La grande spécialité des formations de
néo metal, c’était de savoir démarrer leurs albums avec des morceaux chocs : « Blind », « Bored », « Juste Like This » (même si moins impactant que « Nookie »), « Suite-Pee », « Dig », les exemples sont légion et « Loco », qui ouvre ce premier LP éponyme de
COAL CHAMBER ne déroge pas à la règle. Accompagné par un clip complètement cintré puis découvert pour ma part en 1998 sur une scène espagnole (à Pampelune je crois) en ouverture de
SOULFLY,
SLAYER et
BLACK SABBATH, tous les ingrédients étaient réunis pour transformer le quatuor en la nouvelle sensation venue d’Amérique : un
look excentrique, une bassiste canon, des tresses, des baggys, des cheveux teints, beaucoup de piercings, beaucoup de tatouages, il n’en fallait souvent pas plus pour devenir une vedette.
Sauf que l’étiquette de sous-
KORN, ou tout du moins de sa version clownesque, lui colle à la peau. Parfois à juste titre (« Oddity » ou le riff mimétique d’« Unspoiled ») mais, globalement, si l’on occulte le jeu de basse et ce son râpeux de guitare qui étaient de toute façon l’apanage de tous les musiciens de l’époque, il faudrait alors reconnaître que la bande à
Dez Fafara possède sa propre singularité en dépit du recyclage d’éléments convenus. Ce qui marque surtout ces quatorze titres, c’est leur incroyable sens du
groove, chacun contenant au moins un passage qui fera sauter au plafond, sans parler la gouaille du vocaliste : la montée en puissance progressive de « Bradley », le simplissime « Big Truck » qui pousse à la gesticulation incontrôlée, « Sway » bien entendu, morceau que tu retiens à vie dès la première écoute, « Clock », voilà pour un premier niveau de lecture de «
Coal Chamber » : un disque barré mais jovial, que tout le monde possédait au point qu’il était impossible de participer à une soirée sans se bouffer au moins une fois « Loco ». Ok, tout le mode voulait avoir l’air
cool, c’est bien légitime.
Seulement, il y a une vraie épaisseur derrière la guignolade et le problème de ces formations misant énormément sur l’esthétique, c’est que l’auditeur s’arrête souvent à cela et ne descend pas plus bas. Pourtant, il existe « First ». Une chanson en retenue, tendue, dotée d’une mélodie lugubre, sobre, qui détonne fortement dans cet univers de Beetlejuice tout en y tenant parfaitement sa place. Elle ne peut certes pas s’empêcher d’exploser de temps à autre, elle n’en dévoile pas moins ce qui adviendra sur les sorties suivantes : davantage de profondeur, de mélodies, comme si finalement ce premier jet n’était qu’un chemin facile, immédiat, de rapidement être connu et d’obtenir les moyens des réelles ambitions musicales, ce que ne pourra pas réfuter «
Chamber Music », un LP ambitieux quasi parfait (si ce n’est l’horrible « Shock the Monkey »), murement travaillé dans ses idées, ses arrangements et qui, comme souvent, décevra une bonne partie du public initial de par ses orientations enfin extraites de l’adolescence paumée.
Le final « Pig » contribuera également à ouvrir le groupe sur des horizons moins simplistes que le frontal « Loco », dont il est le pendant opposé : plus complexe, avec une introduction prenante qui laisse l’auditeur entrer dans la danse à son rythme plutôt que de venir le chopper par le col pour le balancer de force dans le
pit, conclusion de huit minutes parfaite pour un disque trop inégal qui ne résiste pas même à la nostalgie et auquel, à ce jour, je préfère ces petits-frères.
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