Suis La Lune - Quiet, Pull The Strings!
Chronique
Suis La Lune Quiet, Pull The Strings!
Comment définir proprement « Quiet, Pull The Strings ! » ? Pas simple comme question tant ce premier disque des Suédois de Suis La Lune est complexe, beau et culte à la fois. Enfin « culte », ça veut tout dire et rien dire, de plus on ne sait vraiment jamais qui décide de ce qui l'est. Toutefois, ce qui est sûr c'est que ce petit là a une place à part dans le cœur des amateurs du genre. Cette première livraison du groupe qui entre tranquillement dans sa dixième année d'existence est avant tout un album conceptuel. En témoigne dès le début du disque ces chants d'oiseaux que nous retrouverons une dernière fois avant le silence final. Déduction faite de cette ouverture/fermeture étudiée et aussi du patronyme de la formation, le constat est éloquent : « Quiet, Pull The Strings ! » est la nuit. Bon, vous allez me dire que ce n'est pas forcément original dans les thèmes abordés mais tout de même, le propos est judicieux puisqu'il est axé sur une vision temporelle et chronologique. Il est donc « une nuit », plutôt que la nuit. On écoute ici comme on ferait une relecture moderne d'un conte oublié.
Dans son Screamo directement hérité des anciens du genre, Suis La Lune injecte une grosse influence Post-Rock à grand coups de guitares atmosphériques servant à diluer les assauts de fureur présents dans chacun des titres. « Utter Silence Is Fragile », premier morceau de l'album – si l'on excepte la courte introduction – confirme directement le propos du quintet et nous crie en pleine tête que la recette développée ici sera simple, efficace et gorgée d'émotions. Le lacrymal, voilà ce qui pré-occupe les cinq comparses. À tel point qu'on a l'impression en écoutant cette formidable odyssée nostalgique que les passages les plus violents ne sont présents que pour introduire le quota de sentiments à exprimer. Une impression qui se confirme d'ailleurs à l'écoute des autres travaux de la bande, le non-moins excellent « Riala » en tête et qui finira par former la « patte » Suis La Lune.
Même sur ses titres les plus courts et abrasifs, « Quiet, Pull The Strings ! » ne peut s'empêcher d'être simplement et magnifiquement touchant, comme sur cet incroyable final plein de désespoir et regrets sur « This Hearts Easily Tears ». Amusant également de constater comment l'ambiance varie sur le milieu du disque, proposant des instants et des riffs presque réjouis, comme des étincelles d'espoirs perdus et luisants dans toute cette tristesse. Le morceau éponyme ou encore « Eris Flies Tonight » sont de très bonnes illustrations de ces quelques passages furibonds et discrets où quelques rayons de lune semblent percer l'épaisse couche de nuages et révéler quelques souvenirs où l'on effleurait de nos lèvres le bonheur. Si Suis La Lune peut sembler en colère, ces instants plus doucereux prouvent que le propos général n'est pas agressif. Non, simplement amère et mélancolique.
On pourrait presque diviser cet opus en deux parties : la première, schizophrénique et tournée vers le passé, alternant les phases de pleurs et les instants d'énervement ultime serait composée de tout les titres excepté le final. Le dernier titre lui constituerait l'accalmie, l'espoir et la réflexion, le tout en contemplant l'aube, notamment au travers de ses accents Emo et de son sublime final Post-Rock. D'ailleurs, s'il ne fallait retenir qu'un seul morceau pour vous convaincre, ce serait sans doute « My Mind Is A Birdcage », assurément dans mon panthéon personnel des meilleurs titres screamo et probablement tout aussi respectable pour bon nombre de fans ayant écouté ce titre jusqu'à plus soif.
D'aucun diront que Suis La Lune n'est bon qu'à chialer. C'est vrai et c'est justement ça qui en fait un groupe si profond et qui lui permet de gravir une montagne d'émotions. Seulement, l'avantage, c'est qu'escalader cet immense sommet n'est pas une mince affaire et l'on se prend à vivre les difficultés, les remises en questions, les doutes et les épreuves. C'est dans cette ambiguïté où tout semble facile et bizarrement insaisissable que « Quiet, Pull The Strings ! » brille, émerveille, atteint sa cible et absorbe votre âme, la recrachant transformée à la fin de ces dix titres tous aussi sublimes les uns que les autres.
Ode à la nature et à la contemplation passive tout autant qu'à la beauté, la tristesse de la condition humaine et les convulsions incontrôlables, cet album synthétise tout le propos du terme « émotionnel » formant la base du style musical pratiqué par le groupe. Nous sommes devant le screamo le plus pur, celui qui touche les cieux du doigt et reste pourtant embourbé dans une terre moite et collante. Il ne reste plus qu'a apprécier et à espérer du bon pour le retour hypothétique de Suis La Lune un beau jour... Ou plutôt, un beau soir.
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