[ A propos de cette chronique ] Il faut se rendre à l'évidence, le Black Industriel est un style qui pousse forcément à l'expérimentation. De toute façon, vu que la moitié du travail se fait à l'aide de logiciels, l'artiste se dit qu'un petit wooble par ci (Decline of The I – Inhibition) ou un petit coup de new-wave par là (Pavillon Rouge) ne fait pas de mal. Et dans la plupart des cas, il faut avouer que cela apporte un petit plus non négligeable et révèle parfois une identité cachée qui ne peut sortir qu'à travers ces diverses digressions musicales.
Si je vous parle de ça, ce n'est pas pour faire de l'intellectualisme Camion Noir sur la musique que j'aime ou pour provoquer des commentaires-débats. Non, c'est juste parce que nous allons aujourd'hui parler de Lanz, entité hollandaise menée par Paranoïa et formée en... 1989. Non vous ne rêvez pas, il y avait un type qui s'amusait à faire du Black avec un Apple II Plus. La geek c'est chic, surtout quand c'est avec 10 ans d'avance sur tout le monde. Pour la petite histoire, c'est tout simplement parce que notre bon Hollandais ne savait pas jouer d'instruments de musique qu'il commença à bidouiller dans les ordinateurs... Le fait est que niveau expérimentations farfelues, la formation en tient une sacré couche.
Bref, toujours est-il que Lanz, écumant les démos tout autant que les divers patronymes de groupes, squatte la scène Black/Indus/Chelou depuis maintenant 24 ans... Passons sur les démos introuvables aux titres tous plus louches les uns que les autres (« Yesterday Britney Spears Dressed up as Adolf Hitler and Fucked Me up the Ass with Her Pink Strap-on Dildo », « Lanz & Girls : The Only Good Things to Keep on Living For », « Jesus Christ gay Gangbang 2001 »... Ce serait dommage de ne pas citer quelques exemples pour la postérité, vous en conviendrez). C'est finalement en 2011 que Post-Apocalyptic Music ré-édite de manière professionnelle le seul et unique album du projet : « Incinerator : The New Church » sorti en 2008 sur Cd-r. Merci Post-Apocalyptic Music !
En fait, Lanz c'est n'importe quoi. Un monde où la Polka côtoie les camps de concentration. Un monde où la Hardtek vient se greffer sur des samples de Slayer. Un monde où le corpse-paint a des allures de Psoriasis.
J'allais dire « Vous savez à quoi vous attendre avec ça ! » sauf qu'en fait pas vraiment parce que Lanz prend un malin plaisir à greffer toute sorte de passages rocambolesques ou autres sampling croquignolesques tout au long de ce disque qui dure quand même une heure. « Incinerator : The New Church » est un gros trip bordélique construit à la n'importe comment par un mec complètement déglingué. Tant et si bien qu'à la fin on ne s'étonne même plus de voir apparaître une petite boîte à rythme lounge et dansante en plein milieu d'un passage Black Metal.
D'ailleurs si Lanz a bien une caractéristique musicale qui le différencie de ses petits camarades du Black Industriel, c'est que ses passages Metal sont excessivement raw, violents et sales. La distorsion est bourrée de Trebles ultra-saturés ce qui fait qu'à la première écoute on ne comprend pas grand chose. À l'inverse, les passages électroniques sont très clean, puissants et mixés subtilement. Lanz mise beaucoup sur ce contraste entre une ambiance Black Metal violente et des beats électroniques bordéliques mais diablement "catchys". Si si, "catchys" voire même niais comme en témoigne « Drawn to violence » et sa sympathique mélodie entraînante couplée évidemment à des grésillements de guitares en arrière-plan.
On pourrait d'ailleurs continuer longtemps à analyser le grand n'importe quoi de cet opus, mixant des rythmiques dansantes, des cris étranges et des lignes de basses issues de la polka ( « Doped on hatred »). Malgré cet aspect fourre-tout inhérent au groupe, à l'album et au concept, il faut cependant avouer que le bonhomme sait manier des ambiances, comme sur « Whitedrawal » touchant par son côté lourd et marqué. On se prendrait même à apprécier le slow magnifiquement interprété qu'est « Slik Mijn Zaad Voor Satan ». Un titre qui nous rappelle les meilleures scènes de la Boum dans sa version « Director's Cut à la cave ». Comptez sur moi pour vous uploader le titre sur Youtube s'il n'y est pas déjà, je me vois mal vous priver de cette merveille.
Que retenir de Lanz ?
Que l'anti-musique à trouvé un de ses maîtres. Pour la postérité.
Improbable et pourtant foutrement jouissif.
Par Keyser
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Par Lestat
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Par Sosthène
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Par MoM
Par Jean-Clint
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Par AxGxB
Par Deathrash
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Par Troll Traya
Par alexwilson
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