Khors - Wisdom of Centuries

Le 24 saiptenbre 1982
Chair journal,
Aujourdh’ui que la maitraisse elle avait des bombons comme ceus que Mémé elle a à ça maison. C’est les noirs dehor et blanc dedent qu’ont le gout tro chouète du coca. Mè quant j’ai mi dan la bouche, s’étai pa du coca mais tous pa bon. Apré maman a dit qu’s’étai pa du coca mè qu’s’étai du raiglisse. Maman ell’a dmendé si s’étai bon mé je chavai pa passque moi je voulé du coca. Alors fau kun jour je reréssai le raiglisse.

Le 24 septembre 1992
Cher journal,
Depuis 3 jours j’étais à Barcelone ! C’est la deuxième fois puisque, souviens-toi, j’y étais allé début août. Je t’avais raconté comme la ville m’avait enchanté alors que les Jeux Olympiques battaient leur plein ! J’avais juré que j’y retournerais vite et j’ai tenu ma promesse ! Mais quelle déception ! Plus de Cobi le chien, plus de Derartu Tulu, plus de boxeurs cubains, plus de « youpi youpla » à tous les carrefours... J’aurais mieux fait de rester à Paris...

Le 24 septembre 2002
Cher « journal »... que personne ne lira jamais. Ou alors le moi du futur ? Toi, Aurélie « chérie » qui fouine toujours dans mes affaires ? Toi, la cheminée dans laquelle j’aurai jeté mon passé ? Enfin... cher journal... voilà, j’ai les boules.
Aujourd’hui j’ai revu Elodie... la bombe avec qui je sortais avant le mariage. La semaine dernière elle m’a envoyé un SMS tout chaud comme une tarte aux pruneaux qui sort du four et j’étais tout fou. J’allais revoir ses nibards XXL, son cul « fond dans la bouche pas dans la main » et ses cheveux blonds couleur excitation... On s’est donné rendez-vous au café où on allait toujours et j’ai préféré attendre de loin, histoire de savoir si c’était pas un coup tordu d’Aurélie. Mais non, elle était là, mais pas blonde ni bonnasse du tout ! Elle est passée brune ! Brune, bordel ! Et habillée en jean et chemisier genre « Je suis restée québlo dans les années 90 ». Refroidissement total, je suis rentré illico presto au bercail ! Aaaah déception !

Le 24 septembre 2012
Cher journal,
L’album de KHORS que j’attendais enfin est arrivé et j’ai suffisamment d’écoutes pour t’en parler. C’est déjà le 5ème album de la formation mais seulement le troisième que j’écoute. J’avais découvert avec le premier, sorti en 2005 chez Oriana Music mais qui n’avait pas assez de personnalité pour que je devienne accro. Le black y était déjà emprunt de mélodies particulières avec quelques touches de piano, mais gardait un côté sombre séduisant. Je ne m’étais donc pas intéressé à Cold (2006) et Mysticism (2008) mais j’ai retrouvé le groupe avec son 4ème album : Return To Abandoned (2010) qui, lui, m’a bien convaincu. On y trouvait toujours une forte base BM, mais avec des guitares au son distordu. Claires et trafiquées, elles illuminaient les titres. KHORS avait trouvé sa voie et elle passait par des cases progressives ou heavy. Elles n’étaient certes pas continues mais assez pour devenir une marque de fabrique ! Ce coup de maître m’avait donné l’espoir que le groupe poursuivrait dans cette voie, et voilà ce Wisdom of Centuries.

Et tu l’as senti venir, mon ami journal, mais l’espoir a fondu ! C’est un bonbon de réglisse alors qu’on s’attend à du coca-cola, c’est Barcelone juste après les Jeux, c’est Elodie en mode Beverly Hills 90210 ! C’est KHORS qui fait plus du KHORS ! Les éléments personnels ont été extrèmement dilués au point de faire perdre une bonne part de l’âme du quatuor ukrainien. Cela ne veut pas dire pour autant que l’album est mauvais, mais qu’il en prendra beaucoup à contre-pied ! Du coup je ne suis pas fan même si je reconnais l’effort de composition évident.

La plupart des titres offrent une ambiance de conquêtes et d’envolées et la triplette « Black Forest’s Flaming Eyes », « The Last Leaves » et « The Only Time Take It Away » sait jouer avec les sentiments. Il font assurément mouche et représentent le véritable intérêt de l’album. Le regret ? Leur tendance à plus ressembler à DRUDKH qu’à l’album précédent ! DRUDKH qui est d’ailleurs tout aussi ukrainien. Mais aucun de KHORS n’y est lié directement. Ils sont passés par ASTROFAES (le bassiste et le batteur), HATE FOREST (le même batteur) ou ULVEGR / YGG (le guitariste / vocaliste d’origine), mais pas par DRUDKH.

Un autre titre est plus lourd et sombre (« Wisdom of Centuries ») et vient aussi trifouiller dans l’esprit tout en manquant encore de personnalité. L’autre souci, peut-être plus important, vient de l’impression d’avoir un album bien trop court. C’est vrai, regarde la track-list ! Sur les 8 morceaux, 4 sont des instrumentaux ! Je sais pas pour toi journal, mais moi, j’ai du mal à garder mon attention sans vocaux et là, c’est joli mais sans plus.

Tu vas trouver que je radote, mais je vais te faire une petite synthèse : les 4 « réels » morceaux sont de qualité, mais pas dans le style que je voulais, pas avec la patte de l’album précédent. C’est dommage parce qu’il y avait un potentiel évident, et que maintenant ça décolle beaucoup moins haut ! Et maintenant, je te laisse journal parce qu’Elodie m’appelle. Ce soir encore on va manger des réglisses sur le port de Barcelone !

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