Weedeater - Goliathan
Chronique
Weedeater Goliathan
Vous pourrez lire beaucoup de choses sur Weedeater : que ça ne vaut pas Buzzov-en, que c'est chiant, que c'est bon car c'est con, que c'est à ranger avec Bongzilla (raison pour laquelle je ne me suis véritablement intéressé au groupe que depuis peu, appréciant peu la formation de Michael Makela), que c'est lourd et gras comme tout autre groupe de sludge, que non non c'est pas du sludge mais du stoner voyons et possiblement d'autres patatis proférés par d'autres patatas.
Mais ce que vous lirez peut-être moins (qui est en tout cas trop peu présent dans ce que j'ai pu compulser sur le sujet) est que Weedeater est un groupe avec en vérité énormément de personnalité. Oui. Bizarre même, et pas seulement en raison de l'incompréhensible artwork de Goliathan n'indiquant en aucun point la musique qu'il habille. En effet, quel autre groupe de sludge peut se targuer d'avoir un début comme « Processional », à l'idiotie apparente révélant à qui veut bien la dépasser une touche recueillie, gospel de soiffard maussade ? Qui d'autre possède cette voix outrancière, barbouillée et pourtant posée, paraissant plus adaptée à un groupe de black metal ambient voguant dans son propre univers imaginaire ? Ces guitares puisant leur essence à la fois dans le sludge le plus lové sur soi, le doom autoritaire et solennel (« Bow Down » la bien nommée), le punk le plus fiévreux (« Bully ») et le blues, grand dénominateur commun omniprésent durant ces trente-trois minutes ? Personne. Seulement Weedeater.
Un mélange lumineux et ancestral expliquant pourquoi Goliathan s'apprécie particulièrement dans les moments les plus calmes et embrouillés, les matins où l'on se réveille enfin, grincheux, meurtri de la veille, mais au soleil. Ces instants où le rêve termine son histoire dans le réel, trouvant sa fin dans ce sludge si simple qu'il semble vieux comme le monde. Certes, tout n'est pas parfait dans ces terres-ci de Weedeater – And Justice For Y'All reste indétrôné, en raison d'un trio de fin où les Ricains rabâchent et ennuient – mais cette magie ancienne est si bien tenue, si modestement doom (la sabbathienne « Claw of the Sloth »), qu'elle suffit à se voir vieux paysan rongé par l'alcool et la mélancolie, sous un été de plomb faisant grimacer entre deux mauvaises blagues où l'on trouve à ricaner, bienheureux, mesquin, lointain et royal, jusqu'à survoler son rocking chair pour ne plus qu'entendre son bois grincé au loin.
De quoi, quand on est bien disposé, excuser ce final plat, vu alors comme une piste d’atterrissage permettant de reprendre plus aisément le cours normal des choses. Car Weedeater, encore une fois, n'est pas un groupe de sludge comme les autres. Il est le sludge tel que je le figure quand je pense à lui de loin et que je ne rencontre pas quand j'écoute une de ses nombreuses créations. Weedeater : le sludge des songes.
| lkea 3 Juin 2015 - 1321 lectures |
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