AtomA - Skylight
Chronique
AtomA Skylight
Il s'en est fallu de peu pour que je passe à côté de cette sortie. Entre le nombre de promos à chroniquer, le manque de temps, une accroche aussi percutante que "Apocalyptic Post Rock/Metal" et le dernier Moonspell qui siège à côté, l'avenir du premier album de ce projet suédois sur Thrashocore ne s'annonçait pas glorieux. Cette découverte, je la dois juste à une fugace envie d'écouter quelque chose de nouveau. Ca aurait pu être bien autre chose, mais mon dévolu s'est porté sur Atoma, allez savoir pourquoi. Ironie du sort, en balayant la biographie du groupe, je suis tombé sur un argument d'autorité qui aurait immédiatement fait pencher la balance en sa faveur : en effet, Atoma est le groupe né des cendres de Slumber, vous savez cette référence du doom/death scandinave qui n'a eu besoin que d'un (court) album pour se hisser au panthéon du genre. Alors même si ça a bien changé depuis, pourquoi ne pas avoir mis en avant cette information ? Décidément je ne comprendrai jamais rien au marketing...
Certains d'entre vous ont peut-être déjà eu l'occasion de croiser le chemin de leur musique dont de nombreux extraits circulent depuis un moment sur le net. Il faut dire que l'enregistrement de "Skylight" remonte à 2010 et qu'il aura fallu plus d'un an à Atoma pour signer un deal. Je me demande d'ailleurs entre combien de mains *expertes* cet album est passé, combien de personnes avec de la merde dans les oreilles ont osé refuser d'encourager un projet aussi ambitieux et novateur que celui-ci tant il m'est rarement arrivé de prendre une telle claque lors d'une première écoute. J'aurais l'occasion de m'expliquer plus en détail sur le pourquoi de ma note, sachez juste avant d'aller plus loin que je n'avais rien entendu d'aussi brillant depuis bien des années.
Difficile de décrire la musique de "Skylight" tant elle brasse de styles différents : doom/death, gothique, électro, ambient, post-rock, lounge, ... Cependant, tout ici n'est pas forcément mélangé comme on pourrait le penser. Aussi bizarre que cela puisse paraitre, chaque titre a sa propre identité et intègre divers éléments. Le panel est donc assez large, allant du très rock "Hole in the Sky" et ses faux airs de Muse, aux plus belles heures de Slumber sur "Skylight" et "Resonance", en passant par l'atmosphérique "Highway", l'ambient/lounge "Solaris" ou les électro "AtomA" et "Bermuda Riveira". Les seules constantes que l'on retrouve tout au long de l'album sont ces sonorités électroniques et ces claviers grandiloquents qui faisaient déjà le charme de Slumber, ainsi que le magnifique chant clair d'Ehsan qui s'accorde à la perfection avec ces quelques interventions féminines d'une grande pureté. Les morceaux jouissent d'une production et d'arrangements très synthétiques distillant une sensation de froid et d'immensité qui donne le vertige, où chaque son semble se propager dans toutes les directions puis se perdre. Et le tout est d'une richesse sonore hallucinante, d'une harmonie parfaite, d'une justesse sans faille.
Jusqu'à lors, j'ai croisé de nombreux groupes puisant ainsi à droite à gauche pour créer un style unique, mais encore aucun à tout mettre au service de son atmosphère. Car pour bien comprendre la musique d'Atoma, ce n'est pas l'étiquette qu'il faut regarder, simplement se laisser porter. Cela peut sonner un peu cliché, mais c'est pourtant le meilleur conseil que je peux vous donner. "Skylight" est avant tout une histoire, un périple que le groupe a voulu mettre en musique, celui d'une poignée d'astronautes errant dans l'espace à la recherche d'un refuge, décrivant leurs humeurs et sentiments. Si l'ensemble paraît hétérogène, certains titres même maladroits, l'écoute de ce tout vous fera changer d'avis tant Atoma a su donner à cet album une incroyable cohérence. La sensibilité et la profondeur des compositions vous transportent à des années lumières, au fin fond d'un univers aux frontières insaisissables. On s'y sent seul, perdu et totalement insignifiant, mais la contemplation de la beauté glacée de ces grands espaces vous provoquera un nombre incalculables de frissons : le refrain de "Hole in the Sky", les intro de "Cloud Nine" et "Highway", les accélérations de "Skylight"... Puis "Resonance" enfin, une pièce d'une telle grâce qu'elle remplira votre âme d'un sentiment de plénitude, comme un aboutissement ; le monde peut maintenant s'écrouler.
Pour le titre d'ouverture à l'électronique un tantinet rugueux, pour l'ennuyeux "Rainmen" et pour le linéaire "Solaris", je ne peux pas décemment lui mettre plus de 8. Le reste par contre n'est qu'évidence, les mélodies futuristes de "Skylight" résoneront dans votre esprit comme jamais, réveilleront votre besoin de liberté, et vous couperont radicalement du monde extérieur durant les 47 minutes que comptent l'album. En se lançant dans un projet aussi audacieux que celui-ci, les rescapés de Slumber ont visé juste et ce premier essai témoigne de leur ingéniosité et de leur créativité sans limite. Je me demande bien quelle suite les Suédois pourront donner à cela, mais une chose est sûre, les attentes seront à la mesure de cette découverte.
| Dead 15 Avril 2012 - 3908 lectures |
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