de "Logos" : étude, parole, ex. : logorhée, proctologie) : "Holocauste en trois temps" (qui me rappelle un "Embryons déssechés" d'Erik Satie), "Bulimiarexia", "Priape", "Ileus Matricis". Certes, tous tournent autour des thèmes favoris de Candice (la chanteuse aux petits nichons) la mort, la haine de soi, le corps et évidemment, le point de croix, cependant, je les trouve assez originaux et plutôt bien trouvés.
J'avais plutôt aimé les deux premiers opus d'Eths, "Samantha" et "Autopsie". Leur troisième effort,
"Soma", ne m'avait pas laissé un souvenir impérissable. Ou si vous voulez il m'a laissé un souvenir plus périssable qu'un morceau de viande laissé sur le bord de la fenêtre sous 40°C en plein soleil (essayez, vous m'en direz des nouvelles). Et voilà que 3 ans après, et quelques départs (batteur et bassiste) plus tard, Eths revient avec un nouveau bébé. D'un point de vue général et gastronomique, ce disque m'a fait l'effet d'une choucroute au cassoulet avec supplément fois gras et tartiflette, et sauce mayonnaise pour accompagner : vu de loin tous les ingrédients ont l'air bon, mais tout mélangé, c'est un peu lourd et ça reste sur l'estomac. Eh bin c'est ça "Teratologie" : l'impression que les membres du groupes ont voulu mettre toutes leurs idées dans l'élaboration du disque : résultat c'est roboratif (69 minutes, 15 titres dont une seule intro) mais il y en a trop, trop de tout.
Trop de voix en même temps : Candice qui chante avec sa voix de petite fille qui ferait triquer un pédophile même castré chimiquement, Candice qui gueule, Candice qui chuchote pour faire glauque et torturé, le guitariste qui gueule en même temps que Candice. Trop de riffs de guitares en même temps, trop de choses simultanément et pas assez de continuité dans les compositions. Qu'on ne vienne pas me ressortir que je n'aime pas les compositions complexes, et mon amour immodéré pour le "Colors" de Between the buried and me et l'intégralité de la discographie de Tool montre le contraire. C'est que là on se retrouve en face d'une complexité que je trouve moyennement très bien gérée, un peu patchwork.
Je comprends la démarche, et elle est bien louable, mais je la trouve trop empruntée ici. Certains passages sont géniaux (le début de "bulimiarexia" ou d'"ondine"), mais d'autres, à force d'accumulation diverses, s'en retrouvent tellement alourdis qu'il n'y a même plus de dynamique, qu'on trouve ça pataud et mou (et par on, je veux dire moi, ma femme et mon chien, qui me donne des avis très concis : quand il aime, il aboie une fois et il remue la queue et quand il aime pas, il aboie une fois et il remue la queue. Bon en même temps c'est un chien très con, pourvu qu'il y ait à bouffer, il arriverait à écouter un album de Bob Sinclar en entier).
Il y a vraiment aussi des moments ou je me suis ennuyé. Je ne sais pas si c'est à cause de la voix de Candice qui m'a lassée ou la qualité des compositions ("hydracombustio" est un bon exemple de ça). Tout ça m'a laissé un goût de soufflet retombé. Et c'est con quand un soufflet retombe, ça gâche la bouffe et ça c'est pas bien.
Cerise (dé)confite sur ce gâteau trop chargé, les deux dernières chansons, dix-huit minutes à elles-deux, achèvent l'auditeur sous une dernière pelletée d'ennui. Soyons juste la dernière chanson, fait trois minutes et contient après 10 minutes de silence reposant, un bout de guitare désaccordée dans la nature. Il y a certainement une private joke là-dedans qui a du bien faire rire les musiciens au moment du mixage, mais bon moi hein…
Restent quelques points positifs là-dedans : la production est vraiment nickel, à la fois limpide et puissante, et le groupe a vraiment fait un album très et peut-être trop varié. Bref , c'est fâcheux, je n'aime pas être méchant avec les gens que je respecte un peu (enfin surtout pour les textes en français), mais là, je dois le reconnaître : en voulant faire bien, Eths a un peu raté son coup.
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