Disfigurement - Soul Rot
Chronique
Disfigurement Soul Rot (EP)
2013 se termine tranquillement et au moment d’en faire le bilan, un EP se place sans conteste parmi les plus belles surprises de ces douze derniers mois écoulés : « Soul Rot ». Après une démo 2 titres parue début 2011 et ressortie en fin d’année par le petit label américain Boris Records, il s’agit là de la première vraie offrande de Disfigurement. Ce tout jeune combo d’Atlanta, avec moins de trois ans d’existence et malgré un nom quelque peu clichesque, réussit pourtant ici un vrai coup de maître en sortant l’un des EPs les plus prometteurs depuis belle lurette en terme de death metal. Explications.
Si le premier sens à être mis à contribution ne sera pas l’ouïe mais la vue avec cette superbe pochette signée Juanjo Catsellano (à qui l’on doit notamment les pochettes de Revel In Flesh ou des derniers Putrevore et Bodyfarm) c’est quand même une fois appuyé sur le bouton play que le plaisir des sens virera à la jouissance. En effet, si le quintette est encore très jeune il affiche pourtant une maturité impressionnante (je sais c’est bateau mais c’est tellement vrai ici !). Ainsi les cinq titres de ce « Soul Rot » raviront les death metalleux de tous horizons. Car c’est bien là le principal atout d’un Disfigurement qui ne s’embête pas pour bouffer à tous les râteliers death metal : du death old school au brutal death en passant par le death technique, nos cinq Américains loin de se cantonner à un style prédéfini revendiquent la liberté d’aller puiser ce qu’il y a de meilleur dans chacune de ces scènes. Baigné d’une aura old school héritée des grands noms de la scène US (à commencer par Deicide) « Soul Rot » se démarque d’abord par de vraies compos, soignées, toutes bien différenciables les unes des autres et ayant chacune suffisamment de personnalité et de qualités pour apporter une grande homogénéité à l’ensemble (aussi court soit-il, quoi que 23 minutes pour cinq titres c’est pas si mal). Mais ce qui fait réellement la différence ici et l’intérêt principal de Disfigurement ce sont les riffs d’une qualité exceptionnelle et brassant donc quasiment tous les différents courants du death metal en une mixture à la fois old school, brutale, accrocheuse, technique et mélodique ! Il suffit d’écouter le début de « Noxious Sensation » (ou de « Foul Light ») pour se rendre compte en moins d’une minute que l’on a affaire à des gus qui ne se contenteront pas d’être simplement un groupe de death de plus dans la masse : une intro à la fois mélodique et bien brutale suivie d’un riff imparable. Pas de doute Disfigurement n’est pas là pour faire de la figuration, si je puis dire. La qualité du riffing réside également dans son extrême variété et nos deux gratteux se montreront aussi à l’aise lorsqu’il faudra envoyer la purée que pour vous faire hérisser le poil à l’aide de riffs mélodiques ultra chiadés («Soul Rot » à 53’’ ou « Entrance To Emptiness » à 3’19 et 3’36 pour n’en citer que trois), et même si Disfigurement n’est évidemment pas Spawn Of Possession, certains passages plus techniques (sur « Soul Rot » par exemple) viendront garnir les rangs des atouts d’un EP qui n’en manquait déjà pas. Adam et Richard ont également eu la bonne idée de parsemer la galette de leads mélodiques elles aussi très travaillées venant s’intégrer aux compos et appuyer encore la touche mélodique de l’ensemble. On comprendra aussi très rapidement que malgré ses côtés old school accrocheur et mélodique, les Américains n’ont pas pour autant l’intention de donner dans le mélodeath maniéré. Soyez rassurés, vous aurez donc votre quota de blasts avec cet EP. La variété des rythmes proposés ici, faisant écho à la variété des riffs, constituera d’ailleurs un autre élément éminemment intéressant dans l’approche de la musique du groupe qui ne s’endort jamais sur un tempo en particulier à travers des titres de quatre à cinq minutes très dynamiques durant lesquels il devient dès lors impossible de piquer du nez. Et si l’idée vous venait de tenter de fermer l’œil, nul doute que les growls gras mais compréhensibles du père Godbee viendraient tout de suite vous tirer de vos cauchemars débutants. Variant parfois son timbre pour flirter avec des accents black, le frontman délivre ici une performance puissante dans un style pas très éloigné d’un bon vieux Glen Benton.
Vous finirez peut-être par vous demander si « Soul Rot » a malgré tout des défauts. Je me pose également encore la question. La réponse doit donc être non… Certes la batterie est triggée mais cela reste tout à fait raisonnable, certes la basse aurait peut-être pu être moins discrète mais c’est un détail. Non, très honnêtement, il est extrêmement difficile de trouver plus de défauts à cet EP qui place indubitablement Disfigurement parmi les groupes de death les plus prometteurs du moment, capable de faire évoquer à la fois le côté old school d’un Deicide, l’aspect technico-mélodique d’un Anata ou la force de frappe d’un Vader. « Soul Rot » est tellement varié et pétri de qualités qu’il plaira à n’importe quel fan de métal de la mort quel que soit son background. Définitivement l’une des plus belles surprises de 2013 si ce n’est la plus belle. Vivement un album !
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