Musk Ox - Woodfall
Chronique
Musk Ox Woodfall
Musk Ox, ça ne vous dit probablement rien. Au mieux, les sonorités de ce nom vous évoqueront un déodorant pour homme vendu en grande surface. Pourtant ce projet canadien formé en 2005 par le guitariste Nathanaël Larochette commence sérieusement à faire son trou dans la forêt enchantée du folk. Pour preuve, Agalloch ne s'y est pas trompé puisqu'en pleine panne d'inspiration sur son dernier opus "The Serpent & The Sphere", les Orégonais ont fait appel aux talents d'écriture du fondateur pour leur composer 3 interludes acoustiques, relevant grandement un niveau de composition bien fadasse. Après quelques démos et apparitions sur diverses compilations, le combo sort ce second album sobrement intitulé "Woodfall", un long travail de 5 ans, acharné et dévoué. Et croyez-moi, ça s'entend.
Difficile de faire plus abrupte dans le genre que cet opus. Une pièce de plus d'une heure découpée en 5 parties, des structures alambiquées qui ne se répètent guère, un folk minimaliste totalement instrumental, l'avenir de cette oeuvre sur Thrashocore se présentait mal. Pourtant il aurait été dommage de s'arrêter sur ces considérations tant "Woodfall" a à offrir. A l'heure des sorties surproduites, le plus déroutant peut-être au premier abord, c'est la simplicité avec laquelle Musk Ox délivre sa musique. Nathanaël (guitare), Raphael (violoncelle) et Evan (violon), vous n'entendrez qu'eux, parfois à tour de rôle, souvent ensemble. Pas 3 Nathanaël, ou 6 Raphael ou un orchestre de Evan, juste 3 instruments, sans aucun artifice à l'exception de quelques arrangements de tierce par-ci par là. Tout repose sur l'équilibre du trio, la beauté des mélodies et surtout leur harmonie. Et comme si cela ne suffisait pas, l'audace de nos Canadiens ne se cantonne pas à créer des instants isolés. Attendez-vous à un véritable voyage à travers les contrées sauvages de leur pays : ces cinq parties forment un ensemble insécable variant les atmosphères et les paysages, incroyablement riche, incroyablement dense. A l'image de ce qui l'inspire, "Woodfall" est à la fois humble et majestueux, d'une splendeur qui semble innée, si naturelle que chaque note n'est qu'évidence. Et s'il faut du temps pour traverser et mémoriser toutes ces saisons, la plénitude dans laquelle cet album vous plonge du début jusqu'à la fin sera comme autant d'invitation à y retourner.
Cependant, malgré l'impressionnant travail de composition, l'incontestable complicité de ces trois musiciens et leur musicalité, "Woodfall" laisse parfois une petite amertume liée à sa mise en oeuvre. Le cul entre 2 chaises, le groupe n'arrive pas toujours à trouver le juste dosage en terme d'intensité. D'un côté, les passages les plus nerveux manquent souvent d'une puissance que nos 3 instruments n'arrivent pas à délivrer. A l'inverse, d'autres plus calmes mériteraient plus de sobriété car le fait qu'aucun instrument ne s'arrête pour laisser s'exprimer les autres surcharge inutilement des mélodies dont la beauté se suffit à elle-même. Pas de quoi casser la magie mais assez pour laisser entrevoir un futur encore plus convaincant. Quoiqu'il en soit, Musk Ox n'a pas besoin de plus pour se montrer digne de siéger aux côtés de ses pairs, une valeur sur laquelle il faudra compter au moins autant qu'un Tenhi ou un Empyrium. Ecoutez un extrait, regardez l'artwork et vous verrez peut-être les canards bouger.
| Dead 21 Septembre 2014 - 1085 lectures |
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