Si on regarde en arrière, et qu'on cherche à voir un peu les « modes » dans le Metal, on fixe clairement les mouvances : Heavy traditionnel fin 60, NWOBHM fin 70 début 80, Thrash dans les 80's, Death/Black ensuite, grosse émergence du Neo en 90-2000, renouveau avec la scène Metalcore et Melodic Death dans la décennie 2000 et, à l'approche de 2010, le Djent s'impose comme la grosse tendance qui a foutu une claque à pas mal de monde.
On se retrouve en 2016, posé devant son pc ou son poste CD, à se dire : « Mais merde, on a que ça maintenant, du Djent à deux balles avec un growl de bas-étage et des refrains mélo ? » Alors celui qui veut du neuf cherche, le vague à l'âme, ce qui pourra être ce nouveau « groupe qui voit dans le futur ».
Pour le moment, rien à signaler, je crois.
Alors si on ne peut pas encore faire du neuf, certains groupes se décident à piocher à droite à gauche, à faire la cuisine à leur façon, histoire de montrer qu'on peut toujours foutre la misère à ceux qui ne sont pas prêts et qui s'endorment avec un bis repetita d'un style sur-représenté.
L'un de ceux-là, c'est Atlantis Chronicles.
Auparavant nommé « Abyss », ce groupe annonce directement son thème : les fonds marins. Parce que finalement, ça reste inquiétant, on n'y connaît rien, et c'est toujours un territoire d'histoires fantastiques. Inspirés de Jules Verne, de Lovecraft et de figures scientifiques tels qu'Otis Barton, ils veulent montrer que l'eau, ça peut faire mal et balancer du cataclysme puissance mille.
Hawkwind a sorti « Space is deep ». Atlantis Chronicles, ce serait plutôt : « The sea is everything. »
Et c'est avec ça que s'ouvre Barton's Odyssey. On ne va pas y aller par quatre chemins, puisque eux non plus ne le font pas avec leur musique : cet album est à mon sens la grosse sensation 2016. Parce qu'il y a tout ce qu'il faut, dedans.
La thématique qui sert de fil rouge est celle de l'apocalypse par des flots déchaînés. Chaque morceau est l'occasion de faire une progression dans cette catastrophe. Le premier titre engloutit tout, puis on voyage, on cherche la vérité, on tend à se connaître alors que la mort se rapproche, fatalement. Les textes sont bien vus, avec quelques fulgurances qui foutent bien le moral à zéro : "Shed your pride, tame yourself, Egos must lie down lower". Allez, t'es qu'un homme, tout peut être réduit à néant en un instant.
Musicalement, ça tabasse, le tout avec variété. L'album tente d'explorer tout ce que ce thème de base peut proposer. Upwelling part 1 ne fait pas dans la dentelle, avec un premier growl qui fout des frissons à chaque fois que je l'entends, alors que la seconde partie devient plus mélodique, plus posée. Within the Massive Stream reste implacable, avec ce riff d'intro très aqueux, violent et beau à la fois. On n'oublie pas non plus le superbe Flight of the Manta qui évoque la baleine volante de « From Mars to Sirius » : un animal marin qui reprend les droits sur le monde englouti... L'image est sublime autant que le morceau.
Si on n'est pas convaincu, surtout pour celui qui est bourré de Djent jusqu'à plus soif, il y a toujours I, Atlas qui montre que, non contents de claquer dans le genre du Deathcore ou du Melodic Death, les gars d'Atlantis Chronicles peuvent aussi aligner des riffs Djent pour se la jouer massifs.
Que ressort-il de l'écoute de l'album ? Rien, hormis les ruines encore ruisselantes d'eau de nos tympans qui ont été inondés par un tsunami qu'on n'attendait pas. On reste vissé sur sa chaise, à tenter de comprendre où serait la fausse note ou l'erreur de jugement, voire le petit truc qui nous ferait dire : « Là ça passe pas, là c'est un peu limite ». La fine bouche pourrait signifier que, globalement, c'est bourrin et sans concession. Du coup, le Metalhead plutôt habitué à du Power ou du Heavy devra transiger avec un chant qui lorgne dans le Core assez incisif. À côté de ça, l'aficionado de Metal extrême type Technical Death à la
OBSCURA ou
GOJIRA sera dubitatif face au manque de douceur et de subtilité. Mais, mince, ce serait passer à côté d'un groupe qui a repris de chaque mode depuis les années 2000 ce qui se fait de mieux, tout en faisant quelque chose de jouissif à l'écoute et d'assez authentique pour se dire qu'on n'est pas forcément habitués à ça.
Tu veux un « project album » ? Tu as une histoire pleine d'émotions où la musique est sensible et sait se moduler.
Tu aimes ce qui frappe fort ? Encore une fois, Upwelling.
T'es fan de Melodic Death nouvelle vague ? Teste Back to Hadatopia.
L'écriture est là, la production est au poil et ça fait un bien fou !
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