Unmoored - Cimmerian

Formé un hiver 1993 à Skövde (Suède), Unmoored fut l'un de ses nombreux groupes suédois à suivre le nouveau mouvement Death Metal (non mélodique) lancé il y a peu à Stockholm. Ainsi porté par le charismatique gaillard Christian Ävelstam (Scar Symmetry, Incapacity, Torchbearer…), la musique du groupe évoluera parallèlement avec la nouvelle scène progressive et mélodique scandinave. Après la sortie remarquée de leur troisième démo More To The Story Than Meets The Eye en 1997, Unmoored est pris sous l'aile d'un certain Tomas Skogsberg (Sunlight Studio) et enregistrera son premier album Cimmerian. La bande signera chez Pulverised Records mais il faudra attendre deux ans pour que l'album puisse enfin être dévoilé au commun des mortels.

Ceux comme moi ayant découvert Unmoored par leur fantastique troisième album Indefinite Soul-Extension (seule galette de leur discographie encore éditée), la première écoute de Cimmerian se fera certainement avec un air dubitatif. Unmoored se la joue swedish death ‘n' roll dans l'esprit d'un Entombed (période Wolverine Blues), comme en témoigne abruptement le chant old school méconnaissable de Christian (L-G Petrov ?). Les habitués aux modulations ahurissantes du bonhomme (growls d'outre-tombe/hurlements blacks) seront extrêmement déçus par ce chant sans saveur et méchamment faiblard. Pour heureusement contre-balancer ce soucis majeur, on retrouvera le chant clair angélique si cher aux adeptes. Malgré des performances bien loin de celles actuelle, Cimmerian démontre déjà le don incroyable du frontman : un titre comme « Final State » laissera indiscutablement sur le cul pour un premier coup d'essai de même que les quelques apparitions timides (« Down At Zero », « Blood By Tragedy », « Warsong »).

A côté de ce death old school obscur (à la production effroyable), se placent les bases du futur Unmoored, c'est-à-dire ce goût immodéré pour la musique « pot-pourri ». Bien moins flagrants que sur les opus suivants, les aspects mélodiques et progressifs multi-styles tiennent tête aux riffs basiques en carton pate. La comparaison avec Edge Of Sanity (période pré-Purgatory Afterglow) me paraît inéluctable, d'autant plus que le groupe tient une part importante dans les principales influences d'Unmoored (et c'est eux qui le disent). Il suffit d'écouter le timbre de Christian (carrément goth parfois) ou ces mélodies heavy/rock (« Now And Forever », « Down At Zero » et ces leads entêtants ou encore « Solution .45 »), clairement inspirés par Dan Swanö. Dommage que ce penchant mélo/prog ne soit pas plus exploité (mais écoutez moi ce break de « Warsong » : magique !) de Cimmerian, l'album aurait pu autant marquer les esprits que le reste de la discographie.

Cité comme un point de départ pour Unmoored, Cimmerian souffre d'un death ‘n' roll trop mollasson et peu inspiré mais sauvé par le talent d'exécution et les expérimentations (mélodiques et progressives) de Christian. L'album n'est pas foncièrement mauvais, il est même plutôt bon (rien que pour « Final State ») mais fait difficilement le poids face aux compositions d'un Kingdoms Of Greed ou d'un Indefinite Soul-Extension.

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