United Nations - The Next Four Years

United Nations, c'est du Screamo. Mais bon, balancer ça comme ça, c'est aller un peu vite en besogne. Il serait déjà de bon ton de préciser que le groupe, formé de quelques « stars » du milieu Hardcore, ne se cantonne pas qu'à un seul sous-genre du Screamo. Vas-y que je pioche aussi bien dans Orchid que dans Touché Amoré, tout en allant faire un petit détour par le Japon d'Envy à l'occasion. Beaucoup de Screamo, de Powerviolence et une dose de Post-Hardcore, voilà ce qui caractérise les compositions super-efficaces de ce « The Next Four Years » (en référence à Black Flag) sorti chez Temporary Residence Limited.

On peut franchement dire sans trop se forcer que ce disque envoie la purée. Et pas qu'un peu, il suffit d'écouter le titre d'ouverture quasiment Black Metal pour se rendre compte de la puissance de feu des cinq musiciens. La production est franchement tranchante, à tel point qu'on l'imaginerait sans peine sur un bon vieux disque de 1349. D'ailleurs, vous aurez franchement votre quota de riffs estampillés « découpage de têtes » à la fin de l'album puisque les guitaristes ne lésine franchement pas sur la grosse violence quand ils en ont l'occasion. Le fait que ce Screamo soit si énervé fait penser aux pontes du genre mais également pas mal à l'excellent « Still Waters Runs Deep » de Totem Skin pour son aspect « relecture actualisée du genre ». Bref, on t'enlève ton pantalon et on tape sur tes fesses jusqu'à ce qu'elles soient toutes rouges comme en témoigne ce « Serious Business » qui – en plus de bien porter son nom - met à l'amende un sacré paquet de groupes en terme de tabassage intempestif à la Orange Mécanique.

Il a fort à parier que grâce à son aspect rentre-dedans bien speed, « The Next Four Years » n'aura aucune peine à s'attirer des amateurs de Hardocore ou de Grind. Seulement si ce n'était que ça, il n'y aurait pas de quoi attirer l'attention plus que ça puisque beaucoup de groupes se contentent sans problème d'envoyer le bois sans trop réfléchir par derrière. Seulement voilà, United Nations c'est aussi une kyrielle d'émotions somme toutes assez difficiles à déchiffrer au premier abord mais aussi plus riches les unes que les autres. Pourtant, on s'en rend compte dès le passage au milieu de « Meanwhile On Main Street » qui fait gentiment du pied au géant Envy. Si le choix d’apposer constamment un mégaphone sur la voix peut sembler déroutant quand il s'agit de faire passer des sentiments avec cette dernière, le résultat est pourtant à la hauteur. Non seulement ce choix renforce l'aspect « Powerviolence » contenu dans l'album mais il arrive tout de même à garder les élans vocaux nécessaires à tout bon groupe de Screamo.

« The Next Four Years » peut se lire de différentes manières : un Screamo très agressif, un Black Metal gonflé en mélodies urbaines ou encore un Hardcore Chaotique très porté sur la dépression. C'est cette richesse du propos qui permet bien évidemment au All-Star-Band américain d'accoucher d'un gros morceau. Sous couvert de rendre un hommage sincère à la vieille scène Screamo, United Nations se paye pourtant le luxe de greffer une multitude d'influences hors-sujet mais viscéralement palpables à chaque instant. On pensera bien évidemment à Converge, à Raein, aux suédois de Suis La Lune (sur le break de « Between Two Mirrors » par exemple, ce dernier faisant irrésistiblement penser aux meilleurs instants de « Quiet, Pull The Strings ! ») ou encore aux déjà-cités Envy qui semblent littéralement couler par tous les pores de certains titres (« F#A#S » et son envolée gargantuesque en tête).

Des disques qui savent mixer à la perfection ultra-violence et émotions fortes, il n'y en a pas tant et à coup sûr « The Next Four Years » en est un. En écoutant ce disque, on a comme l'impression que la machine qui martèle avec une métrique usinée au possible a finalement un cœur, des ressentis qu'elle chercherait vainement à nous exposer au travers de quelques instantanés futiles mais bel et bien présents. Ce qui est parfaitement palpable, c'est qu'United Nations ravira les amateurs de sensations fortes en émotions, peu importe au final qu'ils soient plus portés sur Loma Prieta ou sur Pg. 99. Dans tous les cas, « The Next Four Years » saura leur parler et leur apporter les moments qu'ils recherchent en écoutant un album de ce genre. Un disque à conseiller à tous les fans de décharges amères et touchantes.

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