Hellsaw - Trist
Chronique
Hellsaw Trist
HELLSAW est un groupe autrichien qui a déjà 10 ans d’existence. Les choses sérieuses ont commencé pour lui en 2005 avec la sortie d’un premier album, puis il n’a cessé de gravir les échelons, signant chez le célèbre Napalm Record et y sortant ses troisième et quatrième opus (2009 / 2012). Et alors que leur popularité s’affirmait et que ce nouvel album semblait annoncer une consécration méritée, le groupe a annoncé peu après sa sortie qu’il prenait pause... Une autre occasion de se repencher sur un groupe qui mérite le détour :
C’est donc en 2005 qu’est sorti Spiritual Twilight, suivi en 2007 d’un Phantasm assez proche, avec juste ce qu’il faut d’évolution naturelle dans le son et la maîtrise. À l’époque leur black était froid et terrifiant avec de légères touches de sensibilité sur quelques titres. Ce sont d’ailleurs ceux-ci qui m’ont rendu fan du groupe et je voue toujours un culte aux touchants « Me Crying », « The Amber of Your Own » ou l’instrumental « So Far... ». Le groupe était très doué pour allier haine et mélancolie, au même titre que CRYFEMAL ou KROHM. Certes, certains titres était en dessous, mais il y avait de bonnes accroches bien distillées tout du long.
Et puis est arrivé Cold, un troisième essai où la sauce ne prenait pas à cause de grands écarts trop larges d’une piste à l’autre et un manque évident d’accroche générale. On y retrouvait des titres brutaux, d’autres influencés punk, d’autres proches du SATYRICON actuel, etc.... C’est peut-être une qualité de ne pas tourner en rond, mais cet album était trop inégal, trop décousu et surtout incapable de parler au coeur. Il se contentait d’être « froid » comme son titre et seul le morceau d’ouverture, « A Suicide Journey » sortait son épingle du jeu.
On se demandait si le groupe allait être capable de remonter la barre, et c’est ainsi que sort ce 4ème album, intitulé Trist. Un nom qui laissait déjà entrevoir un retour à des ambiances plus torturées, mais qui pouvait aussi faire craindre que le groupe ait décidé d’en faire trop côté pathos. Eh bien rassurez-vous, « Trist » est un terme tout de même exagéré. Le premier qui vienne à l’esprit est plutôt « haine » car cet album est foncièrement malsain avec des vocaux arrachés à l’enfer, une batterie violentée comme la femme d’un alcoolique, et des guitares qui viennent résonner jusqu’au fond de la rate. La hargne est donc au rendez-vous, mais là où les Autrichiens se sont surpassés c’est qu’ils sont parvenus à insérer « le » passage qui tue à pratiquement chaque morceau ! Sur « The Devil Is Calling My Name », ce sont des ralentissements et des choeurs douloureux, sur « Sorrow Is Horror » ce sont des vocaux déclamés enchaînés par un soli tout en vitesse, sur « Doom Pervades My Nightmares » c’est ce final instrumental semi-acoustique qui reprend et sublime la mélodie du titre. Et ça continue sur les pistes suivantes ! Surtout, dès le troisième titre, papa est content de retrouver la sensibilité qui faisait défaut à Cold. Des riffs désabusés viennent nous inonder et les yeux se ferment de plaisir sur « The Forerunner of The Apocalypse », « Trist » et « Silence ». Ce dernier commence en plus par une intro progressive surprenante et termine par une cavalcade imparable de sentiments.
Ce qui est aussi agréable à l’écoute de ces 9 morceaux, c’est l’homogénéité des 43 minutes. Il y a bien des éléments différents à chaque titre mais ce ne sont que des ajouts, pagan par-ci, brutaux par-là, qui s’intègrent le plus naturellement du monde à l’ambiance haineuse générale. HELLSAW se montre ambitieux et sûr de lui. Il maîtrise encore plus et sa musique et a compris ses qualités. Il n’y a plus de longueurs et les titres ne tournent jamais autour du pot. Seulement deux titres dépassent les 6 minutes ; les autres flirtent plutôt avec les 4 minutes.
Il reste par contre quelques légers soucis, avec quelques titres moins efficaces tel que le trop plat « Death Bells » ou « A Winter Cold » qui se rapproche encore du New-SATYRICON. Enfin, les vocaux écorchés peuvent lasser étant donné que leur timbre est très marqué et qu’il ne propose pas assez de variations.
Pour synthétiser, cet album n’aurait pas dû s’appeler « Trist » mais plutôt « Grosse hargne violente surmontée de délicieux relents désabusés ». Pardon ? Manque de place sur la pochette ? Soit, gardons Trist alors... Mais vite, faites que le groupe sorte une suite !
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