Autant l'avouer tout de suite: avant l'arrivée de la cuvée 2009, je n'avais jamais eu l'occasion de me flageller les oreilles au son des albums de Punish Yourself. Sauf que le titre "Gay Boys in Bondage" avait atterri il y a quelques années de ça sur un sampler de Rock Hard (
aux côtés de «Ten Seconds » de Blaze, du « Loser » de Ayreon et du « Trollhammaren » de Finntroll … je vous dis ça de mémoire), et que ce mélange d'électro dance-floorisante, d'indus et de « party freak attitude » m'avait méchamment botté. Typiquement le genre de musique qui fout la patate, ne respecte rien et fonce dans le tas tout en faisant hurler le métalleux outragé! A l'annonce de la sortie de "Cult Movie" - il y a deux ans de cela -, j'étais resté prudemment sur le bas-côté, l'album étant annoncé comme atypique, ce qui signifiait alors en l'occurrence « agencé comme une B.O de film entièrement instrumentale » ... Mais quand m'est venu aux oreilles l'annonce de la sortie imminente d'une galette portant le doux nom de "Pink Panther Party", aussi sec se sont formées dans mon cortex des images de créatures cartoonesques couvertes de cuir et de piercings, suant à grosses gouttes sous une jungle de néons colorés et d'enceintes crachant sans relâche de grosses giclées de beats. Yeah, les happy dirty & noisy electro-terroristes sont de retour, et ce coup-ci je vais m'en payer une bonne tranche!!
Oui mais là, déception. Au lieu de retrouver la voix taquine et autoritaire de la coquinette qui nous contait les mésaventures de moustachus ligotés, voilà-ti-pas que sort de mes écouteurs un indus "standard", sombre, martial, parfois lancinant, évoluant entre le old-
Ministry (
surtout) et les froideurs d'un Treponem Pal (
sur « End of the Western World » et « Welcome to now » par exemple), le tout étant placé sous le haut patronage de cordes vocales beaucoup plus masculines et passe-partout que ce à quoi je m'attendais. Bah elle est où la carte postale « Cyber-
Andrew W.K. en short jaune fluo et ceinture-god' à clous »? Pas franchement de panthère rose ni de grosse fiesta en vue lors des premières écoutes de la galette, le côté electro-dansant ayant apparemment laissé la place à plus de tension, de noirceur, de poussière … Bah merde alors, moi qui étais chaud bouillant là?!
Allez, on laisse la boule à facettes de côté, mais on ne va pas se décourager pour autant. Dans quel trip les french techno-masos sont-ils partis cette fois-ci? Premier constat: le groupe met un point d'honneur à entretenir une atmosphère futuriste et sombre (
Blade Runner-like pour caricaturer) tout au long de l'album, afin – j'imagine – d'homogénéiser son propos. Pour ce faire il use d'intros et d'interludes ambiancées (
pas moins de 3 morceaux sur 12), enchaîne certains titres sans coupure aucune (
« End of the Western World » et « (My Name is) Legion ») et démarre régulièrement ses titres sur des crescendos (
tu vas voir que Keyser aurait écrit crescendi!) ou des fade in toute en déploiement de tension progressif. Bref, "Pink Panther Party" n'a rien d'une collection hétéroclite de hits colorés et in your face. Pourtant, peu à peu, on réalise que même dans les moments les plus froids et sombres, le groupe réussit à communiquer une certaine patate, la rythmique martelant certes de manière assez mécanique mais avec vigueur, l'invitation à se bouger le train n'étant finalement jamais très loin. Prenez par exemple un « Born in Thorns / Torn to Pieces », morceau pourtant tout en tension, en vocaux haineux et en mode
Ministry furibard: celui-ci se révèle plein d'énergie et particulièrement entraînant. Plus parlant encore, l'indus furieux, grandiloquent et apocalyptique de « This is my Body, this is my Gasoline », bien qu'éminemment nihiliste et revêche, se retrouve bien vite dans le top 3 des titres les plus intéressants de cet album, la puissance et l'énergie déployées faisant rapidement décoller l'auditeur loin au-dessus de son sofa.
Et puis le groupe nous réserve quand même une bonne petite brochette de morceaux bien sympatoches, moins lourdement typés indus sombre et plus proches de sucreries type Die Krupps, Killing Joke,
Marylin Manson, voire
Mindless Self Indulgence. Prenez « (My Name is) Legion »: grosse louchée de groove, touches electro légères, rythmique imparable, formatage hit aux petits oignons… On pourrait se croire en train d'écouter une reprise de Depeche Mode effectuée par un
Manson particulièrement en jambes. Que dire de « Zmeya » qui démarre sur une rythmique qui évoque de loin le « The beautiful people » de qui-vous-savez, et qui donne direct à l'auditeur l'impression d'être bien au chaud dans ses pantoufles (
ma foi, tout de même: un brin facile ce titre, avec – à partir de 3:32 – le sempiternel passage permettant à coup sûr de faire entonner une série de Hey! Hey! à un public en délire). Le pompon du tube efficace et grand public revient à « You ain't Got Me », très electro-pop et prêt à cartonner dans les clubs branchés. Le groupe a d'ailleurs sans doute senti que le morceau dénotait un poil, et a préféré clore l'album sur un « Welcome to Now » beaucoup moins euphorisant.
Allez, concluons vite et bien: cet album est donc pour moi une micro-déception par rapport à ce que j'attendais initialement de Punish Yourself. En même temps je vous rappelle que je ne connaissais le groupe que par l'intermédiaire d'un seul et unique morceau. Mais si les frenchies ne sont pas dans la niche singulière et festive où je les attendais, mais plutôt dans des standards indus plus « classiques », il n'en reste pas moins qu'ils délivrent un album énergique, accrocheur et puissant qui devrait ravir les amateurs du genre. Ces derniers peuvent d'ailleurs arrondir à loisir ma note quelques poils plus haut.
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