On avait laissé Gravehill sur un
Rites Of The Pentagram jouissivement passéiste, une des belles surprises d'une année 2009 bien chargée. Depuis, les Américains ont recruté Matt Harvey (Exhumed, Dekapitator) à la guitare en remplacement de Zyklon A et réédité leur premier full-length chez Ibex Moon Records avec l'EP
Metal Of Death en bonus. Mais c'est finalement Dark Descent Records qui signe le groupe pour un deuxième album débarqué en mai dernier. Chez Thrashocore on est toujours à la bourre mais au moins, on ne peut pas nous reprocher de chroniquer à chaud!
La première chose que l'on remarque sur ce
When All Roads Lead To Hell, c'est l'effort fait par les Californiens au niveau de la pochette, pour une fois très classe. Tirée du
Weltgericht de Stefan Lochner, peintre allemand du XVème siècle, celle-ci donnerait presque envie de jouer à "où est Charlie?"! Un artwork plus élaboré donnant un indice sur une direction musicale plus sophistiquée? T'as vu la Vierge ou quoi?! Gravehill n'a pas dévié d'un iota et reste toujours aussi simple niveau musique, si ce n'est plus. Et tant mieux j'ai envie de dire tant
When All Roads Lead To Hell s'avère d'une efficacité redoutable. Le metal extrême moderne vous donne des boutons? Vous, ce qui vous plaît, c'est les trucs old-school bêtes et méchants? Alors bienvenue chez Gravehill et son death metal crasseux aux grosses influences thrash qui vous ramènera directement vers la fin des années 1980. Après une "Intro" samplée d'une trentaine de secondes bourrée de larsen, le groupe envoie déjà la sauce sur un "Unholy Executioner" qui donne le ton: ça va aller vite et ça ne va pas faire dans la dentelle. Les Américains sont des gens pressés, si ce n'est sur quelques breaks et un dernier titre "Consumed By Rats" plus modéré que les précédents mais tout aussi jubilatoire, et c'est donc à du jeu rapide auquel on est convié. Tchouka-tchouka accéléré, blastouille et même d-beat sur le défouloir "Devil Worshipper",
When All Roads Lead To Hell fait la part belle aux rythmiques véloces et sauvages. Dommage toutefois que la batterie de Thorgrimm, seul rescapé du line-up originel de 2001, soit légèrement sous-mixée. C'est toutefois la seule faute d'un son global totalement adapté mêlant puissance et agressivité pour un rendu certes old-school mais qui n'a rien à envier aux productions modernes. On peut même entendre la basse de Corpsemolestor vrombir à quelques occasions comme sur "Hell Metal Holocaust" à 0'55 (groovy baby!). En effet Gravehill joue vite mais n'oublie pas pour autant le groove et se fait ainsi catchy à mort sur tout un tas de riff mid-tempo headbangants à vous coller un impie torticolis. La preuve avec "Unholy Executioner" à 2'52, "Devil Worshiper" à 3'11, le début de "When All Roads Lead To Hell", "Suffer No Man To Live" à 1'22, "Hell Metal Holocaust" à 0'31, "Pray For War" à 1'13 ou encore "Consvmed By Rats" à 0'49. À ne pas rater aussi dans le genre mid-tempo casse-nuque, la reprise cachée de "If You Want Blood (You Got It)" d'AC/DC sur la dernière piste "7:06". "7:06" comme le temps que dure le long blanc avant que la cover démarre enfin. D'habitude, je déteste quand les groupes font ça mais le morceau est tellement jouissif qu'on pardonne vite Gravehill!
En fait, il faudrait nommer l'intégralité de la tracklist tant chaque titre renferme son lot de joyeusetés primaires bonnardes. Outre les rythmiques entraînantes et les riffs simples mais qui tuent, Gravehill se la donne aussi dans deux autres domaines. D'abord de bons solos à l'ancienne qui, malgré un côté chaotique dû en partie à l'utilisation du vibrato, sonnent souvent construits et mélodiques. Citons surtout "Hell Metal Holocaust", le meilleur morceau à ce niveau avec un enchaînement endiablé qui se conclue sur un motif étonnamment mélodique. Entre ça et les riffs tip-top, la paire Matt Hellfiend/Bodybag Bob fait vraiment du bon boulot! On terminera sur la dernière bonne idée des Californiens, le chant de l'ex-bassiste Mike Abominator. Sa voix à la fois râpeuse et glaireuse entre death et black est un vrai bonheur et colle totalement à l'esprit "old-school to the motherfucking bone" du groupe.
Soyons honnêtes, Gravehill n'a pas inventé le fil à couper le beurre. Le combo fait même plutôt dans la régression. Mais putain quel panard! Sous ses airs clichés de seconde zone, la formation offre tout ce qu'on aime sur un album de metal extrême: des putain de bons riffs, une production acide mais pas trop, un rythme soutenu, un chant vomi, du groove, une ambiance sombre et des solos coolos. Il a aussi le bon goût d'éviter de se faire trop répétitif grâce à quelques variations de rythme salvatrices, notamment des breaks plus lents et ambiancés ("Unholy Executioner" à 2'20, "Extinction" à 2'30 avec une petite mélodie dark sympatoche, le final de "When All Roads Lead To Hell", "Pray For War" à 4'16 sur un sample de guerre qui mitraille, l'intro et outro de "Consvmed By Rats" qui propose un peu d'acoustique, etc.).
When All Roads Lead To Hell s'avère ainsi un monstre d'efficacité qui certes ne révolutionne rien mais fout une patate d'enfer. Ce doit être une tuerie en live d'ailleurs mais ce n'est pas de si tôt qu'on verra un tel groupe en France. Peut-être un jour dans un fest en Allemagne avec de la chance qui sait! Pas grand chose à redire sinon,
When All Roads Lead To Hell reste juste un poil en dessous et un peu moins inspiré que
Rites Of The Pentagram qui m'avait pris par surprise. Mais si vous avez aimé le précédent, aucun risque que vous n'accrochiez pas à celui-ci. Gravehill, c'est le plaisir des choses simples, à écouter bourré le plus fort possible en gueulant Satan toutes les vingt secondes!
1 COMMENTAIRE(S)
17/12/2011 11:13