Le Néerlandais Alex « Carpathian Wolf » (d'origine ukrainienne) connu sous le nom de Al' Hazred par ceux vénérant Melechesh, revient un an et demi après son deuxième album
Concordat. Son discret « one-man-band » Conspiracy formé en 1994 et ressuscité depuis 2006, pratique un black metal aux teintes « eighties » (thrash et heavy) difficilement classable, chose faisant tout le charme du groupe batave. Toujours sous la bannière asiatique Pulverised Records mais délaissant son dessinateur Dan Seagrave (au profit du peintre belge Félicien Rops (XIXème siècle)), Conspiracy devient désormais un duo. Accompagné du teuton Aryan Blaze pour l'orchestration et la guitare de ce nouvel opus, Carpathian Wolf peut ainsi dévoiler son
Irremediable (référence à Baudelaire, comme avait pu faire Misanthrope).
L'arrivée d'un deuxième membre va grandement affiner les compositions, accentuant d'avantage le côté orchestral et subtil de Conspiracy. Le résultat ? Une sorte de musique gothique symphonique grand guignolesque (très Danny Elfman) des plus travaillées qui arrivera parfois même à rappeler le défunt Diabolical Masquerade (sans exagération). Associés au black metal de
Concordat et à l'éclectisme de Carpathian Wolf, les titres paraissent ainsi plus riches et d'un niveau tout autre (« Nocturnal Hunters » et son magnifique break ou encore « The Hag »). On retrouvera le chant black modulé, vomissant sur l'église et prêchant le satanisme ainsi que ce son toujours aussi « raw », martial et froid dans la veine de Diabolicum (« The Invocation Of Hecate » est assez flagrante). Les passages directs et accrocheurs de
Concordat sont biens présents, que ce soient les leads heavy mélodiques entêtants dans un tempo endiablé d'« End Of Religion » ou le glacial « Armageddon Broke » soutenu par cet orgue occulte frissonnant.
Mais comme sur la précédente galette, il y a à boire et à manger… D'un côté effectivement ces orchestrations imposantes donnant une certaine saveur à l'œuvre, de l'autre, des passages bien pauvres ou (et) atrocement kitsch et de bien mauvais goûts. Cela tient évidemment à la perception de chacun, mais le chant expérimental atroce du titre éponyme ou de « Bukovina » fera hérisser les poils d'oreille à bon nombre. Il ne suffit malheureusement pas d'ajouter quelques nappes de clavier pour pouvoir dégager une émotion et sublimer les compositions. La pauvre « Black Mass » (d'une « chiantitude » à toutes épreuves) et bon nombre de passages y faisant les frais. Frustrant que Conspiracy n'ait pas plus développé cet aspect là car le potentiel se fait sentir. Un défaut qui suivait déjà son prédécesseur
Concordat mais qui paraissait beaucoup moins inégal.
Irremediable va tenter de placer l'atmosphère au premier plan par une orchestration relativement massive et des compositions plus subtiles, mais les titres ne suivront pas… Trop d'inégalités qui feront décrocher l'oreille de l'auditeur. C'est dommage car couplée au black metal bigarré de
Concordat, la galette aurait pu faire des ravages et mieux faire connaître l'obscure Conspiracy. Peut-être lors du prochain album ?
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