Flourishing - Intersubjectivity
Chronique
Flourishing Intersubjectivity (EP)
Les EPs sont souvent les parents-pauvres des discographies où ils prennent place. Perçus comme des à-côtés frustrants, balancés aux fans laissés dans l'attente de quelque chose de plus consistant, ils paraissent accessoires. Mais certains groupes se servent de ce format particulier comme une occasion de taper directement là où les albums vont et viennent. « Straight to the point », au point que les longues-durées deviennent des bavardages en comparaison.
C'est le cas pour Intersubjectivity. Les New-yorkais m'avaient déjà intrigué avec le chaotique The Sum Of All Fossils, premier album à situer entre le death metal alambiqué de Gorguts et la sauvagerie d'un Pig Destroyer. Seulement, ses diverses influences étaient trop lisibles pour placer Flourishing au même rang que d'autres grands noms du death bac+5. Leur essai de 2012 inverse la tendance, rendant les Ricains maîtres de la dissonance et des atmosphères d'outre-espace, où les liens pouvant se sentir entre Deathspell Omega, Gorguts, Chaos Echoes, Ulcerate, Portal ou encore Mitochondrion deviennent pleinement lisibles. Une œuvre « totale » qui, en à peine vingt minutes, présente ce que ces formations peuvent contenir d'envie commune à bouffer les planètes, détruire les idoles, manipuler de leurs mains expertes les expériences mystiques, chimiques et infernales qui nous conduisent à leur écoute.
Mais ce n'est pas tout. Flourishing, avec sa simplicité de bourrin qui rendait ses essais précédents intéressants malgré quelques maladresses, parvient à transformer ces free party laissant la tête dans un étau comme quelque chose d'évident, d'inévitable à être aussi accrocheur. Pas besoin d'écouter et réécouter pour se faire broyer par Intersubjectivity : son immédiateté est telle qu'elle donne envie de le ranger aux côtés de ces adeptes du concassage des masses que sont Godflesh ou Today Is The Day (rien que ça). Ainsi, si les morceaux le composant possèdent leurs moments forts (à l'exception peut-être de « The Petrifaction Lottery », un poil moins impressionnante que le reste), c'est en un bloc de violence constante que se prend l'ensemble, tant celui-ci est épatant de fluidité dans son voyage au sein du Warp.
Bien qu'il serait sans doute exagéré de parler de groove le concernant (ou alors celui d'une tronçonneuse), la grande victoire de cet EP n'est pas de donner envie de goûter à la terreur cosmique en même temps que ses céréales (bien le seul disque de ce genre que je peux écouter dès le réveil) mais d'être d'une telle clarté, d'une telle précision dans ses hallucinations, que sa barbarie continue donne l'impression d'assister à un jam en Géhenne. Devant l'exercice d'équilibriste de Intersubjectivity, cette chronique ne pouvait que se perdre dans la mélasse d'un name-dropping écœurant (le signe que Flourishing est finalement unique). Retenez donc essentiellement ces conseils : avant de vous y essayer, prenez une longue inspiration – la dernière avant un moment – et retenez trois mots.
Déchaîner les enfers.
| lkea 21 Juin 2014 - 3023 lectures |
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